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[Communales] Käerjeng : toujours aussi indécis…


Le nouveau Käerjenger Trëff, tout juste inauguré, est un symbole des effets de la fusion. (Photo Alain Rischard)

Michel Wolter (CSV) gardera-t-il son fauteuil à Käerjeng ? Le LSAP, premier parti de la commune, et le DP, avec un nouveau leader très ambitieux, sont offensifs.

En 2011, juste après la fusion entre Clemency et Bascharage, les élections avaient été rocambolesques. Le LSAP sortait vainqueur des urnes mais une alliance inattendue entre le CSV, déi gréng et la Biergerinitiativ de Clemency court-circuitait les ambitions socialistes. Michel Wolter repartait donc pour un troisième mandat.

kaerjengAujourd’hui, l’issue du scrutin est tout autant incertaine qu’il y a six ans. Les inimitiés entre les candidats sont restées et la réorganisation du conseil communal pour ces premières élections post-fusion rend les pronostics hasardeux. En effet, en 2011, 17 postes étaient à pourvoir : 12 pour Bascharage et 5 pour Clemency. Le 8 octobre, il n’y aura plus que 15 élus, et pas de séparation entre les deux ex-communes.

Autre inconnue, la destination des votes qui étaient allés à la Biergerinitiativ der Gemeinde Kerschen (BIGK), aujourd’hui disparue. Avec les verts, la BIGK est le troisième partenaire de coalition du CSV de Michel Wolter. Le bourgmestre, en tout cas, témoigne d’une confiance à toute épreuve : «La fusion a été une réussite totale. Bascharage et Clemency ont réussi leur intégration dans Käerjeng.»

La manne octroyée par l’État pour ce rapprochement – près de 25 millions d’euros – a permis une politique de grands travaux comme les habitants n’en ont jamais vu. «Ma plus grande fierté est que nous ayons créé de vrais centres à Bascharage et Clemency. À Bascharage, désormais, on peut se rendre à pied de l’école et de la maison relais aux infrastructures sportives et culturelles, y compris la nouvelle Käerjenger Trëff et la nouvelle école de musique», se félicite l’ancien ministre de l’Intérieur.

Ce dynamisme, l’opposition ne le conteste pas. Yves Cruchten (LSAP) explique avoir soutenu les grands projets d’infrastructures, mais dresse le constat que «des 25 millions de la fusion, il ne reste rien». Une situation qui l’inquiète puisque tout ce qui avait été promis n’a pas été réalisé : «Il manque encore un centre d’intervention pour les pompiers, un centre culturel pour Clemency et des infrastructures routières, plaide-t-il. Il reste du travail, mais il n’y a plus d’argent.»

«La commune s’est bornée à bâtir»

Autre angle d’attaque pour le secrétaire général du LSAP : «Très peu a été fait pour la cohésion sociale. Bascharage compte 8 000 habitants, mais il n’y a qu’une classe de précoce ! La maison relais refuse une soixantaine d’enfants par an et certains doivent aller manger à midi dans une salle de classe. Ce n’est pas normal.»

Ces arguments sont très proches de ceux du DP qui a trouvé un nouvel homme fort en la personne de Gary Kneip, ancien président de la Confédération luxembourgeoise du commerce et du Conseil économique et social. «Avec ces 25 millions, la commune s’est bornée à bâtir et, du coup, les budgets de fonctionnement ont explosé. Sans compter que pour faire fonctionner ces nouvelles constructions, il a fallu embaucher beaucoup de personnel. Clairement, la bonne gestion financière n’a pas été une préoccupation majeure de la majorité sortante. Il faudra pourtant s’y plier car désormais, il falloir entretenir tout cela…»

Comme les socialistes, le DP veut miser sur le service au citoyen. «Lorsque la commune n’accepte pas qu’une mère enceinte laisse son premier enfant à la maison relais, cela pose problème. Il n’est pas normal qu’une commune impose sa vision de la politique familiale sur le dos des enfants.»

Si les libéraux ne disposent que d’un siège dans l’actuel conseil, ils se montrent ambitieux et visent trois représentants dans la nouvelle assemblée. Si ce scénario survenait, Gary Kneip reconnaît qu’une alliance avec le LSAP serait envisageable : «Nous n’aurions pas trop de mal à élaborer une base commune.» Les socialistes, eux, apprécient d’«avoir enfin trouvé un autre parti d’opposition» à leurs côtés. Le début d’une nouvelle idylle ?

L’arrivée de Fernand Kartheiser, qui a déménagé de Luxembourg vers Fingig il y a quatre ans, pourrait également modifier la donne. Car l’ambition de l’homme fort de l’ADR – élu à Luxembourg en 2011 – est claire : «Que le parti retrouve la place qu’il avait perdue en 2011.» Son credo : «Donner vie aux différentes localités de la commune, parce que pour l’instant, il n’y a vraiment rien.»

Michel Wolter, lui, ne s’emballe pas : «Je suis très optimiste puisque, avec les verts, nous avons bien travaillé. Si les électeurs se sentent mieux dans la commune aujourd’hui qu’il y a six ans, il n’y a pas de raison qu’ils nous retirent notre confiance.»

Erwan Nonet

Le contournement fait l’unanimité

L’engorgement croissant des rues de Bascharage est jugé invivable par tous les partis.

« Le problème est grave. Désormais, non seulement la rue de Luxembourg est saturée, mais les automobilistes cherchent d’autres solutions à travers les quartiers résidentiels qui deviennent à leur tour très encombrés », souligne Michel Wolter. Pour tout Bascharage, le contournement est jugé indispensable. «La commune doit être vigilante, indique Yves Cruchten. Le gouvernement a promis de déposer le projet de loi d’ici quelques mois, il faut qu’il le fasse.»

Michel Wolter assure «faire confiance au gouvernement», mais qu’il «ne se laissera pas faire». Il prévient même que l’État «ne devra pas sous-estimé la détermination de la commune» et ce, même si le tracé doit traverser une zone Natura 2000. Une protection que le bourgmestre juge d’ailleurs «illégale». Au cas où, il est prêt à déposer un recours en justice.

Seul l’ADR avance un discours différent. Fernand Kartheiser est pour le contournement – «la question politique la plus importante» – mais propose une solution «plus écologique» : «Le tracé est bon, mais nous ne voulons pas élargir la brèche actuelle. Nous proposons de creuser un tunnel comme dans le Gréngewald ou, au contraire, de surélever les voies.»

E. N.

Le conseil sortant
Bourgmestre : Michel Wolter (CSV).
expo Lëtzebuerg an den Eischte Weltkrich
Échevins : Josée-Anne Siebenaler-Thill (déi gréng), Jeannot Jeanpaul (BIGK), Richard Sturm (CSV).
Conseillers : Yves Cruchten, Mireille Duprel, Lucien Fusulier, Fred Reuter, Arsène Ruckert, Jos Thill (LSAP), Nico Funck (DP), Joseph Hames, Frank Pirrotte, Guy Scholler (CSV), Marc Hansen (déi gréng), René Robinet (BIGK), Danielle Schmit (indépendante).

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