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Chasse : la battue ne se laissera pas abattre


"La chasse doit servir la protection de la nature. L'équilibre doit être maintenu", insiste la ministre de l'Environnement. (illustration Didier Sylvestre)

Gouvernement et députés étaient d’accord vendredi pour ne pas interdire la battue. Contestée par une pétition, cette pratique de chasse fera par contre l’objet d’une modernisation et d’adaptations ponctuelles.

L’initiateur de la pétition revendiquant l’interdiction de la battue était catégorique, vendredi en début d’après-midi, à la Chambre des députés. « Nous incitons le gouvernement à mettre fin à cette pratique de chasse barbare et vétuste », a lancé Mike Clemens à la fin de son exposé pour convaincre députés et gouvernement à suivre l’appel des plus de 6 500 signataires de sa pétition.

Au cours du débat, il s’est avéré que les pétitionnaires n’étaient pas opposés à toutes les formes de chasse. Ils ne remettent ainsi pas en question la nécessaire régulation de la population de grand gibier dans les forêts luxembourgeoises.

La battue ne serait cependant plus la pratique adaptée. « Lors d’une battue, 60% des animaux ne sont pas touchés mortellement. Paniqués, ils continuent leur course et ne s’effondrent parfois que quelques jours plus tard », indique Daniel Frères, président de l’association de protection des animaux « Give us a voice », présent vendredi au côté de Mike Clemens.

Genève, modèle à suivre

La proposition alternative citée par les pétitionnaires est le modèle pratiquée dans le canton de Genève en Suisse. En 1974, la population a voté par voie de référendum l’interdiction de la battue. La régulation se fait depuis lors par des chasseurs professionnels, mais les interventions resteraient très rares.

Malgré ses arguments, la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, n’est pas sortie des sentiers battus. Il en va de même pour les députés siégeant dans les commissions des Pétitions et de l’Environnement. « On a un large consensus pour ne pas interdire la battue », a ainsi expliqué Nancy Kemp-Arendt, présidente de la commission.

« Servir la protection de la nature »

Il existe cependant une ouverture pour faire en automne un point sur tous les chiffres et faits qui concernent la battue. « La chasse doit servir la protection de la nature. L’équilibre doit être maintenu », insiste la ministre de l’Environnement. « Il est très important que la chasse reste acceptée par la société. On est donc disposé à moderniser et adapter la pratique de la battue, en misant notamment sur une meilleure formation des chasseurs », poursuit Carole Dieschbourg. Une autre option serait de miser davantage sur la « poussée silencieuse », une pratique de chasse plus « douce » selon la ministre.

« On est content que nos revendications ne soient pas tombées dans l’oreille d’un sourd. On salue aussi les adaptations annoncées, mais ce pas n’est de loin pas suffisant. On s’attendait à bien plus d’une ministre verte », conclut Mike Clemens. Le débat n’est donc pas encore clos. Mais pour l’instant, la battue ne se laissera donc pas abattre.

David Marques

Dossier complet à retrouver dans notre édition papier de ce week-end.

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