Accueil | Politique-Société | Conventions collectives : le futur gouvernement devra « réformer la loi »

Conventions collectives : le futur gouvernement devra « réformer la loi »


Dans le même cadre de revendications, l'OGBL a de nouveau estimé que l'évolution des salaires au Luxembourg est trop faible. (Photo Julien Garroy)

Lors du grand meeting de ses syndicats professionnels jeudi, l’OGBL a lancé un appel à la révision de la loi sur les conventions collectives de travail afin de renforcer les droits de négociation des syndicats.

«La politique tarifaire est une priorité»

L’une des priorités absolues de l’OGBL est la révision de la loi sur les conventions collectives. «La politique tarifaire est une priorité pour nous», a souligné le président de l’OGBL, André Roeltgen, qui appelle le futur gouvernement à «réformer la loi sur les conventions collectives de travail, pour renforcer les droits de négociation des syndicats».

En ce sens, l’OGBL est d’avis que la législation sur la négociation collective actuellement en vigueur n’est plus adaptée à l’évolution de l’économie nationale et qu’il faut la moderniser. «La réforme doit notamment viser une augmentation du taux de couverture des conventions collectives, car le nombre élevé (50 %) de petites et moyennes entreprises ne permet objectivement plus au syndicat de négocier une convention collective pour chacune de ces entreprises», s’est exclamé le président de l’OGBL.

En effet, cette situation est à l’origine du fait «que de nombreux salariés ne relèvent pas d’une convention collective, qu’ils n’ont pas d’évolution salariale ou une évolution très faible, et ne connaissent pas d’améliorations en matière de conditions et de temps de travail», a encore martelé André Roeltgen. Pour l’OGBL, ce phénomène «profite en premier lieu aux patrons et aux actionnaires, alors que pour des milliers de salariés le droit à une convention collective devient purement théorique».

«Nécessité de mener une offensive salariale»

Dans le même cadre de revendications, André Roeltgen et Nico Clement (membre du bureau exécutif) ont à nouveau estimé que l’évolution des salaires au Luxembourg est trop faible. Ainsi, ils ont tous deux rappelé qu’il faut «mener une offensive salariale en agissant sur les trois volets qui composent le système de formation des salaires luxembourgeois».

Pour mémoire, les trois volets en question sont : l’index (ajustement automatique des salaires et traitements à l’évolution des prix), le salaire social minimum légal (SSM) et… la négociation collective entre syndicats et employeurs. D’où le lien entre la revendication de réformer la loi sur les conventions collectives de travail et celle de la nécessité de mener une offensive salariale. D’ailleurs, l’OGBL a réitéré que ces trois volets (ou piliers) ne devront jamais être remis en question, tout en revendiquant une fois de plus «une augmentation structurelle du SSM brut de 10 %», dixit André Roeltgen.

Digitalisation et réduction du temps de travail

L’avènement de la digitalisation, lié au temps de travail, offre des opportunités, mais présente également des risques, estime l’OGBL. La confédération syndicale invite le futur gouvernement à «s’engager en faveur de réformes progressistes qui modernisent notre droit du travail et améliorent l’organisation du temps de travail dans l’intérêt du salarié», a notamment indiqué David Angel, secrétaire central adjoint du syndicat commerce de l’OGBL.

De son côté, André Roeltgen a évoqué la nécessité de réduire le temps de travail afin d’augmenter le temps de vie (privée) et revendiqué que le futur gouvernement «s’engage en faveur d’une réduction générale du temps de travail sans perte de salaire, car la réduction du temps de travail ne contribue pas seulement à une meilleure protection de la santé du salarié et à une meilleure conciliation entre travail et vie privée, mais elle est aussi un moyen de lutter contre le chômage et le sous-emploi». Toujours dans le cadre de la digitalisation, l’OGBL revendique une meilleure réglementation du télétravail.

Différents types de congé

Pour l’OGBL, une réduction du temps de travail devra, en premier lieu, être introduite par le biais d’une 6e semaine de congé payé. Par ailleurs, la confédération syndicale est d’avis que le congé social est une deuxième mesure permettant une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, parce qu’elle permet au salarié de s’absenter pour accompagner, par exemple, des membres de sa famille dans le besoin, sans devoir recourir à son congé annuel de récréation. André Roeltgen et Nico Clement ont rappelé qu’ «un tel congé existe déjà actuellement dans la fonction publique et dans plusieurs conventions collectives».

L’OGBL estime d’ailleurs que le moment est venu de prévoir la généralisation du congé social par voie légale. De plus, l’OGBL défend le droit à la déconnexion du salarié, et revendique un ancrage légal du droit au temps partiel volontaire à durée déterminée, permettant aux salariés de choisir des options de temps de travail à temps partiel garanties pour les adapter aux besoins liés au cycle de vie spécifique (dans le cas, par exemple, de parents ayant des enfants en bas âge).

Par extension, l’OGBL souhaite que ce droit soit obligatoirement combiné à un droit de retour à un temps plein en fin de période et revendique que des mesures pour lutter contre le phénomène du temps partiel involontaire («imposé au salarié contre son gré, notamment dans les secteurs du nettoyage et du commerce», dixit David Angel) soient parallèlement mises en place.

Claude Damiani

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.