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Plan de réussite scolaire : « une effrayante politique de Meisch » pour les enseignants


Le président du SEW/OGBL, Patrick Arendt, n'a pas mâché ses mots à l'encontre de la politique du ministre de l'Éducation nationale, Claude Meisch. (Photo Julien Garroy)

Le syndicat SEW/OGBL a mené son enquête concernant le Plan de réussite scolaire et son successeur, le «PDS» : il en ressort que 86% des enseignants sont contre.

Exaspéré par les politiques d’éducation mises en place, qui mènent actuellement «au chaos et ce, sur différents points», le syndicat SEW/OGBL a décidé de prendre le taureau par les cornes. Et de s’attaquer, en premier lieu, à la question du Plan de réussite scolaire (PRS), qui a vocation à être remplacé par le Plan de développement de l’établissement scolaire (PDS). Concrètement, selon la loi l’ayant instauré, le PRS est «une démarche participant au développement de la qualité scolaire (…) le PRS contribue à donner une identité à l’école qui fait partie intégrante de la communauté».

En clair, «il s’agit d’une plateforme intranet, sur laquelle se connectent les acteurs», a précisé le président frondeur du SEW/OGBL, Patrick Arendt.

«Symbole d’une politique néolibérale»

Sur la base des résultats ressortant d’une enquête lancée par le syndicat, au sujet du passage de témoin entre PRS et PDS, le chef de file du SEW/OGBL est catégorique : «Le système d’évaluation introduit en 2009 n’a jamais été évalué, n’a profité d’aucun échange entre acteurs du terrain.»

Le PDS, de son côté, ne vaudrait pas mieux, et Patrick Arendt ne se prive pas d’évoquer «une contradiction entre les dires du ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, parus dans la presse, et ce qu’est la réalité des enseignants, sur le terrain». Histoire d’enfoncer le clou, Patrick Arendt va jusqu’à dénoncer «une effrayante politique du ministre Meisch» et dans un éditorial, publié dans le cadre d’une édition spéciale du SEW journal et intitulé «Symbole d’une politique néolibérale», le président du syndicat tient à mettre les points sur les i.

D’après lui, en effet, le «développement scolaire» doit être mené au niveau national, au risque de devoir composer avec une forme de «ghettoïsation» des différents établissements scolaires. Par ailleurs, Patrick Arendt et la grande majorité des enseignants sondés estiment que le PDS n’apporte «aucune plus-value», mais qu’au contraire il aurait «un effet négatif sur les écoles». Toujours d’après Patrick Arendt, le PDS serait «un instrument complètement perverti et frustrant» qui ne laisserait plus de place à l’autocritique. «Le développement scolaire n’est pas un instrument destiné à évaluer les enseignants. (Si le PDS) enfreint cette règle, alors il perd sa raison d’être et se pervertit en un document au sein duquel les écoles et les enseignants veulent – ou doivent – se juger eux-mêmes», s’indigne Patrick Arendt, dans l’éditorial précité.

Dans ce cadre général délétère, le président du SEW/OGBL estime que l’ambiance s’est dégradée depuis l’arrivée du PRS dès 2009 (NDLR : sous la ministre Mady Delvaux-Stehres).

«Contre-productif et cause de burn-out»

Il est également d’avis que les enseignants doivent être intégrés dans le processus et s’insurge sur un point bien précis : «Plus de 50% des enseignants interrogés dans le cadre de notre enquête estiment que les PRS et PDS sont une perte de temps (…) Comprendre qu’il s’agit là d’une cause de burn-out», décrit encore Patrick Arendt.

Par extension, ce dernier qualifie d’«inacceptable» le fait que «des enseignants bien formés soient déchargés de leurs tâches habituelles, afin d’avoir le temps de participer au PDS, tandis que des chargés de cours, moins qualifiés, se retrouvent à devoir effectuer ces tâches en question». Bref, la coupe est pleine pour le syndicat, qui appelle le gouvernement à abolir ce système «contre-productif» et à ne pas se focaliser uniquement sur la culture de la performance à tout prix et sur les résultats annuels des études PISA.

Enfin, le syndicat revendique que les pouvoirs publics se penchent, à l’inverse, sur la mise à disposition de davantage de ressources pour le travail sur le terrain en vue d’ «un véritable développement scolaire, en collaboration avec les enseignants, mais aussi avec l’université du Luxembourg».

Claude Damiani

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