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Le Luxembourg, gendarme et gardien du temple spatial


Le Grand-Duché participe à plusieurs projets et programmes de surveillance renforcée de l’espace.

L’affaire du satellite russe détruit mi-novembre a laissé des traces. Le Luxembourg entend remettre de l’ordre dans l’utilisation de l’espace.

La destruction d’un satellite par un missile russe avait fait grand bruit le 15 novembre dernier. Une démonstration de force ayant eu pour conséquence directe de menacer la sécurité des astronautes à bord de la Station spatiale internationale et de relancer les craintes de voir l’espace se transformer en champ de bataille entre les grandes puissances. Le gouvernement est revenu hier sur cette affaire qui a fait trembler le monde entier. Le Luxembourg s’est en effet dit «très préoccupé» par ce tir générant de nombreux débris, ont indiqué les ministres Jean Asselborn et Franz Fayot dans une réponse commune à une question du député Gusty Graas (DP). Non seulement, l’incident constitue «un risque physique sérieux» pour tout ce qui évolue en orbite basse, êtres humains comme infrastructures, mais il met aussi en danger «le libre accès et l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique pour tous les États pendant de nombreuses années». Pour les ministres, «ce geste traduit un comportement irresponsable dans la mesure où il aggrave les risques pour les opérations dans l’espace et où il intervient à un moment où la communauté internationale, dans le cadre d’efforts renouvelés de l’ONU, tente de définir des normes, règles et principes».

À l’évidence, l’immensité est en train de devenir un territoire de conflits entre les acteurs de la conquête de l’infini et l’au-delà. Ils pourraient, dans un futur proche, se livrer à une guerre des étoiles pour s’emparer de précieuses ressources. «Il est vrai qu’il y a une augmentation des risques et menaces», reconnaissent les ministres. «Cela pose de réels défis aux opérations dans l’espace.»

Retrouver la boussole stratégique

Consciente des menaces, l’Union européenne développe des programmes afin de «mutualiser les solutions technologiques aux fins de mieux surveiller des risques physiques». Elle a adopté cette année une décision relative à la sécurité des systèmes et services exploités dans le cadre de son programme spatial, qui impose aux différentes institutions et agences européennes ainsi qu’aux États membres de surveiller les événements dans l’espace extra-atmosphérique susceptibles de poser un risque de sécurité pour l’UE. Il s’agit en outre de poser des limites et retrouver la boussole stratégique d’une défense spatiale commune, «à laquelle le Luxembourg compte contribuer avec ses moyens satellitaires».

Le pays estime en effet avoir un rôle à jouer en tant qu’acteur mondial de premier plan dans l’utilisation pacifique des ressources spatiales. Les ministres rappellent l’engagement pris en ce sens avec les 21 lignes conductrices sur une viabilité à long terme pilotées par le Comité ONU. Le gouvernement se sent par ailleurs «directement concerné par la problématique liée aux risques physiques» générés par les débris qui menacent «des acteurs commerciaux installés au Luxembourg exploitant des objets spatiaux critiques pour de multiples applications terrestres», insistent Franz Fayot et Jean Asselborn.

Le Grand-Duché compte bien se poser en gendarme et gardien du temple céleste. Entre autres missions, sa participation au programme Space Safety de l’Agence spatiale européenne qui traite de la question des débris spatiaux et supporte les développements de technologies de sociétés implantées ici-bas. Ceci dans le but aussi d’améliorer la gestion du trafic dans l’espace. Dernièrement, le ministère de l’Économie et l’entreprise canadienne NorthStar ont formalisé un accord en vue de la création d’un centre d’excellence en la matière (lire notre édition du 18 décembre). NorthStar travaille à l’élaboration d’un système de détection et de surveillance des objets spatiaux grâce à une infrastructure satellitaire qui permettra d’obtenir de meilleures informations sur les débris. En parallèle, la Défense luxembourgeoise participe au financement d’un programme de l’OTAN destiné à optimiser la veille spatiale et maintenir un accès indépendant pour l’Europe. Autant de projets sur la rampe de lancement pour espérer combler un vide juridique encore intersidéral.

LQ

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