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«Mieux protéger la biodiversité face à l’agriculture»


De g. à d. : François Benoy (président de l’Observatoire de l’environnement naturel), Rainer Oppermann (IFAB) et Nadja Kasperczyk (FIBL). (photo Julien Garroy)

L’Observatoire de l’environnement naturel a présenté lundi une étude qui édicte plusieurs mesures en vue de davantage de biodiversité pour l’agriculture nationale, dans le cadre de la transposition de la future PAC.

La prochaine mouture de la politique agricole commune (PAC) prévoit de laisser davantage de marge de manœuvre aux États membres concernant la transposition de leurs politiques agraires. Une aubaine que l’Observatoire de l’environnement naturel compte bien saisir pour faire entendre sa voix par rapport à la future stratégie nationale qui s’y rapporte, de même que par rapport à la prochaine loi agraire, en vue de faire évoluer le statu quo.

Sur la base des éléments contenus dans une étude, commandée par l’Observatoire de l’environnement naturel à deux instituts étrangers – l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FIBL) et l’Institut pour l’agroécologie et la biodiversité (IFAB) –, il est question de profiter de la nouvelle liberté concédée par la PAC. En effet, pour rappel, les mesures et stratégies de l’UE doivent atteindre les objectifs du Green Deal, la nouvelle stratégie de croissance de l’UE. Dans ce contexte, la stratégie vise notamment à promouvoir le développement de systèmes alimentaires durables en Europe, à réduire la dépendance aux pesticides et aux antibiotiques ou encore augmenter la part de l’agriculture biologique et préserver mais aussi augmenter la biodiversité.

Allier agriculture et biodiversité

Dans sa présentation, Nadja Kasperczyk (FIBL) a notamment souligné le fait que dans le paysage agricole luxembourgeois 84 % des habitats verts de prairie sont de mauvaise qualité. «Les oiseaux des champs qui étaient autrefois communs (les petits hiboux et les perdrix, par exemple) sont, entre autres, en voie de disparition. La biodiversité du paysage agricole est en très mauvais état. L’amélioration de la qualité de l’eau, notamment en réduisant les apports de nitrates et de pesticides, ainsi que la réduction des émissions de méthane et d’ammoniac constituent des enjeux environnementaux majeurs au Luxembourg; la biodiversité doit mieux être protégée», précise Nadja Kasperczyk. Selon l’étude des deux instituts allemands, la gestion intensive des terres est l’une des principales raisons à ces mauvais résultats concernant la biodiversité. Concernant l’agriculture bio, celle-ci couvre actuellement quelque 5,18 % de la surface agricole exploitée nationale, ce qui est considéré comme insuffisant par les différents orateurs, en sachant que l’objectif du gouvernement est de 20 % d’ici l’an 2025

Au niveau des mesures préconisées, celles-ci devraient, selon les représentants de l’Observatoire de l’environnement naturel, être intégrées dans le plan stratégique gouvernemental relatif à la PAC. Dans ce cadre, les deux instituts insistent sur le fait que les futures mesures, destinées à protéger la biodiversité, devraient être conçues de manière à bénéficier à la fois aux agriculteurs et à la protection de l’environnement et atteindre une part pertinente de la superficie agricole. En ce sens, les deux instituts de recherche proposent plusieurs scénarios alternatifs, lesquels représentent comment des éco-régimes (EcoSchemes) et d’autres mesures agroenvironnementales et de protection du climat peuvent être coordonnées, en vue d’atteindre les objectifs climatiques.

En guise de conclusion, le Dr Rainer Oppermann (IFAB), a évoqué deux choses, sans lesquelles rien ne sera possible : «La volonté politique est la base; (il faut parvenir) à une solution commune entre agriculture et protection de la nature», alors que les mesures pour davantage de biodiversité ont été remises hier au ministère de l’Environnement. À noter, enfin, que l’étude fera l’objet d’un webinaire public (le 10 juin à 20h). Rendez-vous sur le site internet de l’Observatoire de l’Environnement naturel, à la date spécifiée.

Claude Damiani

Un observatoire, plusieurs missions

Les principales missions de l’Observatoire de l’environnement naturel sont diverses : «constater l’état de conservation de la diversité biologique, proposer des recherches et études en matière d’environnement naturel, de proposer un programme d’actions concrètes à réaliser par l’État et les syndicats; évaluer les mesures réalisées par l’État et les syndicats, rédiger tous les deux ans un rapport circonstancié sur la politique en matière d’environnement naturel et sur la mise en œuvre de cette politique au niveau étatique et communal, suivre la mise en œuvre du plan national concernant la protection de la nature et saisir le ministre des projets, actions ou mesures susceptibles de promouvoir la protection de l’environnement naturel».

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