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Des activités en hausse pour le Planning familial


Ainhoa Achutegi souhaite notamment que le gouvernement tienne ses promesses de diminuer la TVA sur les produits d'hygiène féminine. (Photo : archives LQ/Isabella Finzi)

L’activité a été intense pendant le confinement au Planning familial, qui reçoit une population de plus en plus précaire. En 2019, les consultations se sont envolées de 21 %.

Pas de fermeture pendant le confinement pour le Planning familial. Il a traité les demandes urgentes et est resté à l’écoute des besoins de la population, majoritairement des femmes et des jeunes filles. «Le confinement aura des conséquences à long terme sur la santé reproductive, affective et sexuelle de nos publics», craint la présidente Ainhoa Achutegui dans le rapport d’activité 2019 du Planning familial.

Elle voit en effet dans les mois à venir l’aggravation du poids que portent quotidiennement les femmes en matière d’éducation, de santé reproductive et affective et de sexualité. Un combat de plus pour cette institution créée en 1965 qui en a remporté plusieurs au fil des décennies. Le dernier en date concerne la diminution de la TVA qui passe de 17 % à 3 % sur les produits d’hygiène féminine et surtout l’annonce du remboursement de la contraception pour toutes. «Nous exhortons le gouvernement à ne pas revenir en arrière sur cette promesse. Les femmes ne doivent pas payer le prix fort de la crise. Ce serait faire fi de l’égalité femmes-hommes que le gouvernement s’est engagé à réaliser dans les faits», avertit la présidente.

Le Planning familial tient encore davantage à cette avancée en observant une population de plus en plus précaire venir consulter. «Avant, nous avions majoritairement une population exclusivement luxembourgeoise, mais maintenant nous comptons beaucoup d’étrangères et des sans-papiers. Nous travaillons étroitement avec Médecins du monde et l’idée c’est de pouvoir accueillir toutes les femmes», nous précise Ainhoa Atchutegui.

Le Planning continuera à plaider en faveur d’un meilleur accès à l’IVG en permettant à des médecins experts en échographie de pratiquer la première échographie de grossesse, chasse gardée des seuls gynécologues, ce qui, selon la présidente, représente «un frein persistant dans notre législation qui empêche un accès fluide à l’IVG».

L’activité de l’année écoulée a été abondante. Les huit médecins en poste au 31 décembre dernier (temps partiel) ont presté 8 715 consultations pour 2 513 client(e)s de tous âges, origines géographiques, ethniques et sociales, etc. Tous centres confondus (Luxembourg, Esch-sur-Alzette et Ettelbruck), les consultations se sont envolées de 21 % grâce à l’embauche fin 2018 d’un médecin à temps complet et l’arrivée en novembre d’un gynécologue.

Les trois centres ont répondu à 33 532 demandes ou contacts, soit une légère baisse de 4 %. «Le chiffre s’élèverait à 52 515 si l’on tenait compte des 18 983 appels téléphoniques», souligne le rapport. Toutes activités confondues, les consultations ont progressé de 12 %. Les difficultés de recrutement avaient particulièrement affecté le centre d’Esch, de même que les conditions d’exercice qui ne permettaient plus d’y réaliser certains actes (pose de stérilets et d’implants). «Les recrutements réalisés fin 2018 et le déménagement dans les nouveaux locaux de la rue Ernie-Reitz, qui comprennent deux cabinets médicaux, ont permis à ce centre devenu extrêmement attrayant de reprendre sa croissance», se réjouit Ainhoa Achutegi.

Les abus sexuels

En 2019, l’équipe a été confrontée aux situations d’abus sexuels, une problématique lourde de conséquences pour les victimes et leur entourage : 90 personnes (dont 94 % de femmes) en 2019, dix de plus que l’année précédente. La prise en charge de personnes ayant subi des violences sexuelles, physiques ou psychologiques est une des préoccupations principales du Planning familial.

«Seulement 14 % des personnes ont porté plainte, soit 13 d’entre elles. C’est une action que l’on encourage, mais qu’on ne peut jamais forcer», précise le Planning dans son rapport. Or, dans 98,9 % des cas, l’abus a commencé avant l’âge de 18 ans, alors que seulement 13,3 % des victimes ont commencé leur thérapie avant cet âge. Le Planning familial revendique l’imprescriptibilité des crimes sexuels.

La loi de 2012 dispose que le délai de prescription de dix ans en matière d’abus sexuels concernant des mineurs ne commencera à courir qu’à partir de la majorité des victimes. En 2019, plus de 50 % des victimes avaient été abusées avant l’âge de 10 ans. «Le Planning familial ne fait aucun suivi d’ados, ils sont envoyés dans les instances pour enfants», souligne Ainhoa Achutegi.

Geneviève Montaigu

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