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Cargolux : la pression monte


Après l’OGBL, c’est au tour des autres syndicats de sermonner le géant du fret.

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Les syndicats ont qualifié les plans de Cargolux de « dumping social aux frais du Luxembourg ». (Photo : Didier Sylvestre)

Lors d’une conférence de presse conjointe, le syndicat LCGB et l’Association luxembourgeoise des pilotes de ligne (ALPL) ont constaté que malgré leurs « fortes appréhensions », Cargolux poursuit ses « plans de délocalisation », comme on peut le lire dans un communiqué.

En cause, Cargolux Italia, société fondée en 2008 pour profiter des droits de vol italiens vers l’Extrême-Orient. Cette dernière, « déficitaire depuis sa fondation » comme le rappelle Dirk Becker, de l’association des pilotes, opère actuellement avec deux avions et verra sa flotte augmentée de trois avions supplémentaires.

> « Qu’est-ce qui est plus social ? »

Dans les plans de la compagnie de fret aérien, il est prévu que parmi ces avions, cinq opèrent sur les routes de Cargolux Luxembourg avec des équipages italiens, mais depuis l’aéroport de Luxembourg (point sur lequel insiste particulièrement Dirk Reich, CEO de Cargolux). Tout cela pour réduire les coûts. Ce que le LCGB qualifie de dumping social « aux frais du Luxembourg ».

À la conférence de presse organisée une heure plus tard, à quelques mètres de là, Dirk Reich présente les choses différemment : « Qu’est-ce qui est plus social ? Garantir les postes au Luxembourg en produisant à moindre coût ou cesser les activités parce que nous ne pouvons voler en Afrique tout en restant compétitif ? Je pense que la première option est la plus sociale. Par conséquent, il est faux de parler de dumping social. »

Et d’expliquer longuement que la concurrence en provenance des pays du Golfe et de l’Asie a mis les secteurs européen et américain « sous une pression énorme ».

Dans leur communiqué, les syndicats estiment, en outre, que la « majeure partie des problèmes actuels » de Cargolux trouve son origine dans sa « condamnation pour fixation illégale des prix du kérosène ».

> 4 euros de dette contre 1 euro en capital propre

Richard Forson, directeur financier de Cargolux, évoque la difficulté de revendre des avions aujourd’hui : « Le temps que nous mettons à rembourser les avions est supérieur à leur temps de vie utile. » Quant à la dette courante de Cargolux, elle serait de « 4 euros de dette contre 1 euro en capital propre ».

Le conseil d’administration se réunira lundi. Dirk Reich est convaincu que le budget sera voté. Ce sera aussi l’occasion de faire le point sur Cargolux China.

Concrètement, Cargolux prévoit une réduction significative du salaire des nouveaux pilotes afin de l’adapter à la « norme sectorielle », sans toutefois toucher aux salaires existants.

Le CEO a aussi plaidé l’augmentation de la productivité à travers un accroissement du nombre actuel de jours de service disponibles. Il s’établit à 186 chez Cargolux et à 236 chez Cargolux Italia, avec une moyenne internationale se situant à 220 jours de service.

La compagnie voudrait aussi limiter à 20 % maximum les augmentations de salaire prévues pour la promotion de copilote à pilote. Actuellement de 50 %, soit de plus de 55 000 euros par an, elle est « bien au-delà de la norme sectorielle », selon Dirk Reich.

Et d’avertir : « Aussi longtemps que le LCGB refusera de discuter ces trois points, Cargolux n’a pas d’autre option que de faire des économies en passant par Cargolux Italia. »

Peu avant, Aloyse Kapweiler, du LCGB, venait de rappeler un plan proposé à la direction permettant d’économiser 12 millions de dollars, mais celle-ci l’aurait refusé. En effet, selon le syndicat, Cargolux pourrait se servir aisément de trois avions supplémentaires, sans payer plus cher, simplement en augmentant le nombre d’heures de vol des pilotes de 20 %, ce qui resterait bien en deçà de la limite européenne des 900 heures autorisées.

Pour Dirk Reich, l’acquisition de deux avions supplémentaires permet la création d’environ 150 emplois, dont les deux tiers au Luxembourg, plus 100 postes au Cargocenter et encore 100 dans le secteur sous-traitant.

Aloyse Kapweiler avait préféré s’interroger sur les répercussions qu’auront les avions manquants sur le marché du travail national. « Tout avion supplémentaire en Italie signifie moins de travail à Luxembourg », avait estimé Astrid Mosel, du Syndicat des employés de l’aviation (SEA), également présente.

De notre journaliste Frédéric Braun


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