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Luxembourg : une crise «bien maîtrisée» dans les maisons de retraite


«Nous étions à peine sur les radars du ministère avant la crise», souligne toutefois Marc Fischbach, le président de la Copas (Photo : Alain Rischard).

Le président de la Copas, Marc Fischbach, estime que la crise a été bien maîtrisée dans les établissements de soins pour personnes âgées et les maisons de retraite. Cette crise a fait avancer certaines revendications.

L’hécatombe a pu être évitée, même si plus de la moitié des décès liés au Covid-19 concerne des résidents des structures d’hébergement pour personnes âgées. Lundi, Marc Fischbach, le président de la Copas, confédération regroupant la quasi-totalité des maisons de retraite au Luxembourg, a informé que depuis le début de la pandémie il y a six mois 313 personnes âgées sur les 6 000 que comptent les structures d’accueil avaient été atteintes par le coronavirus. Les chiffres jusqu’au 9 octobre recensent 68 décès sur les 130 à déplorer à cette même date. Quelque 200 personnes ont pu être guéries. La grande inconnue demeure le nombre de décès survenus des mois plus tard mais étant à mettre en relation avec le Covid.

Au total, 5 % des résidents ont été touchés, ce qui incite Marc Fiscbach à dire «que la crise a été bien maîtrisée». La Copas, qui tenait son assemblée générale le 26 septembre, en a profité pour analyser les bons et les moins bons enseignements de cette crise. «Cette bonne gestion est à la fois due à l’engagement inlassable du personnel des prestataires et à la bonne collaboration dès le début de la crise avec les autorités publiques», selon la Copas qui, dès le mois de mars, a été associée aux travaux de la cellule de crise au ministère de la Santé.

Si les recommandations ont été bien suivies, il est évident que les droits individuels en ont pâti. Les résidants privés de visites pendant le confinement n’ont pas toujours bien vécu cette expérience inédite, pas plus que leurs familles. Le président Fischbach reconnaît que c’était là «l’exercice le plus délicat». Dans les coulisses du gouvernement, le sujet avait d’ailleurs fait l’objet de quelques passes d’armes entre la ministre de la Santé, Paulette Lenert, et la ministre de la Famille, Corinne Cahen. Un nouveau confinement des personnes âgées dans leur structure d’hébergement paraît exclu aux yeux de Marc Fischbach.
Cette période de crise a néanmoins servi les intérêts de la Copas qui bataillait de longue date pour obtenir le droit de stocker des médicaments d’urgence dans les établissements, ce qui leur était régulièrement refusé. Ce dispositif a permis de réduire les hospitalisations pendant la crise et a été prolongé par la loi Covid.

Un secteur dépendant des frontaliers

Autre avancée qui satisfait la confédération : les gardes des médecins généralistes pendant les week-ends et les jours fériés dans les structures d’hébergement. Là aussi, il s’agit selon Marc Fischbach d’une vieille revendication. Dans ce contexte, une prolongation du système de la continuité des soins avec un projet pilote de deux ans a été signée avec l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD), le ministère de la Santé, le ministère de la Famille et la Copas. Ce dispositif est entré en vigueur le 1er octobre. Un nouvel acte infirmier a également été reconnu depuis la crise.

En fin de compte, la Copas a réussi à avoir une visibilité auprès du ministère de la Santé. «Nous étions à peine sur les radars du ministère avant la crise», estime Marc Fischbach. Un constat surprenant à ses yeux dans la mesure où les établissements pour les personnes âgées représentent selon lui le plus important secteur extrahospitalier et qu’il doit être reconnu comme tel.

Parmi les mauvaises expériences, il y a eu cette bataille menée par la Copas pour intégrer le secteur du handicap aux démarches liées à la crise. «Ce secteur n’a pas été considéré à sa juste valeur et dire qu’il est moins vulnérable est faux», souligne le président. Pour lui, on ne peut pas le séparer des établissements de soins pour personnes âgées. Il reste néanmoins confiant et estime que les autorités ont pris conscience du problème et qu’elles le prendront en main.
Reste que cette crise a également révélé un autre grand souci pour la Copas. Le secteur des soins, qui dépend «largement» du marché du travail frontalier, a été touché par les fermetures des frontières. «Si une nouvelle décision de fermer les frontières doit intervenir, notre secteur ne peut plus fonctionner», prédit Marc Fischbach.
Il insiste pour que cette problématique soit abordée dans le cadre de la «Gesondheetsdësch» (table ronde Santé) et qu’une campagne de sensibilisation soit menée auprès des jeunes pour les orienter vers la prise en charge des soins pour personnes âgées.

Geneviève Montaigu

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