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L’Œuvre nationale a distribué une somme record en 2015


Le très bon bilan 2015 a été présenté mercredi par Pierre Bley, président de l'Œuvre (à droite), Carlo Thelen, secrétaire général, et Léon Losch (directeur de la Loterie nationale, 2e à gauche). (photo JC Ernst)

Près de 24 millions d’euros ont été distribuées par l’Œuvre nationale au profit des «bonnes causes» l’an dernier, contre 16 millions en 2014. Un bond qui s’explique par les revenus exceptionnels de la Loterie.

Les associations philanthropiques du Grand-Duché ont eu le sourire en 2015, puisqu’elles se sont partagées 8 millions supplémentaires, grâce à la récupération de la taxe allemande sur le jeu Lotto. De quoi financer davantage de projets dans le domaine social, et de plus en plus dans les secteurs culturel, sportif et écologique.

Jouer, c’est aider. Depuis Noël 1944, tous les bénéfices de la Loterie nationale financent les bonnes causes du pays via l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse Charlotte. D’abord dédié aux victimes de la guerre, qui dépassaient les 5000 dans les années 1950 (seulement 22 aujourd’hui), le fonds couvre désormais un spectre de plus en plus large de projets philanthropiques.

«Sur 1 euro joué, 25 centimes vont aux bonnes œuvres», a ainsi rappelé mercredi Léon Losch, directeur de la Loterie nationale, lors de la présentation du bilan 2015. Une année exceptionnelle puisque la Loterie a enregistré un résultat net de 30,2 millions d’euros, contre 19,8 millions l’année précédente.

Outre la hausse continue de la mise des joueurs (99,2 millions en 2015, +2,8%), ce bond s’explique par la récupération de la taxe allemande sur le Lotto sur les trois dernières années. Soit quelque 9,5 millions glanés en justice face aux loteries rhénane et sarroise par la Loterie luxembourgeoise, qui a fait valoir son statut d’opérateur légal du Lotto au Grand-Duché octroyé en 2013. Une aubaine qui ne se répétera donc pas chaque année.

Lire aussi : Loterie nationale : l’Euro Millions et les Rubbel s’envolent, le PMU dégringole

 

Par ricochet, l’Œuvre a vu bondir son résultat net à 28,8 millions d’euros l’an passé, et la somme allouée aux bonnes causes s’est envolée à 23,8 millions en 2015 (+45%), contre 15 à 16 millions ces dernières années.

Premiers bénéficiaires (inscrits dans la loi), les offices sociaux communaux (4,8 millions, 1/6e du total) et le Fonds national de solidarité (9,6 millions, 1/3 du total) se sont partagés à eux deux la moitié des aides. Les huit autres bénéficiaires «récurrents» se sont vus allouer 5,2 millions, soit sensiblement la même somme que l’année précédente.

On retrouve ici la Croix-Rouge, Caritas, la Ligue médico-sociale, le Comité olympique et sportif, dotés chacun de plus d’un million, mais aussi le Fonds culturel national (600 000 euros) et depuis 2013 l’organisme environnemental natur&ëmwelt (100 000 euros).

Complètement marginales, les rentes aux victimes de la guerre n’atteignent guère plus que 50 000 euros (0,22% du total).

La diversité associative du Luxembourg

Derrière ces grosses «machines» des œuvres sociales, quelque 4 millions d’euros (17% du total) ont été distribués sous forme d’aides ponctuelles à 68 projets en 2015. Et c’est là, dans ce travail de fourmis, qu’on mesure toute la diversité des initiatives associatives au Grand-Duché.

L’asbl ARCUS, spécialisée dans l’accueil des enfants et l’aide familiale, a ainsi pu monter une exposition présentant des modèles de bonnes pratiques au centre culturel de Bonnevoie. Le Centre de documentation sur les migrations humaines (CMDH) a pu quant à lui continuer à structurer sa bibliothèque forte de 13 000 revues sur l’immigration, tandis que l’asbl Graffiti, qui valorise la scène locale sur radio ARA, a pu financer son déménagement sur le site des Rotondes.

Aussi, le projet Sport-Santé a-t-il pu démarrer sa promotion du sport thérapeutique, «encore sous-utilisé» au Luxembourg, comme une arme efficace face à certaines pathologies, a témoigné mercredi le professeur Dan Theisen.

Dans le domaine culturel, le collectif de théâtre Dadofonic, qui regroupe treize artistes professionnels, a pu réaliser sa quatrième pièce, «Watt elo», inspirée du roman de Samuel Beckett.

Aide à l’intégration des réfugiés

Aussi le fonds stART-up, doté par l’Œuvre de 450 000 euros en 2015, a soutenu 27 projets de jeunes artistes qui cherchent à se professionnaliser. Comme l’expo «Response» de Franck Miltgen à Neimënster, ou la pièce «Home Sweet Home» de la metteuse en scène Milla Trausch, sur le thème de l’exil, avec la participation de nombreux réfugiés.

En décembre dernier, l’intégration des migrants a d’ailleurs fait l’objet d’un appel à projets par l’Œuvre, baptisé «mateneen» (ensemble) : de 10 à 15 millions d’euros seront alloués sur trois ans aux projets dans ce domaine. «Il y avait une certaine urgence et c’est un très grand succès », confie Pierre Bley, président de l’Œuvre. « Cent associations de toutes tailles se sont manifestées. Une vingtaine de projets ont déjà été financés, par exemple pour l’apprentissage des langues ou le développement d’activités pour leur donner une raison de vie.»

Aux yeux du président, le réseau associatif luxembourgeois affiche un dynamisme imperturbable : «Ce qui me touche, c’est l’importance que prend le bénévolat dans notre société, alors qu’on nous répète que l’individualisme fait désormais la loi.»

Sylvain Amiotte

Un jardin « communautaire » à Bettembourg

Parmi les projets aidés par l’Œuvre, figure le jardin communautaire «Jaquinotsgaart», lancé en mai 2015 par la MJC de Bettembourg. Sur le site d’un ancien camping en face de la gare, ce jardin «intergénérationnel», ouvert à tous, s’étale sur 22 ares.

«Nous avons un groupe de 12 à 15 personnes, enfants et adultes, qui cultivent ensemble et partagent la récolte», expliquent Carole Belleville et Claudine Fages, les éducatrices à l’origine du projet.

Selon elles, les 5 000 euros de l’Œuvre ont permis de déclencher d’autres financements de la commune et du CIGL et de concrétiser l’opération. «Comme nous avons beaucoup de gens qui vivent en appartement à Bettembourg, c’est un retour à la nature. L’objectif est aussi d’expérimenter des constructions écologiques, avec du recyclage. C’est un contre-pied à la consommation de masse, cela montre aux jeunes qu’il n’y a pas que l’iPhone dans la vie.»

Annexe d’un parc public, le jardin a été adopté par la population : «C’est devenu un lieu de promenade pour les gens, avec des bancs.»

Les personnes intéressées peuvent se rendre sur place le jeudi à 19 h, lorsque se tient la réunion du groupe. L’inauguration officielle aura lieu le 8 juillet.

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