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Un kiné jugé pour attentats à la pudeur : «Il a touché les seins de sa patiente»


Les faits reprochés ayant eu lieu dans son cabinet dans le nord du pays, le kinésithérapeute a été jugé en première instance à Diekirch. Le procès devant la Cour d’appel a lieu à Luxembourg. (Photo : Fabrizio Pizzolante)

Condamné en première instance à 2 500 euros d’amende pour attouchements, le kiné s’est défendu vendredi à la barre de la Cour d’appel. Il nie les gestes déplacés. Mais, pour le parquet général, il a abusé de ses fonctions.

«Vingt-trois ans que je travaille comme kinésithérapeute. Je soigne des centaines de personnes. Je veux faire du bien, pas du mal…» Le kinésithérapeute, âgé de 50 ans, n’est pas d’accord avec le jugement du tribunal correctionnel de Diekirch qui l’a condamné, à l’automne 2019, à 2 500 euros d’amende pour attentats à la pudeur. Car il conteste fermement avoir commis le moindre geste à connotation sexuelle sur la jeune femme qui le consultait pour des problèmes de nuque, ce 2 juin 2017. C’était la deuxième séance qu’elle avait avec lui.

«Peut-être ai-je un peu trop insisté au niveau du sternum. Elle avait les yeux fermés. Si j’avais vu une réaction, j’aurais posé la question. Mais elle avait l’air de se sentir bien», a ajouté le quinquagénaire, qui a son cabinet dans le nord du pays, à la barre de la Cour d’appel, vendredi matin.

Selon ses explications, il se trouvait dans une «démarche purement thérapeutique». Dans le cadre de cette «thérapie manuelle», pour essayer de trouver la cause du problème de sa patiente, il aurait été amené à tester différentes zones du corps. «Quand on pose la main au niveau du sternum, le côté de la main touche peut-être un peu les seins», finira-t-il par dire. «Il y a certainement eu une incompréhension. Mais son intention n’était pas de porter atteinte à l’intégrité de la patiente», a renchéri son avocat, Me Gennaro Pietropaolo. Soulevant son absence de casier judiciaire, il a plaidé l’acquittement : «Il a une dizaine de patients par jour et cela depuis plus de 20 ans. Et il n’y a jamais eu de problèmes.»

«Ce n’était pas un geste thérapeutique»

«C’est toujours délicat de trancher une affaire d’attentats à la pudeur concernant un professionnel de santé», a remarqué la représentante du parquet général au début de son réquisitoire. Mais dans ce dossier, elle partage la position des premiers juges. «J’estime qu’il est établi que lors de la séance du 2 juin 2017, il a touché les seins de sa patiente.» Et cela n’aurait pas été un «geste médical ou thérapeutique. Ce n’était pas non plus un geste accidentel : c’était un geste ciblé et déterminé!»

Alors que les déclarations de la plaignante seraient restées constantes sur le point crucial, tel n’aurait pas été le cas pour le prévenu. «Après avoir catégoriquement nié avoir touché les seins – ni de manière délibérée ni de manière accidentelle –, il a changé son fusil d’épaule lors du procès en première instance : il a commencé à expliquer qu’il y avait eu massage du sternum.»

Le parquet général constate également que la patiente n’avait pas couru à la police pour porter plainte sur un simple coup de tête. Quatre jours s’étaient écoulés. Elle aurait pris le temps de réfléchir et d’en parler à plusieurs proches. Par une amie kiné, elle s’était ainsi fait confirmer que cela ne faisait partie d’aucune thérapie de toucher des seins pour des maux de tête ou de nuque. «Son absence totale de réaction» n’étonne guère la représentante du parquet général : «C’est classique pour ce genre de dossiers. Madame était confuse.»

«Une simple amende est une peine trop clémente»

Ce qui rend l’infraction d’autant plus grave, d’après le parquet général, c’est que le quinquagénaire l’a commise dans le cadre de sa profession. Voilà pourquoi il y aurait lieu de retenir la circonstance aggravante qu’«il a abusé de son autorité que lui confèrent ses fonctions.» Ce qui élargit la fourchette des peines. «Pour moi, une simple amende est une peine trop clémente», considère la représentante. Outre l’amende de 2 500 euros, elle a donc requis trois mois de prison, sans s’opposer à un sursis. Dans son réquisitoire, elle a également fait savoir qu’une deuxième affaire contre le prévenu était actuellement pendante devant le cabinet d’instruction de Diekirch. Enfin, elle n’aura pas manqué de rappeler qu’il y a possibilité de prononcer une interdiction d’exercer la profession. «Mais on peut en faire abstraction étant donné qu’il s’agit de sa première affaire.»

La partie civile, qui s’est vu allouer 750 euros de dommages et intérêts ainsi qu’une indemnité de procédure de 500 euros en première instance, n’avait pas fait appel. Présent à l’audience, son avocat, Me Wiltzius, a sollicité la confirmation du premier jugement. «Il n’est pas vrai que chez un kiné on s’attend à être touché partout», a-t-il insisté.

La Cour d’appel rendra son arrêt le 22 décembre.

Fabienne Armborst

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