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Vidéos intimes sur internet : « Il s’est acharné sur la victime »


(illustration AFP)

Le parquet a requis 20 mois de prison à l’encontre d’un quadragénaire qui avait publié des vidéos intimes montrant une femme qu’il avait rencontrée sur internet. Vidéos où apparaissaient le nom et le lieu de résidence de la plaignante.

Harcèlement obsessionnel, outrage public aux bonnes mœurs, calomnie, injures, stalking… La liste des infractions reprochées au prévenu de 48 ans est longue. Les faits remontent à la période entre novembre 2012 et août 2013.

La victime avait fini par porter plainte. Et une enquête avait été ouverte. Dès sa première audition à la police, le quadragénaire avait reconnu les faits. À la policière, il avait déclaré avoir fait des choses qu’il n’aurait pas dû faire. Mardi après-midi, le quadragénaire a dû s’expliquer à la barre du tribunal correctionnel. Bien souvent ses réponses se sont perdues dans ses murmures. Ce sont surtout les questions du président qui ont retenti jusqu’au fond de la salle d’audience. «Comment en êtes-vous arrivé là ?» «Pourquoi avez-vous fait cette diffusion ?» «Pourquoi avez-vous continué à envoyer des SMS ?» «Quel était votre but ?»

Le quadragénaire avait fait connaissance de la victime sur un site de rencontre sur internet. Durant leur relation en 2008, trois vidéos intimes avec la femme avaient été réalisées via sa webcam. Des enregistrements qu’il n’avait toutefois pas supprimés lors de leur rupture. Pendant près de huit mois, il a importuné et harcelé la femme en la bombardant de SMS et courriels. Il avait fini par menacer de diffuser les vidéos si elle continuait de l’ignorer. Toujours dans l’espoir de la récupérer. Menace qu’il avait fini par exécuter.

À la barre, le prévenu explique avoir perdu le contrôle en raison de son abus d’alcool. À l’expert psychiatre, il avait également confié qu’il arrivait qu’il boive jusqu’à cinq à six litres de bière. Mais selon le témoin, le quadragénaire ne peut se réfugier derrière son problème d’alcool. L’expert évoque les difficultés du prévenu au niveau relationnel : «Pour lui, la séduction est plus importante que la relation.» Toujours selon l’expert, le quadragénaire ne présente pas de signes de troubles de personnalité, mais fait preuve d’une certaine immaturité au niveau de sa vie sentimentale. Depuis 2014, il suit d’ailleurs un traitement.

«Il n’a pas hésité à lui envoyer 500 SMS»

La victime réclame aujourd’hui 3 000 euros de dommages et intérêts pour le préjudice moral subi ainsi que 2 500 euros d’indemnités de procédure. «Il n’a pas accepté la rupture. Il n’a pas hésité à lui envoyer 500 SMS à teneur menaçante ou injuriante», soulève l’avocate de la partie civile. Elle note qu’en 2008/2009 le prévenu avait assuré avoir effacé les vidéos intimes. Or en 2015, la plaignante les aurait retrouvées sur internet avec son nom et lieu de résidence.

L’avocat du prévenu demande que la peine prononcée soit assortie du sursis intégral. «Lorsqu’il y a rupture, madame devient l’obscur objet de son désir. Cette digitalisation de la chose rend presque impalpables les conséquences de son acte», considère Me Arnaud Ranzenberger qui parle, par ailleurs, d’un énorme dérapage de son client.

Pour la représentante du parquet, le quadragénaire aurait dû savoir que son comportement affectait la femme, car à plusieurs reprises elle lui avait demandé d’arrêter. «En diffusant les vidéos sur internet, il a porté atteinte à l’honneur de la victime», récapitule la représentante du ministère public qui ne croit pas non plus en la version du prévenu selon laquelle il était toujours ivre : «Il s’est acharné sur la victime. Il menace de publier ses photos, de contacter son mari…C’est un vrai calvaire qu’elle a dû endurer.»

Le parquet requiert une amende et 20 mois de prison à l’encontre du prévenu. Il propose que la peine soit assortie d’un sursis probatoire avec l’obligation de ne plus contacter la victime et de poursuivre son traitement thérapeutique.

Prononcé le 23 mars.

Fabienne Armborst

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