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Grand-Duc Jean : «Le vrai souverain de l’Europe», selon Stéphane Bern


«C'était le héros de mon enfance, mais c'était surtout un héros de la Seconde Guerre mondiale. Il a libéré le Luxembourg. Il a participé, au péril de sa vie, à la libération.» (photo archives lq/tania feller)

C’est le héros de l’enfance de Stéphane Bern, qui a grandi avec le Grand-Duc Jean comme modèle. Puis il a appris à connaître l’humain : «une crème d’homme».

«Je suis très affligé, bien plus que je ne saurais le dire», avoue d’emblée Stéphane Bern, le spécialiste des têtes couronnées, que nous avons joint par téléphone mardi à 13 h, à la sortie de son émission radio.

Pour comprendre son chagrin, il faut remonter à son enfance. Il avait 9 ans quand il a envoyé une lettre au Grand-Duc Jean pour avoir une photo de lui. Le souverain du Luxembourg lui a répondu et «la photo a trôné toute mon enfance et mon adolescence au-dessus de mon bureau».

Lorsqu’il parle de celui qu’il appelle «le héros de mon enfance», les souvenirs se bousculent dans sa tête. En 1989, il le rencontre pour la première fois et fait son interview : «Avec la Grande Duchesse Joséphine-Charlotte, je l’ai vu à de multiples reprises grâce à ce lien qui nous unit : lors de la visite au Grand-Duché de François Mitterrand ou encore lors de la visite d’État de la Reine des Pays-Bas. Le moment le plus touchant, c’est lorsque nous avons tourné Secrets d’histoire (NDLR : une émission sur France 2) au château de Fischbach où il nous a raconté, au milieu de tous ses souvenirs de guerre, son départ en exil. C’était le héros de mon enfance, mais c’était surtout un héros de la Seconde Guerre mondiale. Il a libéré le Luxembourg. Il a participé, au péril de sa vie, à la libération. Il a régné pendant plus de 35 ans, durant lesquels le Luxembourg a été marqué par la prospérité, par la conversion du pays de puissance industrielle vers le tertiaire.»

«En étant allé en Amérique, il avait pris conscience à quel point l’Europe était importante, notamment en s’engageant dans les Irish Guards.» Il s’agit d’une petite unité militaire nord-irlandaise de l’armée britannique. Elle a la particularité d’être l’un des régiments d’élite qui composent la division de la Garde royale britannique.

Comme Jean-Claude Junker, l’ancien Premier ministre et président actuel de la Commission européenne, Stéphane Bern considère le décès du Grand-Duc comme «une grand perte pour toute l’Europe. On le sait moins, mais il était le seul chef d’État lors du débarquement de Normandie. Il a aussi libéré Caen, Bruxelles. Sans des hommes comme lui, nous serions toujours sous la tyrannie nazie.»

«Vraiment, il m’émeut beaucoup»

Il reprend : «Je rejoins Georges Pompidou qui expliquait que si on voulait libérer l’Europe et rester en paix il fallait un président européen et que le Grand-Duc Jean serait l’homme idéal, car de par son père il a des origines françaises, par sa mère, luxembourgeoises et allemandes, par sa grand-mère, portugaises. Et son épouse était belge. On retrouve toutes les origines européennes et c’était un Européen convaincu. Pour moi, c’était le vrai souverain de l’Europe.»

Selon le présentateur star, le Grand-Duc Jean «a été le meilleur ambassadeur du Luxembourg comme carrefour de l’Europe».

Au-delà de ce parcours incroyable, c’est aussi l’homme que Stéphane Bern appréciait. Lorsqu’on lui demande d’en parler, c’est une avalanche de superlatifs qui coule pour exprimer l’affection qu’il lui porte : «C’était le plus courtois, le plus affable, le plus charmant. Quelqu’un d’une incroyable gentillesse et bienveillance. C’était une crème d’homme, un grand seigneur.»

Il se souvient : «Lorsque j’ai fait sa biographie en 2014 pour l’album des 50 ans de son règne, il a choisi de me recevoir le 12 novembre 2014 à 11 h (NDLR : c’est-à-dire exactement 50 ans heure pour heure après son accession au trône). C’était un geste symbolique pour me remercier. Vraiment, il m’émeut beaucoup.»

Le Grand-Duc Jean a nourri la passion de Stéphane Bern pour les gens qui font l’histoire alors qu’enfant il venait en vacances chez ses grands-parents maternels au Luxembourg.

Bien sûr, Stéphane Bern sera là aux funérailles du Grand-Duc Jean pour lui rendre hommage et «pour partager la peine de tout le peuple luxembourgeois».

Audrey Libiez

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