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LGBTI : persécutions d’ici et d’ailleurs


De g. à d.: Stan Brabant, David Pereira, Roby Antony et Irina Fedotova au Cigale, mardi. (Photo : Editpress)

Amnesty International, Rosa Lëtzebuerg et le Cigale appellent le gouvernement à reconnaître la persécution des LGBTI en Russie et à améliorer leur situation dans les foyers luxembourgeois de réfugiés. On fêtait, mardi, la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie.

L’homosexualité est illégale dans 76 pays du monde» et elle est parfois, comme en Iran, passible de la peine de mort, a rappelé hier, lors d’une conférence de presse, le président d’Amnesty International au Luxembourg, David Pereira. Plus proche de l’Europe, où la situation des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI) a connu des «améliorations notables», c’est la Russie, en «régression» qui devrait nous inquiéter.

En effet, depuis la mise en place d’une loi permettant aux autorités russes d’interdire des ONG, puis de la loi antipropagande gay, criminalisant la «promotion des relations sexuelles non traditionnelles auprès des mineurs», la législation russe «permet de faire à peu près n’importe quoi», a estimé Stan Brabant, directeur d’Amnesty International Luxembourg.

La situation des LGBTI dans nos foyers

Récemment, le centre pour les droits humains Memorial à Moscou a été accusé de vouloir renverser le gouvernement. Le 31 mars, le journaliste homosexuel Dmitri Tsilikine a été assassiné chez lui. Dans cette nouvelle Russie, où l’homophobie a remplacé l’antisémitisme, les individus LGBTI vivent dans un «environnement extrêmement hostile». Par conséquent, «les demandes d’asile sont en augmentation», y compris au Luxembourg, où ces personnes «viennent chercher protection».

Parmi ceux-ci, Irina Fedotova, icône de la mouvance LGBTI russe, dont Le Quotidien a déjà dressé le portrait et qui est revenue, mardi, sur les motifs de son départ. En revanche, sa demande d’asile politique est restée sans réponse jusqu’à ce jour. Si Amnesty International, avec le Cigale (Centre d’information gay et lesbien) et Rosa Lëtzebuerg, a donc organisé une conférence de presse, c’est parce que «le ministère de l’Immigration semble ignorer le contexte difficile dans le lequel vivent les personnes LGBTI en Russie» et pour adresser au gouvernement un «appel pour qu’il prenne conscience» de la situation évoquée.

Troisième investisseur mondial en Russie, le Luxembourg continue en effet de considérer ce pays comme «sûr». Un pays où, comme le raconte Irina Fedotova, les lesbiennes sont violées pour les «guérir», où des casseurs attendent les clients à la sortie des bars gays et où des appels sont lancés sur internet pour voler et tuer les LGBTI.

Mais le cas des réfugiés LGBTI russes est aussi l’occasion pour Roby Antony, chargé de direction du Cigale, de tirer l’attention sur le fait que le nombre de réfugiés LGBTI (russes ou autres) est en augmentation au Luxembourg. Il en a personnellement rencontré 25, mais estime que les foyers d’accueil en reçoivent bien davantage. Ce que cette population de réfugiés a en partage, c’est que bien souvent leur calvaire ne s’achève pas au Luxembourg. Harcelés dans les foyers d’accueil, stigmatisés, il est difficile, même en tant qu’association d’entrer en contact avec eux.

Au Cigale, où on est toujours en train de faire le point sur la situation et de réfléchir sur les mesures à prendre, l’idée de mettre en place des structures d’accueil à part pour les réfugiés LGBTI est toujours étudiée, contrairement au gouvernement qui l’a écartée telle quelle, en avril. «Un signe d’ignorance», selon Roby Antony, dont les services sont en train de chercher des compétences à l’étranger dans le but d’organiser des ateliers pour sensibiliser le personnel encadrant, dans les foyers.

Entretemps, la ministre de la Famille et de l’Intégration, Corinne Cahen, a signé mardi, à l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, la déclaration Idaho 2016, par laquelle le Luxembourg s’engage à mettre en place des mesures nécessaires pour mettre fin aux discriminations et violences dont sont victimes les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes. Faut-il y voir un signe ?

Frédéric Braun

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