Le parti nationaliste, éclaboussé par plusieurs polémiques en cette fin de législature, ne s’avoue pas vaincu. «Nous abordons les élections avec un grand enthousiasme», clame Fernand Kartheiser.
Il y a tout d’abord eu des tensions au moment de composer la liste de candidats dans la circonscription Nord. Ensuite, le député Roy Reding a décidé de claquer la porte, venu dénoncer «un abus de confiance flagrant» après sa non-nomination sur la liste Centre. Et pas plus tard que lundi, un candidat nommé sur la liste Est a été mis à l’écart après avoir publié du contenu d’extrême droite sur les réseaux sociaux (lire ci-dessous).
Malgré tout, la fraction de l’ADR à la Chambre, réduite à trois députés, reste optimiste en vue des législatives du 8 octobre. «Nous abordons les élections avec un grand enthousiasme», clame ainsi Fernand Kartheiser. Le député sortant et chef de file du parti au Parlement se dit convaincu que l’ADR pourra se faire une place parmi les grandes formations politiques.
«Il n’existe pratiquement plus de différences entre les quatre grands partis. Au CSV, les visages ont peut-être changé, mais cela ne permet pas de cacher le très faible profil affiché lors de ces cinq dernières années», fustige-t-il. «Sur toutes les grandes questions, le CSV a été sur la même ligne que les partis de la majorité. Il ne propose aucune véritable alternative. C’est nous qui proposons cette alternative», enchaîne Fernand Kartheiser.
Le CSV accusé d’être «martial»
Le CSV était, mardi, la cible privilégiée de l’ADR lors de la présentation du bilan parlementaire de cette législature. Fernand Kartheiser a notamment accusé le parti conservateur de se montrer «martial et radical» dans le contexte de la guerre en Ukraine. Une position semblable aurait été adoptée lors du débat sur l’introduction d’une obligation de se faire vacciner contre le covid. «Le CSV n’a jamais cessé d’aller plus loin», tranche-t-il.
Que ce soit lors de la crise sanitaire, lors de la «crise constitutionnelle» ou après l’agression russe de l’Ukraine, l’ADR aurait à chaque fois «défendu des positions très modérées et raisonnables». En même temps, Fernand Kartheiser parle de «guerre intense» que son parti aurait menée dans le cadre de la révision de la Constitution. «Nous n’allons rien lâcher dans ce dossier, car je suis convaincu que l’on va encore avoir beaucoup de problèmes avec ce texte», affirme le député. Dans les semaines à venir, l’ADR compte d’ailleurs proposer son propre texte de révision de la Loi suprême qui, pour être adopté, devrait être soumis à un référendum.
«Il nous faut trouver un mécanisme de sortie»
Le programme électoral va porter sur 10 priorités avec, sans surprise, un chapitre consacré à la «lutte contre la croissance aveugle». «Nous sommes enfermés dans un piège. On ne peut plus continuer ainsi. Il nous faut trouver un mécanisme de sortie», met en avant Fernand Kartheiser. Le président et tête de liste de l’ADR, Fred Keup, est censé présenter des «idées» pour mener à bien une autre politique de croissance, voire de décroissance.
L’individualisation du système d’imposition est une autre ligne rouge pour l’ADR. «On ne va pas tolérer que la famille soit abolie à l’échelle fiscale», souligne Fernand Kartheiser. Dans le domaine du logement, le parti rejette «l’approche dirigiste extrême» imposée par le gouvernement sortant. «Nous faisons confiance à l’économie libre pour construire davantage de logements», clame encore le député sortant.
Un congrès, début septembre, devra encore valider le programme électoral complet de l’ADR.
Un candidat, «adepte» de l’extrémisme de droite, écarté de la liste Est
La présentation du bilan parlementaire de l’ADR a été entachée par la polémique née autour d’un candidat aux législatives, qui s’est vu reprocher d’avoir publié et partagé sur son compte Facebook du contenu d’extrémisme de droite lié au nazisme et à la «SS», l’organisation paramilitaire et policière nazie.
Tard lundi soir, l’ADR avait annoncé par voie de communiqué qu’Alain Vossen, fraîchement nommé sur la liste Est du parti, avait présenté sa démission. En cause, des publications sur les réseaux sociaux qui dateraient d’il y a huit ans et qui auraient été «grâce à Photoshop tirées de leur contexte». Alain Vossen a aussi affirmé regretter son «utilisation nonchalante» des réseaux sociaux.
«On n’avait pas conscience de ces publications. Elles datent d’il y a 8 ou 10 ans. Nous ne les avions pas directement repérées», a tenté d’expliquer, hier, le président de l’ADR, Fred Keup. Si on avait eu plus tôt connaissance de ces publications de mauvais goût, le candidat n’aurait jamais été nommé. Notre parti ne veut rien avoir affaire avec l’extrémisme de droite.»
Jean-Marc Schmidt, conseiller diplomatique de l’ADR, a été choisi pour remplacer Alain Vossen sur la liste Est du parti.