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État de la Nation : une motion « burqa » pour conclure


Xavier Bettel s'est livré à un nouveau duel avec l'opposition. (Photo Alain Rischard)

Les deux jours de débat consécutifs au discours sur l’état de la Nation se sont soldés par une passe d’armes entre Claude Wiseler (CSV) et le Premier ministre libéral, Xavier Bettel, et une motion hors sujet. Elle concerne l’interdiction de porter des vêtements dissimulant le visage. En plus court, la burqa, souvent confondue avec le niqab.

« C’est facile de faire l’autruche, mais regardez autour de vous ! », lance Claude Wiseler à la tribune de la Chambre, jeudi, alors qu’il a demandé la parole après le Premier ministre qui lui a reproché une nouvelle fois sa sortie de la veille sur «la peur» que ressentaient les gens autour de lui. Et ce mot «peur» a ponctué tout son début de discours dans le cadre du débat sur l’état de la Nation.

Il a raison, il ne faut pas faire l’autruche. Il ne faut pas stigmatiser non plus une communauté, la deuxième du pays en importance, que sont les musulmans. Claude Wiseler parle d’islam, d’islamisme, de terrorisme, de réfugiés syriens qu’il faut accueillir, mais dont il faut se méfier, parce que les gens ont «peur». Peur du changement, «peur de perdre l’identité du pays», dit-il.

Les gens «ont peur de la radicalisation, du terrorisme», précise cette fois Claude Wiseler, fâché que ses propos de la veille aient été comparés à un discours brunâtre. «Le propos est plus nuancé aujourd’hui», lui envoie Xavier Bettel. «Les partis populistes d’extrême droite gagnent du terrain partout autour de nous parce que les partis traditionnels n’ont pas thématisé ces sujets», analyse Claude Wiseler. «Non, le Front national est là parce que d’autres partis ont voulu l’imiter!», lui réplique Xavier Bettel depuis les rangs du gouvernement. Le CSV relève la faiblesse de l’argument.

Les réponses du gouvernement

Cette passe d’armes autour de sujets d’actualité très mal amorcés allait se poursuivre en toute fin de séance, à l’heure du vote de la seule motion déposée après deux jours de débat sur la situation économique, sociale et financière du pays. Elle émane des rangs du CSV et concerne l’interdiction de la burqa et toute autre tenue dissimulant le visage. «Je m’attendais à des tas de motions je dois dire, sur le logement et d’autres sujets encore, mais pas sur la burqa», s’exclame Alex Bodry (LSAP) avant d’enfoncer le clou : «Avec Juncker, une telle motion n’aurait jamais été déposée dans un tel contexte», balance-t-il avant de se rasseoir.

Cette question a déjà été tranchée, le gouvernement estimant que les communes devaient décider à travers leur règlement de l’interdiction ou non de la burqa. «C’est la première fois à la Chambre que je vois un parti déposer une motion demandant au gouvernement de présenter un projet de loi sur un sujet qui a déjà fait l’objet d’une proposition de loi du même parti!», observe, moqueur, Alex Bodry.

Le coup de grâce sera porté par David Wagner (déi Lénk), qui reprochera au CSV de découvrir subitement les droits de la femme, «parce qu’il s’agit de l’islam», avant d’évoquer en des termes très imagés une probable coalition CSV-ADR aux prochaines élections. Parce que bien sûr les seuls à avoir appuyé cette motion sont les trois députés ADR. Elle a été rejetée.

Après deux jours de débat, les ministres sont venus répondre aux députés qui se sont succédé à la tribune pour commenter le discours sur l’état de la Nation. Pierre Gramegna, le ministre des Finances, est venu défendre sa copie en indiquant que les chiffres n’avaient jamais été «aussi transparents qu’aujourd’hui». Étienne Schneider, de son côté, défend le bilan du gouvernement en citant trois chiffres, celui de la croissance qui flirte avec les 5%, le taux d’emploi avec les 3% et le chômage qui diminue pour se stabiliser à 6 % aujourd’hui. «Finalement, je me demande si le CSV n’a tout simplement pas un gros problème avec nos recettes qui fonctionnent bien», lâche le ministre de l’Économie.

«On m’a reproché de ne pas avoir abordé tous les problèmes de la nation, heureusement, parce qu’à côté du Premier ministre, d’autres ministres ont donné des conférences de presse pour informer sur les différents sujets en permanence», indique pour sa part Xavier Bettel après sa mise au point avec Claude Wiseler. Oui, les ministres informent en permanence et c’est d’ailleurs un condensé de leurs conférences de presse que l’on retrouve dans la déclaration sur l’état de la Nation. Après, c’est une question de choix de sujets.

Geneviève Montaigu

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