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Lycées : la violence reste exceptionnelle


(Photo d'illustration : Isabella Finzi)

Il est rare que la police soit appelée pour intervenir dans un établissement scolaire. Selon Alain Kieffer, c’est parce que le corps enseignant fait le gendarme. L’occasion de demander une prime de risque.

Alain Kieffer est l’ancien vice-président du syndicat enseignant Apess. Il a vivement réagi au comportement violent d’un élève face aux professeurs.

La semaine dernière, la police a été appelée au lycée hôtelier de Diekirch à cause d’un élève qui menaçait le personnel enseignant. «Ce « fait divers » n’étonne aucun enseignant membre d’un lycée technique au Luxembourg», écrit dans la foulée un professeur qui aligne 30 ans de carrière et qui occupait le poste de vice-président du syndicat Apess. De quoi inquiéter.

Il parle des violences comme d’un lot quotidien pour le corps enseignant et du «silence coupable» des «nouveaux syndicalistes». Il estime surtout que les professeurs devraient bénéficier d’une prime de risque «à l’instar de celles accordées à d’autres corps de métiers confrontés à des situations pareilles».
De quelles situations parle-t-il? Des élèves qui pestent quand un enseignant leur demande d’éteindre la cigarette qu’ils fument dans l’enceinte de l’établissement. Cette loi antitabac est décidément difficile à faire respecter et les enseignants qui s’y essaient doivent parfois faire face à «une réaction intempestive dépassant largement le cadre de ce qu’on qualifierait d’acceptable», écrit Alain Kieffer.

Ce rôle de gendarme se répète pour les élèves qui sortent de l’enceinte pendant la récréation, alors que la loi scolaire l’interdit. Là encore, l’enseignant qui lance un rappel à l’ordre doit parfois s’armer de courage. L’ancien vice-président de l’Apess en veut pour preuve l’augmentation des conseils de discipline dans les lycées. Malheureusement, selon le Tageblatt qui a interrogé le ministère de l’Éducation nationale, aucune statistique n’est établie sur le sujet.

«Troubles du comportement»

D’expérience, Alain Kieffer estime que ces conseils sont de l’ordre d’une vingtaine par an dans un lycée de quelque 2 000 élèves, soit 1 % de la population scolaire, alors qu’ils étaient «anecdotiques» il y a 30 ans. «Quand on sait que ces conseils ne sont convoqués que pour des raisons majeures (consommation de drogues, actes de violence, absences non excusées dépassant les 60 heures, etc.), on imagine aisément le nombre faramineux de problèmes « mineurs » (insolences, retards légers, ordures jetées par terre, etc.) dans les écoles…», écrit-il.

Quand on fait l’addition, le tout rend «la vie impossible aux enseignants», témoigne-t-il avant de réclamer une «contrepartie», qui semble associée à une prime de risque, «pour ce sacrifice que font ces enseignants chaque jour et qui est loin de faire partie de leur mission de base», poursuit-il dans sa réaction au fait divers diekirchois.

«Le fait que nos propres nouveaux « syndicalistes » ferment l’œil sur ce désastre n’en atténue nullement les effets dévastateurs. Leur virginité syndicale, évidente dans le chef d’aucuns parmi eux, ne suffit guère à excuser leur silence coupable», conclut-il.

Pas un seul de ces syndicalistes ne s’est senti visé apparemment, car le communiqué de l’ancien président de l’Apess n’a suscité aucune réaction de leur part.
Il existe bel et bien de la violence dans les lycées, même parfois dans les écoles fondamentales. De la violence verbale surtout. Cependant, si les conseils de discipline augmentent, selon Alain Kieffer, la violence, elle, a tendance à diminuer, explique Tom Kugener à nos confrères du Tageblatt. L’éducateur gradué du Centre psycho-social et d’accompagnement scolaires (CPAS) explique cette diminution par le travail de prévention réalisé dans les établissements scolaires. Finalement le fait divers qui s’est déroulé au lycée hôtelier de Diekirch est une exception et, à ce titre, il a capté l’attention des médias.

Ce même éducateur déclare que «la plupart des étudiants sont gentils et respectueux».

Le Quotidien

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