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Trafic de drogue à Wasserbillig : les prévenus minimisent leur implication


(Illustration : Police Grand-Ducale)

Les treize prévenus entendus mercredi à la barre ont déclaré ne pas connaître les chefs du réseau nigérian de Wasserbillig démantelé en 2015.

Je n’ai pas reçu de drogue de la part d’Henry P. Je n’avais pas de contact avec lui.» Voilà le refrain des treize prévenus originaires du Nigeria entendus à la barre de la 12e chambre correctionnelle au deuxième jour du procès mercredi.

Selon l’enquête policière, Henry P. assurait quotidiennement l’approvisionnement en produits stupéfiants du réseau nigérian établi au 33 Grand-Rue à Wasserbillig. C’est à cette adresse que les substances illégales étaient préparées et cachées avant que les dealers assurent leur vente dans le quartier de la Gare à Luxembourg.

Les treize présumés dealers entendus mercredi ont tous occupé avant leur arrestation le 27 octobre 2015 une chambre pour 20 euros la nuit dans le fameux immeuble à Wasserbillig appartenant à Joseph E. Or selon leurs déclarations, le propriétaire, ils ne l’ont pratiquement jamais rencontré.

«Qui était le chef à Wasserbillig? Chez qui vous plaigniez-vous par exemple quand l’eau de la douche était froide?» De tous les prévenus, le président a voulu savoir qui encaissait l’argent. La réponse des prévenus est unanime : c’est Bekky T., la seule femme sur le banc des prévenus, qui gérait l’immeuble.

Les prévenus ont non seulement déclaré ne pas connaître les deux principaux prévenus Henry P. et Joseph E. dans cette affaire, mais à tour de rôle ils ont aussi tenté de minimiser leur propre rôle : «C’est vrai que j’ai vendu un peu de drogue au Grand-Duché. Mais dans des quantités largement inférieures de ce que dit l’enquête.» Le tribunal a toutefois du mal à croire la version selon laquelle Henry P. n’a livré aucun d’entre eux : «Lors de la perquisition à Wasserbillig, on a retrouvé de la drogue dans tous les coins. La composition est la même que celle retrouvée au domicile de Henry P. à Athus.» «Les drogues trouvées dans ma chambre à Wasserbillig ne m’appartenaient pas», s’est défendu Daniel I., qui dit avoir passé 153 nuits à Wasserbillig sans y avoir vu qu’on y proportionnait la drogue.

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Du dossier, il ressort que plusieurs prévenus ont eu des contacts téléphoniques avec Henry P. Le prévenu Solomon O. a justifié aux juges ses 51 contacts de cette façon : «Je suis un homme d’affaires. Je fais des annonces sur internet et sur les voitures. Donc beaucoup de monde m’appelle.»

15 000 euros pour acheter un bus ?

Entre Kingsley I. et Henry P. 14 contacts téléphoniques ont pu être établis. «À l’époque, je vivais à Longwy. J’avais un problème avec ma copine. Je recherchais un logement. Un ami m’a filé le numéro d’Henry P.», a-t-il tenté de convaincre les juges.

Parallèlement à ces contacts téléphoniques, le tribunal a soulevé les sommes faramineuses que certains prévenus ont versées à l’étranger. Ainsi, Jude I., qui prétend avoir vendu moins de 166 g de cocaïne, avait envoyé 16 598 euros à l’étranger. «Comment arrivez-vous à faire cela, alors que vous n’avez pas de sous et prétendez ne pas vendre des drogues?», l’a interrogé le président. Le prévenu raconte que c’est un oncle au Nigeria qui lui a envoyé 15 000 euros pour qu’il lui achète un bus : «Mais quand j’ai reçu l’argent, le prix des bus a augmenté. Comme il a refusé de m’en donner plus, je lui ai renvoyé le tout.»

Lors de l’audience mercredi, les prévenus ont déballé encore bien d’autres histoires tentant tant bien que mal de s’expliquer. Adolphus O., qui a versé plus de 8 000 euros à l’étranger, dit s’être enrichi en tant que joueur. Le président : «Vous jouez à quoi?» Le prévenu : «Au foot!» «Cela devient de mieux en mieux. Pour quel club avez-vous donc joué? Pour la BGL Ligue?», réplique le président. «Non je joue sur des machines dans un café restaurant africain près de la Gare.»

Les deux premières audiences ont permis d’entendre la position de chacun des 21 prévenus. Le procès a continué ce jeudi matin avec l’audition des enquêteurs.

Fabienne Armborst

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