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L’Église catholique tangue mais ne sombre pas


La nouvelle convention signée entre le gouvernement et les cultes religieux a conduit l'Église catholique à se remettre en question. (Photo : DR)

En marge de la présentation de son rapport «Faits & Chiffres» de 2014, l’Église catholique a esquissé ses projets pour l’avenir.

Depuis janvier, une nouvelle convention prévoit que l’État va progressivement diminuer le financement des cultes. Actuellement, les capitaux propres de l’Église s’élèvent à 93,9 millions d’euros, le total de ses actifs à 155,4 millions d’euros.

Globalement, la situation financière de l’Église, qui affiche un excédent de 2,62 millions d’euros pour l’année écoulée, est plutôt bonne. Ce chiffre est notamment le fruit des économies réalisées et de l’augmentation du bénéfice du groupe média Saint-Paul et de l’immobilière Maria-Rheinsheim SA Comme en 2013, le patrimoine de l’Église se compose essentiellement de terrains et d’immeubles d’une valeur totale de 131 millions – 7,5 millions de moins qu’en 2013, ce qui s’explique par des corrections de valeur ou la vente d’actifs.

La dette de l’Église est de 45,7 millions. Elle a reculé d’environ 10 millions par rapport à 2013. Celle bancaire, en revanche, est passée de 15,5 millions fin 2013 à 16 millions fin 2014. Quant au Grand Séminaire Centre Jean-XXIII, les comptes sont gérés séparément. Entité autonome, le séminaire a fait d’importantes économies après que l’archevêché a décidé de réduire progressivement ses subventions.

«Des équipes de funérailles»

Malgré ses perspectives positives, l’économiste en chef de l’Église, Marc Wagener, préfère «rester sur la réserve». Avec la signature, le 26 janvier dernier, de la nouvelle convention entre le gouvernement et les cultes subventionnés, il va falloir s’attendre à une augmentation progressive des frais de personnel et donc à une réduction de l’enveloppe. Il est donc primordial, aux yeux de Marc Wagener, de «renforcer les économies et de développer nos activités». Justement, concernant ces projets, l’Église catholique du Luxembourg nous réserve quelques surprises.

Comme l’a expliqué Léon Wagener, vicaire général, un projet en cours vise à créer des équipes de funérailles composées d’hommes et de femmes ayant suivi une formation à la fois pratique et théorique et qui pourraient bientôt remplacer les prêtres. Ils n’auraient pas le droit de conduire des messes, mais pourraient procéder à des «célébrations de la parole». Une mesure qui ne sera probablement pas du goût de tout le monde et qui risque de creuser un peu plus encore le fossé qui sépare fidèles et hommes d’Église.

Jusqu’à présent, un athée indécis pouvait encore espérer être enterré en présence d’un prêtre. Or, bientôt, ce ne sera plus le cas. D’un autre côté, cette réorientation reflète aussi l’image d’une Église qui cherche à se reconstruire une identité et à se positionner au milieu de la vie des gens, au lieu d’accepter d’en être réduite à commenter les grandes étapes de la vie des hommes (naissances, mariages, décès) par quelques paroles sacrées. Une campagne de sensibilisation est d’ailleurs prévue.

L’archevêque hébergera deux réfugiés chez lui

Le développement des activités de l’Église va dans le même sens. Comme l’a expliqué Jean Ehret, directeur du Grand Séminaire Centre Jean-XXIII, il est prévu de transformer cet établissement en un lieu d’études et de rencontres ouvert sur l’extérieur. Centre académique, on y offre déjà un bachelor reconnu par l’État, un master pourrait suivre.

L’établissement changera d’ailleurs de nom en adoptant le titre très mondain de «Luxembourg School of Religion and Society». Autre nouvelle à propos de laquelle rien de précis n’a encore transpiré : l’archevêque de Luxembourg, Jean-Claude Hollerich, accueillera deux réfugiés, la semaine prochaine, qu’il hébergera chez lui, au palais épiscopal, avenue Marie-Thérèse.

Frédéric Braun

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