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Luxembourg : l’urgence de tests à l’échelle nationale


La «task force Covid-19» de l'initiative Research Luxembourg a pour objectif, via cette étude scientifique, d'évaluer les dynamiques de la propagation du Covid-19 dans la population luxembourgeoise (Photo : Julien Garroy).

Les premiers résultats de l’étude Con-Vince, dévoilés jeudi, ont clairement montré que les chaînes de transmission du Covid-19 ne pourront être cassées qu’à l’aide de tests à grande échelle.

Ces premiers résultats sont tirés de l’étude Con-Vince, lancée il y a moins d’un mois (lire encadré ci-dessous).
Pour mémoire, celle-ci a été mise en place dans le but d’effectuer des tests de dépistage sur un panel de participants âgés de plus de 18 ans et d’identifier les trois principaux groupes de personnes présentant des symptômes faibles ou nuls, à savoir : les individus non infectés et ne présentant par conséquent pas de symptômes, les personnes infectées mais ne présentant pas ou peu de symptômes, et celles qui étaient infectées mais qui ont entretemps guéri du virus.

Des sujets positifs mais sans symptômes

L’heure était ainsi au premier bilan provisoire de l’étude, jeudi, du côté du campus universitaire de Belval, sur toile de fond de scénarios et de simulations relatifs à la stratégie adéquate de déconfinement, tout en devant également composer avec le spectre d’une hypothétique deuxième vague de contamination.
«Le taux de reproduction net (dit « le Rt ») – qui désigne le taux de reproduction à un moment t donné – est encore, pour le moment, supérieur à 1. Plus précisément, ce taux (de propagation du virus) est actuellement de 1,04», a d’emblée annoncé le professeur Ulf Nehrbass, porte-parole de la task force Covid-19. En vulgarisant ces propos scientifiques, cela signifie qu’une personne infectée par le virus contamine, en moyenne, une autre personne. «Ce taux aurait été bien plus élevé si le gouvernement n’avait pas pris les bonnes mesures de confinement au moment opportun», a encore estimé le professeur.
L’étude Con-Vince révèle également que sur 1 842 personnes testées, jusqu’à jeudi, via un test «PCR» (prélèvements naso-pharyngés), seules cinq ont été positives au Covid-19. Cela dit, ces cinq sujets présentaient des symptômes légers, voire étaient complètement asymptomatiques. «Cela signifie que le taux de prévalence de l’échantillon atteint environ 0,3 %, ce qui correspond à pas moins de 1 449 personnes, âgées de 18 à 79 ans (à l’échelle nationale), qui auraient été infectées par le virus sans qu’elles ne s’en rendent compte car présentant peu de symptômes, voire aucun», selon le professeur Rejko Krüger, chercheur principal de l’étude Con-Vince.
Ces chiffres traduisent ainsi la complexité de casser les chaînes de transmission, étant donné que certaines personnes infectées peuvent en contaminer d’autres de manière involontaire, car ne sachant pas si elles sont porteuses du virus. La nécessité de tests à l’échelle nationale – sur la base du volontariat – et non uniquement sur la base d’échantillons, quoique «représentatifs», a donc ses limites. Rappelons dans ce cadre que la ministre de la Santé, Paulette Lenert, a d’ores et déjà annoncé, le 28 avril dernier, le lancement de 20 000 tests par jour, à partir du 19 mai.

20 000 tests par jour à partir du 19 mai

«Pour ce qui relève des tests sérologiques, les premiers résultats ont montré que 35 personnes testées, sur 1 820, avaient développé des anticorps IgC contre le Covid-19, car leur présence a été détectée dans le sang», souligne encore le professeur Rejko Krüger. Avant, pour lui, de tempérer : «Cela ne signifie pas pour autant que ces personnes soient protégées, voire immunisées, à jamais.» Ces chiffres correspondent à 1,9 % de l’échantillon «représentatif» de la population.
Rappelons que les participants dont le test est positif mais qui présentent des symptômes faibles ou nuls seront suivis sur une période d’un an, de même que les personnes non infectées. Les patients symptomatiques seront, par contre, exclus de l’étude et recevront le traitement habituel.

Claude Damiani

L’étude Con-Vince en bref

Pour rappel, l’étude Con-Vince, lancée le 8 avril, est menée par un consortium d’institutions de recherche luxembourgeoises, incluant le LIH et le Luxembourg Centre of Systems Biomedicine (LCSB) de l’université du Luxembourg. L’institut d’étude de marché TNS-Ilres ainsi que les laboratoires Ketterthill, Laboratoires Réunis et BioneXt Lab sont des partenaires associés de l’étude.
La «task force Covid-19» de l’initiative Research Luxembourg a pour objectif, via cette étude scientifique, d’évaluer les dynamiques de la propagation du Covid-19 dans la population luxembourgeoise. Ce projet s’inscrit dans le cadre de plusieurs initiatives lancées sous l’égide de la task force afin de contribuer à endiguer la pandémie.
Il vise à effectuer des tests de dépistage du virus SARS-CoV-2 sur un panel de participants et à faire un suivi des personnes ne présentant pas ou peu de symptômes. Il devra permettre de générer des données précises sur la transmission de la maladie et aidera ainsi le gouvernement à prendre des décisions basées sur des données scientifiques. En effet, les personnes asymptomatiques – également appelées porteurs sains – et les porteurs présentant de faibles symptômes jouent un rôle important dans la propagation du virus.
Selon le gouvernement, il est essentiel, afin de mettre en place des mesures efficaces pour endiguer la propagation du Covid-19, d’effectuer des tests systématiques sur un échantillon représentatif de la population afin d’identifier tous les porteurs du virus SARS-CoV-2, indépendamment de leurs symptômes.

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