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Une fillette de 3 ans, victime présumée du fils de sa nounou


Le prévenu a été décrit comme ayant une vision biaisée de ses capacités par l’expert neuropsychiatre.

Le prévenu ne s’imagine pas avoir pu commettre de tels faits et le psychologue n’imagine pas que sa victime présumée ait pu les inventer alors qu’elle n’est encore qu’une enfant.

Un jeune homme de 21 ans est accusé d’avoir mis son sexe dans la bouche d’une petite fille de 3 ans et demi, dont il avait la garde le 29 mai 2018 à Esch-sur-Alzette. À la barre de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, il nie les faits et ne s’en dit pas capable. Pour sa défense, il avance que sa victime présumée a pu assister à pareille scène d’une manière ou d’une autre et a répété ce qu’elle a vu en l’accusant à tort.

Pourtant, elle n’est pas la seule à avoir rapporté des gestes déplacés. Une autre enfant dont il avait la garde, s’en serait plainte, mais serait restée muette face aux policiers, ce qui avait valu un non-lieu au prévenu. Des contenus pornographiques et pédopornographiques trouvés sur son ordinateur et son smartphone plaident également contre lui.

Anna (prénom modifié) a raconté l’agression sexuelle dont elle aurait été victime à sa maman, le soir même, après le bain. Le prévenu, âgé de 18 ans à l’époque, aurait profité de l’absence de sa maman, assistante maternelle, pour agresser la petite. Les deux familles ne parviennent pas à y croire. D’autant plus que le comportement de la victime présumée avec le prévenu est resté le même après les faits, selon une enquêtrice du service de protection de la jeunesse.

«La petite n’avait pas peur de lui. (…) Elle n’a commencé à pleurer que quand sa maman lui a dit que ce que le prévenu lui avait fait ne se faisait pas.» Inquiète, la maman du prévenu s’en est ouvert à une formatrice qui a dénoncé les faits présumés.

«Je ne pense pas qu’une enfant aussi jeune puisse avoir inventé un tel récit à moins d’avoir été confrontée à une scène similaire avant. Ce qui ne semble pas être le cas», a précisé un expert psychologue qui n’a pas pu conclure avec certitude à la crédibilité de la fillette étant donné son très jeune âge. Il a cependant estimé qu’Anna n’a pas vécu les faits comme une agression, mais culpabiliserait de les avoir dénoncés parce qu’elle a ainsi rendu son entourage triste. De même que le prévenu. Jusque-là, l’enfant n’avait pas pris la pleine mesure de la gravité de ce qui lui serait arrivé.

Une histoire hasardeuse

«Je l’ai prise sur les genoux et je lui ai demandé si je lui avais fait du mal. Elle m’a répondu que non», se défend le prévenu. «Pourquoi avez-vous fait cela? On pourrait considérer cela comme une tentative d’intimidation. Quand on vous reproche de telles choses, un réflexe est d’éviter les contacts physiques», s’étonne la présidente de la chambre criminelle. «Pour moi, comme je n’ai rien fait, cela ne prêtait pas à confusion», répond le jeune homme. «Cela me dérange un peu que vous n’ayez pas de vous-même gardé vos distances avec la fillette», commente la juge qui commence à perdre patience.

Le prévenu, lui, a du mal à mettre des mots sur les faits qui lui sont reprochés. Il se défend mollement et suppose que la petite a pu voir ce type d’actes sur le smartphone de sa maman qui le lui prêtait souvent. «C’est hasardeux comme histoire! La petite ne savait ni lire ni écrire. Alors, il faut présupposer que sa maman avait regardé des vidéos pornographiques et que la petite les a réactivées.» La présidente coupe l’herbe sous le pied du jeune homme qui ne sait plus quoi répondre.

«Je ne peux pas inventer d’autres explications», tente-t-il. Il bégaye qu’il n’arrive pas à s’imaginer capable de tels actes. Quid des mangas et des deux vidéos pédopornographiques retrouvés sur son ordinateur et de son smartphone? Ils proviennent certainement des précédents propriétaires des deux appareils. L’un d’eux bidouillait avec des pièces détachées, sous-entend le prévenu. C’est l’excuse de trop pour la présidente qui a décidé de clore l’audience et de poursuivre ce matin.

Au neuropsychiatre qui l’a examiné après les faits présumés, le prévenu a insinué que la petite avait un langage inapproprié pour son âge, fort sexualisé et vulgaire. Le jeune homme est apparu à l’expert comme trop sérieux pour son âge, peu actif en dehors de sa famille qu’il «idéalise un peu trop», de l’avis de l’expert qui précise qu’il semble tenir la sexualité et le plaisir à distance.

En dehors de sa difficulté à couper le cordon, le jeune homme n’aurait pas de troubles de la personnalité, ni de tendance pédophile. Son immaturité sexuelle ne serait, selon lui, cependant pas incompatible avec la probable commission des faits. Le prévenu aurait pu essayer avec l’enfant, ce qu’il ne s’autorise pas avec une jeune femme.

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