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Débat sur l’enseignement du français à la crèche : « Un cas spécifiquement luxembourgeois »


Selon le gouvernement, il faudrait profiter de la disponibilité des enfants à l'âge de 2-3 ans. (illustration Isabella Finzi)

Dialogue de sourds, mardi, à la Chambre des députés entre le ministre Claude Meisch et l’auteur de la pétition contre l’enseignement du français dans les crèches.

Le projet de loi sur l’accueil plurilingue des enfants de 0 à 4 ans vise 20 heures de prise en charge gratuites. L’entrée en vigueur est prévue dans les crèches et au précoce dès septembre. La pétition publique 785 s’y oppose. Plus précisément, elle est contre l’initiation au français à la crèche et au cycle 1 et l’apprentissage oral du français au premier trimestre du cycle 2.1. Au lieu de cela, elle exige de renforcer le rôle du luxembourgeois dans les crèches et au cycle 1.

La pétition, ayant réussi à récolter 4 511 signatures en l’espace de six semaines, a dépassé les 4 500 signatures nécessaires pour obtenir un débat public. Son auteur, Jacques Dahm, enseignant au fondamental, assure que l’objet de sa pétition n’est en aucun cas dirigé contre la langue française en tant que telle. Seulement, les plans du gouvernement pourraient, comme l’a souligné hier l’enseignant, «surmener une partie des élèves». Introduire à ce stade le français ne pourrait se faire donc «qu’au détriment d’autres matières enseignées».

L’auteur de la pétition a déploré un projet de loi dont l’application pratique resterait incertaine. Selon Jacques Dahm, il faudrait faire de l’apprentissage du luxembourgeois la «base solide» pour celui, ultérieurement, d’autres langues.

Un enseignement «non classique»

Claude Meisch, visiblement énervé par l’exposé de l’invité du jour, a rappelé, à propos du projet de loi en question, qu’il ne s’agissait nullement d’un enseignement «classique» de la langue française, mais au contraire d’une approche ludique dans le but de familiariser les enfants avec la langue de Molière, à un âge où ceux-ci sont particulièrement réceptifs aux structures qui déterminent une langue.

«Vous avez confondu beaucoup de choses», a enchaîné le ministre, en reprochant au pétitionnaire de se baser sur des études datant des années 80 et, de surcroît, «très tôt» contredites. «Apprendre, comme nous le faisons, le français à l’âge de 7-8 ans, c’est trop tard», a souligné Claude Meisch dont le gouvernement a promis de fournir des ressources supplémentaires en enseignants, de l’ordre de 10%.

À tout cela, Jacques Dahm, l’auteur de la pétition 785, s’est contenté de répondre que de toute façon il n’y avait pas d’études fiables «à long terme» sur la situation des langues au Luxembourg, qui représente un «cas spécifiquement luxembourgeois».

Le projet de loi en question sera discuté ce mercredi en commission parlementaire et l’avis du Conseil d’État est également attendu ce même jour.

Frédéric Braun

Renforcer la langue de Dicks

Le but de la pétition qui a recueilli 4 511 signatures en six semaines est de «renforcer le rôle de la langue luxembourgeoise dans les crèches et au cycle 1 pour permettre aux élèves de pouvoir se baser sur une langue principale pour leurs apprentissages linguistiques futurs au cycle 2». Comme le soulignent les pétitionnaires, «le problème principal résulte du fait que la majorité des enfants ne maîtrisent pas leur langue maternelle à 100%, que ce soit le luxembourgeois, le portugais ou une autre langue».

Le jalon le plus important dans l’apprentissage des langues se situerait autour de 2-3 ans, lorsque les enfants commencent à se rendre compte des structures de la syntaxe d’une phrase, du rythme et de la mise en forme d’une langue. Constat partagé par le gouvernement, qui estime qu’il ne faut pas craindre de surmener les enfants, en profitant de cette «fenêtre temporelle» (Meisch), de cette disponibilité. Faux, dit l’enseignant Jacques Dahm qui redoute que les enfants, qui doivent distinguer entre langues parlées à la maison et langues apprises, se «perdent dans les langues».

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