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Les métaux lourds sous surveillance


Il est recommandé de manger que deux fois par semaine du poisson.  (Photo AFP)

L’exposition de la population résidente aux métaux lourds est «surveillée indirectement par les programmes de surveillance nationaux».

L’ensemble de la population est concerné.» L’agence Santé publique France a révélé, en juillet dernier, que 96 à 100 % de la population française, adultes comme enfants, est exposée aux métaux lourds, qu’il s’agisse de l’arsenic, du cadmium ou encore du nickel. Ces résultats sont issus de l’Étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition (Esteban) de l’agence sanitaire. Tous les Français ou presque sont exposés aux métaux lourds, annonce Santé publique France. L’arsenic total est ainsi présent chez 100 % des adultes et enfants, tout comme le cadmium, que l’on retrouve dans la croûte terrestre. Le résultat est le même pour l’arsenic inorganique (Asi), l’acide monométhylarsonique (MMA) et l’acide diméthylarsinique (DMA). Les taux d’exposition sont presque aussi élevés pour d’autres métaux lourds : le mercure mesuré dans les urines est ainsi retrouvé chez plus de 96 % des adultes et enfants ayant contribué à l’étude et le cuivre chez plus de 97 % des participants. Ce taux atteint plus de 98 % pour le nickel, et presque 100 % pour le mercure détecté dans les cheveux prélevés.

Cette étude et ses résultats ont alerté Gusty Graas. Dans une question parlementaire, le député DP a voulu en savoir plus sur la situation au Luxembourg. Dans sa réponse, Paulette Lenert indique qu’aucune étude de cette envergure n’a été réalisée et n’est actuellement prévue au Grand-Duché. Mais la ministre de la Santé et de la Protection des consommateurs souligne que «l’exposition de la population résidente aux métaux lourds est surveillée indirectement par les programmes de surveillance nationaux».

«En effet, les échantillons prélevés dans le cadre de ces programmes par la Division de la Sécurité alimentaire de la Direction de la santé sont examinés à la recherche de substances indésirables du point de vue de la santé afin d’évaluer l’exposition des consommateurs, détaille Paulette Lenert. Ainsi, des tendances peuvent être identifiées et des risques potentiels pour la santé rapidement reconnus. La surveillance est donc un instrument important pour améliorer la protection préventive de la santé des consommateurs grâce à des mesures ciblées.»

Près de 5 000 analyses

La ministre de la Santé et de la Protection des consommateurs poursuit en indiquant que «les métaux lourds les plus fréquemment associés à l’empoisonnement des êtres humains sont le plomb, le mercure, l’arsenic, le cadmium et l’étain». De ce fait, la Commission européenne a fixé des teneurs maximales – qui viennent d’être réduites pour certains métaux lourds (lire encadré) – pour ces contaminants dans les denrées alimentaires dans le règlement (CE) 1881/2006. «Depuis 2009, 4 827 analyses ont été effectuées au niveau national sur des boissons et denrées alimentaires afin de déterminer leur concentration en métaux lourds», avance Paulette Lenert.

Paulette Lenert rappelle que «les métaux lourds peuvent être naturellement présents dans l’environnement (éruption volcanique, érosion des roches) ou en raison de l’activité humaine (fonderies, exploitation minière, production d’énergies fossiles, agriculture). Ils sont présents dans l’air, l’eau et le sol. Ils peuvent s’accumuler dans les plantes et être ingérés par les animaux. Les métaux se retrouvent également dans les écosystèmes, notamment les boues d’épuration, les produits agrochimiques (fertilisants… ) ou les émissions du trafic routier».

De son côté, à la suite des résultats de son étude révélés en juillet dernier, l’agence Santé publique France livre quelques conseils pour réduire son exposition à certains métaux lourds. Elle rappelle notamment la nécessité d’ancrer davantage la lutte contre le tabagisme, y compris le tabagisme passif, afin de réduire l’exposition au cadmium. Selon elle, «le poisson et les produits de la mer ont beaucoup de qualités nutritionnelles, mais leur consommation influence les concentrations en arsenic, cadmium, chrome et mercure. Il est recommandé de consommer 2 fois par semaine du poisson, dont un poisson gras, en variant les espèces et les lieux de pêche».

Guillaume Chassaing

Cadmium et plomb : teneurs maximales réduites

Ce mercredi, la Commission européenne a établi de nouvelles teneurs maximales en cadmium (un contaminant environnemental cancérigène, potentiellement contenu dans des denrées alimentaires telles que les fruits, les légumes, les céréales et les oléagineux) et en plomb (contaminant naturellement présent dans l’environnement, les aliments sont la principale source d’exposition humaine au plomb) dans un large éventail de produits alimentaires.

«Ces mesures visent à réduire encore plus la présence de contaminants cancérigènes dans les aliments et de rendre les aliments sains plus accessibles, souligne la Commission européenne. Cette volonté découle des engagements pris dans le cadre du plan européen de lutte contre le cancer.» Ces mesures s’appliqueront à partir du 30 août pour le taux maximal de plomb et à partir du 31 août pour celui de cadmium.

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