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Greffe de cornée : l’importance du don au Luxembourg


Michel Engel s'est fait opérer de la cornée. Il incite les Luxembourgeois à exprimer leur choix de don. (Photo Julien Garroy)

Les hôpitaux grand-ducaux ont des partenaires allemands pour la greffe de cornée. La loi qui réglemente les dons est celle d’outre-Moselle. Il faut donc une démarche active des donneurs !

Quand les problèmes de vue de Michel se sont aggravés, il avait «25 ou 27 ans, je ne sais plus». L’infirmier luxembourgeois, s’il ne perdait pas la vue, éprouvait «de plus en plus de difficultés dans les tâches du quotidien. Mon problème de cornée de l’œil est génétique, ma maman aussi a connu cela. Mais à mon niveau, c’était autre chose… ça devenait invivable.» Michel évoque une perte progressive de ses capacités d’action, des corrections de verre de plus en plus fortes, de moins en moins efficaces. «Un jour, l’ophtalmologue m’a orienté vers le milieu hospitalier. Les médecins de Robert-Schuman m’ont dit de prendre contact avec leurs homologues des hôpitaux de l’université de Hombourg (Allemagne). J’avais trop souvent des abcès, des douleurs. L’opération était la dernière solution.»

Le point positif, malgré la situation ? La greffe de la cornée fait partie des opérations les plus pratiquées au monde (un million par an) avec un taux de réussite dépassant les 90%. Le point négatif ? Le Luxembourg n’est pas spécialisé dans ce genre d’opération. D’où un partenariat avec Hombourg. «J’ai pu être opéré en deux temps, explique Michel, 39 ans aujourd’hui. Un premier œil en 2008 et un deuxième en 2011.» À chaque fois, une intervention sous anesthésie générale de 1h30. «Puis des contrôles réguliers, pour voir si la greffe n’était pas rejetée. Un jour, on vous enlève de tout petits fils, et c’est le début d’une nouvelle vie.» Une existence presque normale. «Bon, je ne peux pas faire de tête au foot et je n’ai pas intérêt à prendre un coup de poing dans la figure, blague-t-il. Mais pour le reste, ça roule. Je porte des lentilles de correction banales, comme beaucoup de gens, sans complication.»

Exprimer clairement sa volonté de donner

Si Michel doit beaucoup au corps médical, il n’oublie pas son donneur anonyme. Une personne qui a été altruiste et active avant de mourir, car, contrairement à la loi luxembourgeoise, le droit allemand exige une démarche des donneurs pour signifier leur volonté.

Malgré le partenariat luxembourgeois, c’est bien le droit allemand qui prime lors d’une greffe de la cornée. L’hôpital Robert-Schuman lance donc une campagne de soutien au don de cornée, car la liste d’attente est longue. «Nous incitons les Luxembourgeois à notifier clairement leur accord sur le passeport de vie, notre carte nationale de donneur», souligne le Dr Claude Braun, directeur médical du réseau Schuman.

Le prélèvement de la cornée est théoriquement possible jusqu’à 72 heures après la mort. Le tissu est prélevé sans porter d’atteinte esthétique au corps du défunt. «Par ailleurs, sauf critères très spécifiques d’exclusion, toute personne peut être donneur de cornée», précise la communication de l’hôpital Robert-Schuman. Bref, une opération avec un taux de réussite très fort qui, si elle ne sauve pas des vies, les bouleverse considérablement. «Certains problèmes oculaires mènent à la cécité», insiste un autre spécialiste de l’hôpital. Une cinquantaine de Luxembourgeois se font pour le moment greffer des cornées chaque année. Une réalité très concrète, donc. Tout comme le «manque cruel» de donneurs.

Hubert Gamelon

Renseignements sur le don de la cornée de l’œil au 24 68 50 14 et sur hopitauxschuman.lu

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