Accueil | Politique-Société | L’OGBL s’attaque aux faux cadres du secteur financier luxembourgeois

L’OGBL s’attaque aux faux cadres du secteur financier luxembourgeois


Selon l'OGBL, près de 10 000 salariés sont concernés par cette pratique dans le secteur financier du pays. (illustration Isabella Finzi)

Le syndicat met en cause la pratique des faux cadres dans le secteur financier luxembourgeois. Elle permet de faire sortir des salariés des conventions collectives.

Dans les bureaux de l’OGBL à Luxembourg, Véronique Eischen, membre du bureau exécutif du syndicat Banques et Assurances (SBA), a tapé du poing sur la table. La syndicaliste a souligné son mécontentement face à la pratique généralisée dite des «faux cadres» dans le secteur financier.

Cette pratique consiste à doter un salarié du statut de cadre supérieur, ce qui, au Luxembourg, le fait sortir d’une éventuelle convention collective. Ainsi, le salarié en question est exclu des avantages et des bénéfices des dispositions de la convention collective, comme les heures supplémentaires ou bien le travail du dimanche.

En contrepartie, le salarié au statut de cadre devrait disposer d’un salaire plus conséquent et d’avantages en nature comme une place de parking, une voiture de fonction, etc. Jusque-là, tout semble correct et assez équitable, sauf que le syndicat SBA dénonce une pratique abusive qui selon lui «a uniquement pour but de rendre corvéable à souhait le salaire, qui n’a pas plus de responsabilités de par son statut de cadre, tout en évitant à l’employeur de devoir se conformer aux dispositions légales des conventions collectives comme payer les heures supplémentaires. Au final, ces salariés, les faux cadres, ne gagnent pas vraiment plus en termes de rémunération ou d’avantages.»

10 000 faux cadres dans le secteur

Selon la syndicaliste, près de 10 000 salariés sont concernés par cette pratique dans le secteur financier du pays. «Une pratique qui est tout simplement inacceptable, d’autant plus qu’elle est de grande ampleur. Dans certaines banques du pays, près de 30% des salariés sont dans cette situation», a indiqué Véronique Eischen. Jointe par nos soins, l’ALEBA (Association luxembourgeoise des employés de banque et assurance), le syndicat de référence du secteur financier, a précisé que «ce problème n’est pas nouveau dans la place financière. Depuis longtemps, nous tentons d’attirer l’attention de l’ABBL (l’Association des banques et banquiers du Luxembourg) sur le sujet. Ce problème sera d’ailleurs abordé dans les semaines à venir lors des négociations portant sur la nouvelle convention collective du secteur.»

L’OGBL compte viser plus haut, en demandant une rencontre avec le ministre du Travail, Nicolas Schmit, début janvier afin de demander un durcissement de la législation en vigueur et de prendre à bras le corps ce problème dit des faux cadres.

Dans la foulée, le député Marc Spautz (CSV) a demandé des explications sur le sujet par le biais d’une question parlementaire adressée à Nicolas Schmit, le ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire, et à Pierre Gramegna, le ministre des Finances.

Jeremy Zabatta

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.