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Luxembourg : les 15 à 24 ans en manque de formations et d’emplois


Alors que le taux de chômage des jeunes est passé de 16,9 % en 2019 à 22,5 % en 2020, le nombre de candidats à une formation professionnelle a chuté à son plus bas niveau depuis 2010. (photo Hervé Montaigu)

Le chômage des jeunes a connu une nette augmentation sous l’effet de la crise sanitaire. La Chambre des salariés souligne l’importance de la formation professionnelle pour renverser la vapeur.

Pas plus tard que lundi, plusieurs acteurs de terrain ont tiré la sonnette d’alarme. La jeune génération souffre de plus en plus de problèmes psychosociaux liés notamment à des soucis d’avenir. Est-ce que je vais réussir à décrocher un diplôme ? Ce diplôme va-t-il me permettre de décrocher un emploi ? Mon revenu sera-t-il suffisant pour pouvoir vivre au Luxembourg ? Les interrogations sont importantes après la première année de pandémie. Et les chiffres bruts dévoilés mardi par la Chambre des salariés (CSL) viennent confirmer qu’il y a péril en la demeure. Le chômage des 16 à 24 ans a connu une nette hausse en 2020. Dans le même temps, la formation professionnelle a pris un coup avec une baisse du nombre de contrats conclus.

Nora Back, la présidente de la CSL, souligne le besoin de briser au plus vite ce cercle vicieux. «Le contexte de crise sanitaire fait que la situation est déjà assez difficile pour les jeunes. Il est de notre devoir de protéger cette génération et de lui garantir une bonne formation professionnelle», précise-t-elle. Les jeunes et surtout le gouvernement et les patrons sont appelés à continuer de miser sur l’apprentissage de plus de 120 professions différentes. Dans ce contexte, la CSL fait état d’une constellation de chiffres inquiétants : alors que le taux de chômage des jeunes est passé de 16,9 % en 2019 à 22,5 % en 2020, le nombre de candidats à une formation professionnelle a chuté à son plus bas niveau depuis 2010.

Un cinquième des postes restent vacants

«Lors des cinq années ayant précédé la crise du coronavirus, une moyenne de 2 263 élèves se trouvaient à la recherche d’un poste d’apprentissage. Lors de l’année de crise de 2020, ils n’étaient plus que 2 062 (-201 ou -8,9 %). En comparaison avec l’année 2019, ce sont même 278 élèves en moins qui ont cherché à décrocher un poste d’apprentissage, soit une baisse de 11,9 %», évoque la note de la CSL portant sur «La situation de l’apprentissage suite à la pandémie du coronavirus».

Plus interpellant encore : le nombre de jeunes cherchant à décrocher un certificat de capacité professionnelle (CCP) a nettement diminué sur 10 ans (309 en 2020 contre 441 en 2011). «Cette chute est d’autant plus inquiétante que le CCP s’adresse aux élèves les plus faibles», avance la CSL. Une tendance semblable est à constater pour le diplôme de technicien (46 en 2020 contre 98 en 2018). Seul le diplôme d’aptitude professionnelle (DAP) garde la cote (1 440 contrats contre une moyenne de 1 489 contrats sur la période 2011-2018).

Avec le nombre moindre de candidats qui ont postulé, ils sont «seulement» 177 à ne pas avoir décroché de contrat. La moyenne annuelle tournait jusqu’en 2019 autour de 300 jeunes restés sur le carreau. Dans le même temps, un cinquième des postes déclarés sont restés vacants en 2020. En comparaison avec la moyenne de 195 postes occupés (2011-2018), il s’agit d’une hausse de 158,2 %. «Il est à supposer que face à la crise, beaucoup de jeunes ont décidé de poursuivre leur cursus scolaire sans prendre en considération une formation professionnelle», conclut la CSL.

Les aides étatiques à prolonger

Dans le cadre de la tripartite de juillet 2020, les partenaires sociaux s’étaient notamment accordés sur des mesures de soutien dans le domaine de la formation professionnelle. Des primes de 1 500, 3 000 et 5 000 euros peuvent être versées aux entreprises accueillant un apprenti. La CSL demande que cette mesure, limitée au 15 septembre, soit prolongée d’une année. Jusqu’au 16 mars, seuls 300 dossiers ont été introduits. Le budget global est de 11,68 millions d’euros.

La CSL réclame en outre le report de deux mois du délai final pour conclure un contrat d’apprentissage et la prolongation du chômage partiel pour apprentis jusqu’au terme de la crise sanitaire.

David Marques

Une offre riche de plus de 200 formations

Au Luxembourg, 122 formations initiales sont proposées. L’orientation se fait au bout de trois ans dans l’enseignement secondaire général (classe de 5e). S’y ajoutent 119 formations dans le cadre de l’apprentissage transfrontalier.

À la base, il existe trois voies de formation :

– le certificat de capacité professionnelle (CCP), 3 ans de formation
– le diplôme d’aptitude professionnelle (DAP), 3 ans de formation
– le diplôme de technicien (DT), 4 ans de formation.

Dans 75 % des cas, la formation professionnelle a lieu en régime concomitant (formation en alternance dans un organise de formation et un lycée). Le régime mixte constitue une option alternative (1 an de lycée, puis passage au régime concomitant). Le régime à plein temps repose sur une formation qui se fait dans un lycée avec des périodes de stage d’une durée totale d’au moins 12 semaines.

En 2019/2020, 6 891 élèves avaient opté pour une formation professionnelle. Quelque 1 680 entreprises ont accueilli au moins un apprenti, dont 104 issus du secteur agricole, 830 issus du commerce, de l’industrie et de l’Horeca et 744 issus de l’artisanat.

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