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Trafic de cocaïne à Esch : «Si je mens, je vais vous énerver…»


A la barre, le prévenu de 39 ans a contesté les calculs des enquêteurs et a tenté d'amadouer les magistrats. (illustration Editpress)

Condamné à quatre ans de prison ferme pour avoir mené un florissant trafic de cocaïne à Esch en 2016, le trentenaire a tenté d’amadouer les magistrats de la Cour d’appel, lundi après-midi.

C’est le dealer qui avait pris la poudre… d’escampette lorsqu’il avait eu vent des poursuites qui le concernaient fin 2016. Quand, fin 2017, cinq personnes (âgées de 27 à 47 ans) avaient été jugées pour avoir participé à son florissant trafic de cocaïne à Esch, il se trouvait toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt européen (MAE).

Il avait fallu patienter encore plusieurs mois jusqu’à ce que la présumée figure centrale de ce dossier puisse finalement être interpellée à Paris en 2019. En première instance, Raoul A., qui dort aujourd’hui à Schrassig, avait pris quatre ans de prison ferme. L’enquêteur avait fait le calcul : en 2016, il avait revendu au moins de 2 kg de coke pour 132 000 euros.

Des chiffres que le prévenu de 39 ans a fortement contestés à la barre de la Cour d’appel, lundi après-midi. «C’est vraiment trop ! Aussi, le jugement est trop sévère.»

«Je vous jure. Je ne veux pas vous mentir. Si je mens, je vais vous énerver…», a-t-il tenté afin d’amadouer les magistrats.

– Si on est honnête, on ne prend pas la fuite si on n’a rien fait…

– Soyez indulgents avec moi ! Je vous promets de quitter le Luxembourg à ma sortie de prison…»

Plus de 12 000 communications

L’enquête menée par le SREC Esch avait été essentiellement alimentée par des écoutes, observations et déclarations de toxicomanes. Sur la période de six mois, entre avril et octobre 2016, les enquêteurs avaient ainsi réussi à retracer plus de 12 000 communications sur les deux portables du prévenu. «Ne dites pas que vous n’avez fait que consommer ensemble…», a insisté la présidente avant de tenter de passer en revue la liste contenant la vingtaine de consommateurs.

«Les noms ne lui disent rien. C’est un exercice très difficile pour lui», interviendra Me Philippe Stroesser. L’avocat du prévenu plaidera pour une réduction de peine. «Mon client était le bouc-émissaire idéal pour les autres quand il n’était plus là.» La quantité de drogue calculée sur la base des déclarations de clients serait aussi surévaluée. Car ce n’est qu’au cours de l’été 2016 que Raoul A. indique être retourné au Luxembourg.

Le représentant du parquet général s’oppose à une réduction de peine. Il note que deux autres protagonistes condamnés dans cette affaire ont pris trois ans. Raoul A., pour sa part, aurait eu en sa possession des quantités de coke bien plus importantes. Et d’appuyer : «Aucun élément ne prouve qu’il soit revenu à l’été 2016.» Le premier avocat général demande donc à la Cour d’appel de confirmer les quatre ans de prison prononcés en première instance. «Le sursis n’est juridiquement plus possible», a-t-il précisé.

Condamné en 2014 pour trafic de stupéfiants à 18 mois, partiellement assortis du sursis, le trentenaire était sorti de prison en mars 2015. «Il n’a rien appris de sa leçon. Quelques mois plus tard, il est revenu pour revendre…», constate le parquet général. Prononcé le 12 février.

Fabienne Armborst

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