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Délinquants mineurs : «Il faut leur offrir des perspectives»


En service depuis novembre 2017, l’Unité de sécurité pour mineurs (Unisec) constitue une alternative adaptée pour la prise en charge de jeunes délinquants. L’encadrement reste cependant à parfaire afin de mieux préparer la réinsertion des délinquants mineurs dans la société.

Le Luxembourg a déjà été fustigé à maintes reprises pour le placement de mineurs au centre pénitentiaire de Schrassig, y compris par Claudia Monti, qui en tant que médiateur occupe aussi la fonction de Contrôleur externe des lieux privatifs de liberté. «Aucun mineur ne doit être placé en prison», a encore récemment insisté la nouvelle ministre de la Justice, Sam Tanson. Claudia Monti partage pleinement ce point de vue, même si elle ouvre une parenthèse : «À titre tout à fait exceptionnel, on peut s’imaginer qu’un jeune âgé entre 16 et 18 ans, auteur d’infractions très graves, puisse, après une évaluation psychologique, être mis en prison».

Pour tous les autres jeunes délinquants, dont le nombre reste pour l’instant limité, l’Unité de sécurité pour mineurs (Unisec) constitue une alternative mieux adaptée pour la prise en charge de ces adolescents. Deux ans après son ouverture en novembre 2017, cette «prison pour jeunes», souvent critiquée, a déjà pu faire ses preuves. En été 2018, un premier contrôle externe des installations a été effectué. Globalement, les services de Claudia Monti attribuent une bonne note à l’Unisec. Il reste toutefois encore des éléments à parfaire.

«L’Unisec ne doit pas rester un lieu clos»

«Bon nombre de recommandations ont obtenu un retour positif», constate Claudia Monti. Ce mercredi, les conclusions du rapport ont été présentées à la presse. Le profil des mineurs à placer à l’Unisec, voisine du Centre socio-éducatif de Dreiborn, reste ainsi à préciser. «Au départ, l’Unisec est destinée à accueillir des mineurs qui ont été condamnés à de la prison. Elle ne doit pas être détournée en y plaçant par exemple des fugueurs», détaille Claudia Monti.

«Il faut offrir des perspectives aux jeunes. Tout le monde en a besoin», reprend la juriste de formation. «L’Unisec ne doit pas rester un lieu clos. Il faut instaurer des sorties autorisées. Un contact régulier avec des proches doit aussi être assuré». Pour mieux évaluer ces mêmes perspectives, Claudia Monti plaide aussi pour que les jeunes enfermés à Dreiborn puisse échanger plus régulièrement en face à face avec le juge de la jeunesse qui les a placé. «La lecture des seuls rapports dressés par le personnel qualifié ne suffit pas pour juger l’évaluation du jeune».

L’encadrement de la sortie des mineurs reste défaillante

En principe, la durée du placement à l’Unisec est fixé à trois mois, période qui peut être prolongé par le juge compétent. L’assistance socio-éducative et psychologique qui doit permettre de préparer au mieux la réinsertion du jeune délinquant dans la société serait «exemplaire». Une permanence de nuit et une meilleure prise en charge médicale doivent selon Claudia Monti encore être mis en place.

Un problème majeur reste la période post-Unisec. Placer les mineurs concernés au centre socio-éducatif ne serait pas une option valable. «Les foyers pour jeunes refusent l’accueil de jeunes venant de l’Unisec. L’introspection nécessaire n’a pas encore lieu», déplore Claudia Monti. Le contrôleur externe des lieux privatifs de liberté espère donc que la future loi sur la protection de la jeunesse va définir des critères plus clairs pour assurer cette prise en charge. Les programmes pour prisonniers adultes seraient bien mieux avancés.

L’Unisec dispose de 12 places pour accueillir des jeunes délinquants. Jusqu’à présent, ce quota n’a pas encore été atteint. «Mon voeu est que l’Unisec n’affichera jamais complet», conclut Claudia Monti.

David Marques

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