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La crise agricole selon les jeunes


Pour Jeff Boonen, l'exportation n'est pas la solution absolue. (Photo : Didier Sylvestre)

Le président des Jeunes Agriculteurs, Jeff Boonen, revient sur la crise qui touche actuellement le secteur agricole.

À la veille d’une réunion avec le ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen, il estime que le dialogue doit prévaloir et craint qu’une solution à court terme ne soit pas envisageable.

Quelles sont les raisons de la gronde des agriculteurs?

Jeff Boonen : Les agriculteurs luxembourgeois sont en crise. Différents facteurs expliquent cela. Il y a tout d’abord la crise des marchés qui se répercute dans les fermes, après une période de 6 mois durant laquelle les prix agricoles ont baissé, alors que les deux années précédentes étaient bonnes sur ce point. Les liquidités servant à couvrir les frais quotidiens commencent à faire défaut.

À cette crise des marchés s’est aussi ajoutée la sécheresse…

Effectivement. La situation est très grave au Luxembourg et cela touche surtout les fermes bovines. Le manque d’herbe a fait que la première coupe a été moyenne, alors que la deuxième s’est élevée à hauteur de 50 % des attentes. Il n’y a ensuite pas pu y avoir de troisième coupe.

Le résultat est que l’on manque déjà maintenant de 50 % d’herbe et que nous sommes actuellement en train de nourrir nos vaches avec des stocks d’hiver.

Qu’est-ce que cela implique concrètement au niveau des coûts?

Nous allons devoir acheter des fourrages à des prix élevés, au lieu de semer des intercultures (des couverts verts) comme il est habituel de faire après les céréales, pour couvrir les champs durant l’été. Nous avons dû semer des mélanges beaucoup plus coûteux pour produire des fourrages d’ici à la fin de l’année. Ce sont donc des fourrages supplémentaires qui ne sont normalement pas produits.

Vous devez aussi importer de la paille et du maïs?

En effet, les fermes achètent également de la paille, qui vient principalement des régions céréalières françaises. On nourrit alors le bétail avec de la paille et éventuellement des concentrés, pour arriver à un certain aliment de qualité. Certains exploitants se procurent quant à eux du maïs, en France, dans des régions qui ont pu récolter : il s’agit souvent de maïs destiné à la moisson, mais qui va être ensilé et coûter davantage, transport compris. La solution n’est pas optimale!

Peut-on évaluer les coûts supplémentaires dus à la sécheresse?

Je les ai estimés à 400, voire 500 euros, par hectare de prairie. Mais la sécheresse devrait globalement nous coûter plus cher, si l’on se base sur un rendement « normal » s’élevant à hauteur de 1 200 euros par hectare. Il faut savoir que l’on peut acheter un hectare de maïs à 1 200 euros, lors d’une année dite « normale ». Les prix actuels vont certainement monter à 1 600 euros par hectare, soit une hausse de 20 à 25 %.

Et comment s’explique la crise laitière?

Les origines de la crise sont multiples. Il y a tout d’abord la mauvaise conjoncture en Chine, qui a fait baisser ses achats depuis un an déjà.

Mais la véritable origine du problème est peut-être à rechercher au niveau des prix qui étaient déjà très élevés l’an passé. L’industrie cherche des alternatives en achetant, par exemple, de la graisse végétale au lieu de la graisse animale. Il s’agit du jeu de l’offre et de la demande.

Entretien avec notre journaliste Claude Damiani

Retrouvez l’intégralité de l’interview du lundi dans Le Quotidien papier de ce lundi.

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