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Polarisation et radicalisation : six mois pour préparer un débat capital


Le Premier ministre attend les résultats du débat à la Chambre des députés pour établir un plan d’action gouvernemental contre la polarisation et la radicalisation de la société luxembourgeoise. 

Le Premier ministre, Xavier Bettel, veut un débat à la Chambre sur la polarisation et la radicalisation de certains groupes dans la société. Ce ne sont pas les échanges d’expériences qui manquent.

Il y a un mois, le Forum européen pour la sécurité urbaine (EFUS) accueillait un nouveau membre : la Ville de Luxembourg, représentée par sa bourgmestre, Lydie Polfer. L’EFUS qui existe depuis 30 ans et rassemble 250 villes membres se présente comme le seul réseau européen de collectivités territoriales dédié à la réflexion, à la coopération et au soutien des élus et de leurs équipes en matière de sécurité urbaine.

La première ville luxembourgeoise y a fait son entrée, signe de mauvais temps. Ses problèmes à gérer la situation dans la capitale, en particulier dans le quartier de la gare y sont certainement pour quelque chose. Autre signe de mauvais temps, la proposition du Premier ministre, Xavier Bettel, d’organiser un débat de consultation sur la polarisation et la radicalisation de certains milieux de la société luxembourgeoise.

Il avait émis ce souhait au cours de sa déclaration à la Chambre des députés après les manifestations anti-mesures sanitaires qui avaient largement débordé. «Le gouvernement est résolu à prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter contre les phénomènes de la polarisation et de la radicalisation de certains milieux de la société luxembourgeoise», disait-il.

Le gouvernement se donne six mois pour préparer le débat, après avoir consulté des experts et la société civile. Il pourra aussi s’appuyer sur l’expérience de l’EFUS à ce sujet, voilà qui tombe bien, Lydie Polfer pourra en parler maintenant qu’elle y a mis un pied.

En effet, le forum européen pour la sécurité urbaine a lancé le projet Bridge sur deux ans et qui vient de s’achever en mai dernier. Bridge pour «Renforcer la résilience pour réduire la polarisation et la montée de l’extrémisme», en français dans le texte.

Son objectif?  Sensibiliser les acteurs locaux et renforcer leur capacité à réduire la vulnérabilité collective à la radicalisation tout en atténuant le phénomène de polarisation.

Quelle en est la définition ? Le Radicalisation Awareness Network (RAN) de l’Union européenne fait référence à «un processus où les groupes de la société deviennent adversaires lorsqu’il y a une division psychologique prononcée entre « eux et nous ».

L’aliénation et les confrontations s’accroissent, ce qui engendre un climat politique où les préjudices, les discours de haine et même les crimes de haine prolifèrent» (RAN 2017). L’EFUS retient cette définition récente de la polarisation, qui désigne selon lui, «la fragmentation croissante de la société en groupes antagonistes et opposés sur les questions existentielles liées à l’avenir de la société».

La polarisation peut potentiellement mener à la radicalisation de certains groupes qui passent alors aux actes violents. Mais selon l’EFUS, 99 % de ceux qui professent des idées radicales «ne passent jamais à l’acte» et ceux qui ont des croyances radicales «ne s’engagent pas tous dans des activités illégales».

Récupération politique

Il n’a échappé à personne, en revanche, que des groupes ou partis politiques y trouvent leur compte et exploitent cette polarisation pour radicaliser le débat politique et, pour certains, encourager la violence.

Il existe une seule réponse pour l’EFUS : la cohésion sociale dont l’effritement est facteur de polarisation. Xavier Bettel a de quoi préparer son débat en potassant toutes les recherches menées dans le cadre de ce projet. Elles arrivent toutes à la même conclusion :

«Lorsque les citoyens ont le sentiment de ne pas être écoutés ni entendus, de ne pas être représentés dans les institutions ou groupes de pouvoir et d’être laissés pour compte par l’économie, ils ont tendance à se réfugier dans des groupes d’opinion fermés qui excluent tous ceux perçus comme autres», écrit l’EFUS.

Il n’est plus seulement question de pro et d’anti-vaccin. Tout se mêle dans la contestation. «La cohésion, ce n’est pas seulement l’absence de haine ou de violence, cela signifie une société où tous ont un droit égal à participer à la vie politique et publique», a déclaré Mette Gundersen, conseillère municipale de Kristiansand en Norvège, lors de la conférence finale du projet Bridge.

Le débat qui se prépare à la Chambre des députés ne passionne pas encore les députés. Mais il pourrait bien être un des plus intéressants de l’année. «Les résultats du débat parlementaire devront faire partie d’un futur plan d’action gouvernemental contre la polarisation et la radicalisation de la société luxembourgeoise», avait également annoncé Xavier Bettel.

Un plan qui est attendu avec impatience. Il reste six mois pour travailler le sujet.

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Geneviève Montaigu

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