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Il n’y a plus de saisons… des allergies !


Les allergies saisonnières peuvent pourrir la vie des personnes sensibles pratiquement huit mois sur douze ! (illustration Anne Lommel)

Les yeux, le nez, la gorge vous grattent ? Peut-être faites-vous partie des allergiques saisonniers. Malheureusement pour vous, les compteurs sont dans le rouge.

Petit cours d’allergie saisonnière : prenez une station de mesure de concentration des pollens, posez-la sur le toit du CHL à Luxembourg, puis chaque jour, comptez le nombre de grains de pollens captés par l’appareil.

Entre 0 et 10 grains de pollens par mètre cube et par 24 heures, on estime que les symptômes allergiques sont pratiquement absents. Entre 11 et 50 grains, ils sont modérés : ça commence à vous chatouiller les narines. Au-delà de 50, débute le calvaire pour ceux qui redoutent la saison des amours des noisetiers, aulnes, chênes et bouleaux.

Alors imaginez… 2 482 grains de pollens de bouleaux ! Ce chiffre exceptionnel, mesuré mercredi 18 avril, est affiché en rouge sur le site pollen.lu. Ce n’est pas pour rien que les allergiques à ce pollen sortent les mouchoirs en ce moment. Pourtant, cela pourrait être pire, avertit François Hentges : « Une fois, on a connu un record à environ 3 000 par mètre cube. » Chers bouleaux, ne vous donnez pas la peine de battre ce record, merci !

L’air trop sec

Responsable de la station d’aérobiologie du CHL, le Dr Hentges se veut néanmoins rassurant : « La moyenne de pollens de bouleaux par mètre cube et par année est généralement située entre 5 000 et 10 000. Ces dernières semaines, on était déjà entre 5 000 et 6 000. Donc ça ne devrait pas continuer longtemps comme ça. En principe, ce pic veut dire que la pollinisation du bouleau va se terminer bientôt. »

Il n’y a pas que le soleil et le redoux qui sont en cause : « La période de pollinisation pour les bouleaux est en théorie de mars à mai, mais cela varie grandement, parfois c’est concentré sur plusieurs jours, parfois étiré sur plusieurs semaines… Maintenant, si les pollens ont bien mûri, et qu’il fait beau et chaud, tout se passe en quelques jours. »

L’absence de pluie empêche aussi de «laver» l’air de ses pollens. Enfin, la saison 2018 se joue aussi en 2017 : « L’an passé, la saison avait commencé plus tard et était beaucoup moins virulente. Or on remarque que souvent, après une année faible, les bouleaux se rattrapent l’année suivante. » Un phénomène complexe, mais qu’on peut néanmoins expliquer par le climat : « Quand il y a beaucoup de pluie une année, les plantes sont fortes et poussent mieux, et elles peuvent produire beaucoup plus de pollens l’année suivante. »

Attention : ce n’est pas parce que les chiffres du bouleau sont très élevés que la situation est forcément très grave. « Il est plus embêtant de maintenir un taux relativement élevé sur une longue durée… Là, les allergiques vont plus souffrir que sur un épisode très intense mais bref. »

Ce qui nous attend les prochains mois

Ce démarrage en trombe du pollen de bouleau signifie-t-il que la saison pollinique 2018 va être du même tonneau? « Pas tout à fait. Cela dépend des arbres et des allergies. »

L’allergie au frêne, par exemple, « a été très importante cette année, mais commence à diminuer. Or cette allergie touche les gens originaires de la région méditerranéenne, car ils sont déjà sensibilisés à l’olivier qui est cousin du frêne. » Tandis que ceux originaires de nos régions en ont moins souffert. Par contre, la saison du chêne va bientôt commencer. « Or le pollen de chêne est proche de celui de bouleau, donc il y a un risque de réactions croisées. »

Le pollen de chêne clôture généralement la saison des pollens d’arbres, en mai. Débutera ensuite la saison des pollens d’herbes, comme les graminées. Avec le même schéma : plus il fera beau, plus la saison sera intense et courte, jusqu’à début juillet en moyenne. Par contre, s’il fait plus froid et humide, elle peut se poursuivre jusqu’en août.

On est donc loin d’être tiré d’affaire. D’autant que le climat capricieux de nos régions ne laisse aucun répit : soit il fait moche, mais la pluie nettoie l’air des pollens, soit il fait beau, mais la chaleur crée des courants ascendants qui disséminent encore mieux les pollens. Bref, les allergiques n’ont pas fini de pleurer !

Romain Van Dyck

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