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Euthanasie : une loi encore trop méconnue


La loi n'est pas assez connue du grand public, pas assez promue par le corps médical et c'est toute l'information qui est à revoir, selon le sondage. (illustration Editpress)

Un sondage réalisé par TNL Ilres pour le compte de la Commission de contrôle et d’évaluation de la loi sur l’euthanasie démontre qu’elle est encore trop méconnue. Il y a un effort d’information à fournir.

Dix ans après son adoption, seuls 43 % des sondés savent que la loi autorise l’euthanasie au Luxembourg. C’est peu, d’autant que les débats furent vifs et passionnés à l’époque et avaient même entraîné une modification de la Constitution après que le Grand-Duc Henri eut annoncé son refus de signer la loi. Mais en dépit de cet épisode historique, la législation sur l’euthanasie et l’assistance au suicide reste trop méconnue et c’est bien ce que regrette la Commission nationale de contrôle et d’évaluation mise en place pour l’accompagner.

Lundi, elle a présenté un sondage très instructif réalisé auprès de 1 006 résidents à l’automne dernier. La grande majorité (81 %) de ceux qui avouent ignorer la loi se disent très mal informés et seuls 36 % de l’ensemble des sondés trouvent qu’ils en savent assez sur la question.

Ils sont 85 % à estimer que cette loi est une bonne chose. Pourquoi ? D’abord, elle permet d’éviter les souffrances (44 %), ensuite de décider soi-même de son décès (36 %) et enfin c’est aussi une question de dignité (7 %). À noter que parmi les 5 % d’opinions négatives, 22 % sont opposés à la loi sur l’euthanasie pour des raisons religieuses, 11 % parce qu’ils manquent d’informations et 9 % estiment qu’il s’agit d’un meurtre.

Si la loi reste encore trop méconnue, les sondés ont su estimer le nombre d’euthanasies pratiquées annuellement au Luxembourg. C’est-à-dire entre 1 et 15 pour 38 % des sondés. En réalité, le Luxembourg a enregistré 11 cas en 2017 et 8 seulement en 2018. En dix ans, les décès par euthanasie, considérés comme mort naturelle, ne représentent que 0,27 % des décès, comme l’a rappelé lundi la présidente de la commission, Lotty Prussen. C’est peu comparé aux Pays-Bas (5 à 6 %) ou à la Belgique (1 à 2 %).

Pour une consultation dédiée

Seuls 7 % des personnes interrogées ont connu une personne décédée par euthanasie, mais 13 % peuvent citer des cas où elle a été souhaitée mais refusée. Ils sont donc 78 % à se dire favorables à une consultation spéciale pour parler des questions de fin de vie et 72 % à vouloir qu’un médecin soit disponible dans chaque hôpital pour pratiquer une euthanasie en cas de demande. C’est le souhait ardent de l’ancien président de la commission, le Dr Carlo Bock, qui a initié ce sondage avant de prendre sa retraite. Il nous déclarait d’ailleurs, en décembre dernier, que le public restait trop mal informé sur la fin de vie, qu’il s’agisse de soins palliatifs ou d’euthanasie. Le médecin préconisait la mise en place d’une consultation médico-éthique pour permettre au patient de poser toutes les questions sur sa fin de vie. «Ce n’est pas une consultation de dix minutes, un quart d’heure, il faut avoir le temps de prendre une décision en ce qui concerne sa fin de vie. Aujourd’hui, vous allez voir votre médecin pour un mal de gorge et en fin de consultation vous commencez à lui parler de votre fin de vie. En fait, on se rend compte que les gens ont des idées assez vagues sur ce sujet», expliquait-t-il.

S’ils n’en parlent pas avec leur médecin, avec qui les gens parlent-ils de la mort ? D’abord, il n’y a que 20 % des sondés qui évoquent le sujet régulièrement et majoritairement avec le conjoint mais la moitié en parlent avec des amis et un tiers en parlent à leur mère, celle qui leur a donné la vie.

Les connaissances sur les dispositions de fin de vie et sur la directive anticipée laissent à désirer également car un peu plus de la moitié sait plus ou moins de quoi ça parle.

Ce sondage, réalisé par TNS Ilres et présenté par Tommy Klein confirme ce que la commission craignait : la loi n’est pas assez connue du grand public, pas assez promue par le corps médical et c’est toute l’information qui est à revoir.

Genevève Montaigu

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