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Brexit : «Une honte» pour les Britanniques du Luxembourg


Des participants à une manifestation anti-Brexit, en septembre 2017, place d'Armes à Luxembourg. (archives Hervé Montaigu)

Très majoritairement opposés au Brexit, les Britanniques du Luxembourg regardent d’un œil effaré le spectacle proposé par la classe politique outre-Manche et s’interrogent sur leur situation.

Avec 5 766 ressortissants au 1er janvier, les Britanniques représentent la septième communauté étrangère du Grand-Duché, selon le Statec, sans compter les 1 382 personnes qui possèdent la double nationalité luxembourgeoise et britannique. Conséquence des inquiétudes nées du Brexit, le nombre de naturalisations a explosé, passant de 43 en 2011 à 399 en 2018.

Suspension du Parlement, invectives jetées à la figure des uns et des autres… Pour certains Britanniques du Luxembourg, ce qui se passe du côté de Westminster est «une honte», explique ainsi Adam Walder, ancien journaliste du Luxembourg Times installé au Grand-Duché depuis 16 ans, pour qui le «Brexit a été créé sur des mensonges».

L’entrepreneur Philip Taylor, qui réside au Luxembourg depuis 1998, va même beaucoup plus (trop ?) loin : «Il y a des similitudes avec ce qui se passe au Royaume-Uni et la série actuellement diffusée sur la BBC (NDLR : référence télévisuelle en Grande-Bretagne) The Rise of the Nazis (NDLR : La Montée des nazis, série qui examine comment Hitler et les nazis se sont emparés du pouvoir et ont mis à mort la démocratie).

Pour John Chalmers, installé depuis 20 ans au Luxembourg, le Brexit est la conséquence de 40 ans d’ «UE bashing» : «Pas au Royaume-Uni mais en Angleterre en particulier, pour chaque problème interne, l’UE fait office de bouc émissaire.»

«Il y a trop de si »

Mais au-delà de la politique politicienne, les conséquences sont bien concrètes pour le citoyen lambda (lire encadré). Et c’est surtout «l’incertitude» entourant le Brexit qui suscite des craintes. «Même si les Britanniques du Luxembourg sont protégés pendant un an en cas de no deal, il y a trop de si», selon Adam Walder : «On nous dit : si on fait ça vous êtes protégés, si on fait ça, ça donne ça…»

«Pour l’instant, je ne fais rien par rapport au titre de séjour, je n’ai pas assez d’informations. C’est comme pour les entreprises au Royaume-Uni, elles ne savent pas quoi faire», abonde John Chalmers : «La seule certitude, c’est l’incertitude.»

Une incertitude qui pousse un grand nombre de Britanniques à demander la nationalité luxembourgeoise, comme le montre les statistiques du Statec. Adam Walder «voulait demander la nationalité depuis longtemps, mais le Brexit a accéléré le processus». Pour Philip Taylor, «le Brexit a été un déclencheur pour demander la nationalité». Quant à John Chalmers, demander la nationalité est un «plan B», lui qui reconnaît ironiquement n’avoir pas de plan A.

Mais les plus grandes interrogations se posent surtout à «ceux qui ne sont pas installés au Luxembourg depuis assez longtemps», constate Philip Taylor.

Le Quotidien

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