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Loi Covid : les employeurs face à leurs responsabilités


Le texte est valable jusqu’au 18 décembre et à cette date, le gouvernement appréciera son efficacité. L'opposition promet le chaos dans les entreprises (Photo : Fabrizio Pizzolante)

La loi a été votée par les seuls députés de la majorité. Pour les autres, les nouvelles mesures sont mal pensées et, surtout, elles permettent au gouvernement de fuir ses responsabilités.

On ne l’entend pas, mais une majorité silencieuse au schéma vaccinale complet aspire à retrouver une certaine liberté de mouvement que les anti-Covid Check l’empêchent de gagner. Pour cela, une nouvelle loi covid, la 23e du nom, a été votée ce lundi avec les seules voix de la majorité. Comme prévient Claude Wiseler depuis la tribune de la Chambre hier matin, le CSV s’est prononcé en faveur des deux dernières versions, mais cette fois, il votera contre.

Certes, il partage l’avis du rapporteur perpétuel, Mars Di Bartolomeo, sur la seule conclusion qui s’impose : la vaccination reste la seule voie vers une sortie de crise.

Mais pas n’importe comment et surtout pas en mettant la pression sur la population, en particulier les travailleurs. «Je ne veux subir aucune pression, d’aucune part», déclare Claude Wiseler, avouant être guidé par le seul principe «de santé publique».

Il lit beaucoup sur le sujet et sait les questions qui taraudent bien des esprits parmi le groupe des antipass et des antivax. Des interrogations sur les effets du vaccin, sur les anticorps, sur la nécessité de durcir les contrôles alors que la situation paraît stable. Sans parler de la crainte d’être fliqué à chaque déplacement.

Le député de l’opposition s’inquiète des tensions de plus en plus palpables, qui parfois prennent la forme de menaces. Ce mardi, elles se sont traduites par les huées et les gestes déplacés d’un public ayant pris place à la tribune de la salle plénière. Le chef de file des libéraux, Gilles Baum, venait d’achever son intervention quand l’incident s’est produit. Il a été aussitôt condamné par le président, Fernand Etgen.

Les tribunaux trancheront

Oui, les gens sont «fatigués et usés par 19 mois de pandémie», admet Claude Wiseler, mais il ne faut rien lâcher «car il n’est plus question de stabiliser la situation aujourd’hui mais bien de diminuer le nombre des infections».  La voie empruntée par le gouvernement est donc la bonne, mais la méthode est fort discutable pour le député chrétien-social qui revient sur une campagne qu’il juge «ratée», même si Paulette Lenert s’évertue à livrer par le menu toutes les actions entreprises pour toucher le public.

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Le texte est trop flou en ce qui concerne les droits des travailleurs. Là aussi, le ministre du Travail cette fois, et si un employé n’est pas d’accord avec les conditions d’accès à son travail, qu’il se tourne vers les tribunaux. C’est en gros le message du gouvernement qui laisse les patrons prendre leurs responsabilités. «Celles que le gouvernement refuse de prendre!», accuse Claude Wiseler.

Qu’aurait-il souhaité lire dans le projet de loi? «Des critères précis pour faire observer le régime Covid Check en entreprises, selon que le lieu soit aéré, selon le nombre de salariés dans un lieu fermé, bref on ne peut pas généraliser comme ça le contrôle», estime Claude Wiseler qui n’est pas opposé au Covid Check, mais pas sous cette forme.

Même le Conseil d’État observe un transfert de responsabilité des politiques vers les chefs d’entreprise et d’administrations. «Ce texte est un vrai chaos! On ne sait rien, dans les administrations par exemple, ce qu’il adviendra d’un fonctionnaire qui refuse de se soumettre au test. Sera-t-il suspendu? Renvoyé chez lui? On ne peut pas se contenter de dire que les tribunaux arbitreront», poursuit encore Claude Wiseler.

«Le chantage»

Après lui, l’ensemble des autres députés de l’opposition ont blâmé le gouvernement pour «le chantage» qu’il exerce sur les travailleurs, comme le soulignent Sven Clement (Parti pirate) et Nathalie Oberweis (déi Lénk).

La ministre de la Santé, Paulette Lenert, s’accroche à cette 23e version de la loi covid et fait remarquer que le personnel soignant, après 19 mois de pandémie, n’a pas envie de voir poindre une nouvelle vague d’infections avec des cas plus graves et plus fréquents chez les non-vaccinés. Avec ces nouvelles mesures, le gouvernement espère attirer les derniers récalcitrants vers la vaccination.

«Chaque jour, nous nous rapprochons de l’objectif», indique la ministre. Le gouvernement vise un taux de 80 à 85 % de vaccinés, soit 5 à 10 % de plus. Rien ne dit que ce discours suffise à convaincre les quelques dizaines de manifestants qui ont sifflé face à la Chambre des députés au moment du vote.

Ces nouvelles mesures sont valables jusqu’au 18 décembre.

Geneviève Montaigu

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