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Asselborn livre un tour du monde des différentes facettes de la misère


Pour Jean Asselborn, le monde se présente toujours plus «divisé, désorienté et dangereux, voire chaotique». (photo Isabella Finzi)

Jean Asselborn a fait mercredi sa déclaration de politique étrangère rappelant que le Luxembourg, à son niveau, luttera contre ceux qui balayent les valeurs fondatrices de l’UE en pleine crise existentielle.

Rien ne va plus en ce monde. Pendant une heure et demie, Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères, a livré un tour du monde des différentes facettes de la misère. Et par rapport à l’année dernière, c’est encore pire. Même l’Union européenne part en vrille.

Il occupe les ondes, les plateaux et les colonnes des journaux tout au long de l’année. Le ministre Jean Asselborn, qui se présentait devant les députés pour lire sa déclaration de politique étrangère, devait savoir qu’il n’apprendrait rien de neuf aux parlementaires sur ses positions qui font souvent grand bruit, tant il ne s’embarrasse pas du traditionnel tact diplomatique pour les exposer.

Le ministre des Affaires étrangères avait préparé son tour du monde qui se présente toujours plus «divisé, désorienté et dangereux, voire chaotique». Son discours d’une bonne quarantaine de pages a livré un tour d’horizon critique de l’actualité internationale faite de guerres civiles, de terrorisme, de populisme, d’autoritarisme et de drames humains comme ceux que vivent les réfugiés.

Rien ne prêtait à sourire pendant ce long discours débité à la vitesse d’un TGV. Comme s’il fallait passer rapidement sur toute la misère du monde et Jean Asselborn en a dressé un état des lieux exhaustif.

L’Union européenne n’échappe pas au constat. Le ministre rappelle qu’elle traverse «une crise existentielle», à la veille de célébrer les 60 ans de son traité fondateur, et plaide fermement pour un retour aux valeurs qui l’on fait naître : liberté, primauté du droit, de la démocratie, de la solidarité et de la dignité humaine. Des acquis qui sont pourtant devenus «un combat quotidien», comme il le souligne. Et comme une critique envers ceux qui lui reprochent de trop vite condamner ceux qui s’éloignent de ces valeurs, Jean Asselborn met en garde contre une trop grande indifférence des politiques face aux dérives populistes observées au sein de l’Union européenne.

Brexit, pas de pitié

La crise migratoire a fait tomber les masques et a démontré le manque de solidarité flagrant de certains États membres de l’ancien bloc de l’Est alors que la Grèce et l’Italie étaient contraintes de gérer seules l’afflux massif de migrants et d’aller les sauver, bien souvent, en pleine mer. Dans la voix de Jean Asselborn, on sent une certaine lassitude à marteler le même discours sur cette crise migratoire que l’UE n’a toujours pas réussi à résoudre.

Le départ du Royaume-Uni du club européen n’a en rien arrangé l’état déplorable dans lequel il se trouve aujourd’hui. Le Brexit n’a rien de bon pour aucune des parties, ni pour le Luxembourg, comme le souligne le ministre. Cependant, il est sans pitié. Les citoyens britanniques ne seront pas «punis», mais l’UE ne devra pas être lésée par rapport au Royaume-Uni. Bref, un divorce dans les règles, sans sentiment. Mais jusqu’à ce qu’il soit prononcé, les Britanniques continueront à profiter de leur carte de membre.

En attendant, les Européens ont intérêt à renforcer leur arsenal sécuritaire aussi bien à l’intérieur des frontières qu’à l’extérieur. Et en passant, ils ne devront pas oublier la dimension sociale, même si elle est loin d’apparaître comme une priorité.

Pour Jean Asselborn qui rappelle les cinq scénarios présentés par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, dans son livre blanc sur l’avenir de l’UE, dit sa préférence pour une Europe à plusieurs vitesses, pour une Europe qui fait moins, mais mieux.

Au chapitre de la politique internationale, la Turquie continue à chatouiller la sensibilité du ministre des Affaires étrangères. Mais tout en condamnant fermement l’inacceptable comportement d’Erdogan, Jean Asselborn souligne une nouvelle fois l’importance de maintenir le dialogue avec «ce partenaire stratégique».

Pour terminer sur une note plus optimiste, Jean Asselborn a annoncé la candidature du Grand-Duché au Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour la période 2022-2024.

Geneviève Montaigu

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