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LNS : nouvelle étape vers «l’excellence»


Le directeur du LNS, le Dr Friedrich Mühlschlegel, entouré du Dr Michel Mittelbronn (à g.) et le Dr Barbara Klink (à d.). (Photo : Julien Garroy)

Le Laboratoire national de santé a décroché une prolongation de quatre ans pour l’exploitation de ses centres de génétique et de pathologie. Malgré d’importantes avancées, un manque de personnel persiste.

Il s’agit d’un exercice «hautement complexe». Tous les jours arrivent au Laboratoire national de santé des dizaines d’échantillons. Ils sont enregistrés, encodés, transmis par une chaîne automatique aux laboratoires où ils terminent sous les microscopes. «Nos collaborateurs se donnent corps et âme pour le bien des patients», souligne le Dr Friedrich Mühlschlegel, le directeur du LNS.

Lundi a été annoncée la prolongation pour quatre ans du mandat pour l’exploitation de deux centres de diagnostic de référence. «La thématique est différente, mais tout aussi importante, même si le Covid-19 nous tient toujours en haleine», note d’emblée le directeur. Le ministère de la Santé a accordé une nouvelle licence pour le Centre national de génétique et le Centre national de pathologie. «Les deux sont complémentaires. Nous visons toujours l’excellence», fait remarquer le Dr Mühlschlegel.

Son sentiment de fierté est cependant accompagné d’une certaine amertume. «Au vu de la charge de travail, la situation au niveau du personnel est insatisfaisante.» Un signal clair est envoyé à la Caisse nationale de santé (CNS) qui finance le travail des deux centres, dont les volumes d’analyses ne cessent d’augmenter. Dans le seul domaine de la pathologie, quelque 200 000 échantillons sont passés en 2019 entre les mains des équipes du LNS. L’activité dans le domaine de la génétique a triplé en 2019 et devrait être quadruplée d’ici fin 2020.

Mais quel est donc le travail effectué par ces spécialistes ? Le Centre national de génétique est une structure mixte clinico-biologique qui assure notamment les tests prénataux non invasifs visant à détecter le syndrome de Down et d’autres anomalies génétiques similaires. Un autre domaine d’activité est la prise en charge du diagnostic de maladies génétiques rares. Les équipes du LNS proposent également des consultations aux familles ou aux couples désirant devenir parents.

Le Centre national de pathologie effectue, lui, majoritairement le diagnostic des lésions cancéreuses et précancéreuses et dépiste les cancers du col utérin et du côlon. «Nous disposons aujourd’hui d’une quinzaine de sous-départements spécialisés dans l’analyse des différents échantillons de tissus, dont la peau, le foie, le sein et l’os», note le Dr Michel Mittelbronn, responsable du centre.

«Des pays moins développés mieux dotés»

Les deux disciplines sont encore assez jeunes au Grand-Duché. «Avant 2017, 40 % des échantillons étaient envoyés à l’étranger. Aujourd’hui, on ne s’adresse plus qu’à de très rares reprises à des laboratoires étrangers», retrace le Dr Mittelbronn. Le premier concept visant à développer un département de génétique date de 2016. Tout comme pour la pathologie, le centre national a entamé en 2018 une première mission de deux ans. «Nous travaillons sur des maladies rares. Il nous faut donc une approche multidisciplinaire qui va au-delà du simple diagnostic», résume le Dr Barbara Klink, responsable du centre de génétique.

Le manque de personnel n’est cependant pas le seul souci des équipes du LNS. Un réseau informatique unique collectant les données des patients fait également défaut (lire encadré). «Le concept de base des centres de diagnostic reste d’agir pour le bien des patients, de la population et donc aussi du contribuable», argumente le directeur du LNS. La prolongation jusqu’à fin mars 2024 de l’exploitation du travail sur la génétique et la pathologie n’est donc qu’un point de départ sur le long chemin vers l’«excellence», terme cité à de nombreuses reprises lors de la conférence de presse de lundi.

Les avancées de ces dernières années ne pourraient être consolidées qu’avec un renforcement du personnel. «Des pays moins développées sont mieux dotés que le Luxembourg. Ils disposent de quatre pathologistes par 100 000 habitants. Si on tient compte du fait que, frontaliers compris, 850 000 personnes sont affiliées à la CNS, il nous faudrait entre 30 et 40 pathologistes. Or on en compte 16 pour l’instant», constate le Dr Mittelbronn. S’y ajoutent six généticiens cliniques alors qu’il en faudrait deux pour 100 000 habitants. On arriverait donc à un besoin de 12 à 14 spécialistes. «Nous disposons d’une base solide pour les former dans nos centres», indique le Dr Klink. À côté du volet informatique, la formation et la recherche constituent donc le deuxième chantier de taille que le LNS s’apprête à attaquer.

David Marques

Un manque de données

Le LNS plaide pour la mise en place d’une base de données centralisée collectant les données des patients. «La pathologie ne relève pas uniquement de la médecine de laboratoire, mais aussi de la médecine clinique. Derrière tout échantillon se trouve un patient. On a besoin d’un contact direct», souligne le Dr Mittelbronn. Or les hôpitaux du pays ne disposent pas d’une telle base de données commune. «Si nous procédons à un test prénatal, il nous faut avoir accès aux données de la patiente, dont les échographies de grossesse. Aujourd’hui, cela se passe par téléphone avec les secrétariats des gynécologues», déplore le Dr Klink. Les spécialistes se retrouvent freinés en raison de l’accès limité aux données. Le recours à la voie postale est aussi encore trop fréquent. «Combiné au manque de personnel, il ne m’est pas possible de tenir l’objectif de dresser un diagnostic en cinq jours», conclut le Dr Mittelbronn.

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