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Migrants : Asselborn décidé à agir


"Il est nécessaire d'avancer sur ces dossiers, mais certains pays restent très réticents" a souligné Jean Asselborn (Photo : DR)

Le ministre des Affaires étrangères a reçu mercredi un large soutien de la part de la Chambre des députés pour intensifier la politique d’immigration européenne.

La présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE s’investira pleinement pour apporter une réponse adéquate et cohérente à la crise humanitaire en Méditerranée. C’est en somme la promesse faite mercredi par le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, lors du débat sur les drames ayant coûté la vie à des milliers de migrants depuis le début de l’année.

En marge du sommet européen, la semaine dernière à Bruxelles, le président du Parlement européen, Martin Schulz, avait déjà annoncé «miser sur le Luxembourg» pour avancer vers une véritable politique d’immigration européenne. Mercredi, Schulz a aussi reçu le soutien du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker qui, face aux eurodéputés, est enfin sorti de son long silence sur la question en plaidant pour un système de quotas pour la répartition équitable des migrants et réfugiés parmi les États membres de l’UE. De plus, l’ancien Premier ministre luxembourgeois a sévèrement critiqué l’insuffisance des mesures décidées la semaine dernière par les chefs d’État et de gouvernement.

Avec cette constellation, le Grand-Duché pourrait effectivement jouer un rôle clé dans la deuxième moitié de l’année. Et le ministre Jean Asselborn a présenté dès mercredi des pistes sur lesquelles il souhaite avancer. Parmi ces dernières figure l’introduction d’un visa humanitaire pour renforcer l’immigration légale vers l’UE. Des réformes de la carte bleue européenne ainsi que des visas pour chercheurs et étudiants sont d’autres pistes lancées mercredi. «Il est nécessaire d’avancer sur ces dossiers, mais certains pays restent très réticents», a souligné Jean Asselborn tout en critiquant la passivité affichée par différents membres de l’UE. Lors du débat qui a suivi la déclaration du chef de la diplomatie luxembourgeoise, les intervenants des quatre grands partis (DP, LSAP, déi gréng et CSV) ont à leur tour fustigé le manque d’engagement financier mais aussi humanitaire d’États comme le Royaume-Uni.

«Jouer au cow-boy ne suffira pas»

«Il ne faut pas se voiler la face. Sans les récentes tragédies en Méditerranée, il n’y aurait pas eu de sommet extraordinaire et aussi pas ce débat à la Chambre […] Cela suffit, désormais il faut agir», a ainsi clamé Marc Spautz (CSV). Marc Angel (LSAP), Gusty Graas (DP) et Claude Adam ont tous tiré dans le même sens, en appelant les dirigeants européens à intensifier leurs efforts pour résoudre cette crise humanitaire.

L’option de bombarder les bateaux et chalutiers servant aux passeurs en Libye n’est d’ailleurs pas au goût d’une large majorité des députés siégeant à la Chambre. Pour sa première intervention officielle à la tribune de la Chambre, le député déi Lénk David Wagner (lire également ci-dessus) aura trouvé les mots justes : «Jouer au cow-boy ne suffira pas. Cela n’amènera pas de changement car, tant qu’il y aura des migrants, il y aura des passeurs. Et ces bombardements pourraient produire bien des dégâts collatéraux avec notamment les pêcheurs qui risquent des pertes importantes.»

Fernand Kartheiser et son parti ADR étaient finalement les seuls à ne pas partager l’analyse globale. «Si notre devoir humanitaire nous impose d’aider à sauver ces vies, il ne faut pas oublier que les gens qui paient entre 5 000 et 10 000 dollars aux passeurs ne sont pas si mal lotis. Il est donc préférable qu’ils restent dans leur pays pour aider à le reconstruire.» Après cette réflexion, plusieurs députés ont quitté la salle.

David Marques