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Pédopornographie : jugé pour avoir détenu plus de 4500 photos à 20 ans


L'un des deux portables du jeune homme grouillait de matériel pédopornographique. Tout son matériel informatique avait été saisi par la police judiciaire lors d'une perquisition début mai 2018. (Illustration : AFP)

En 2018, plus de 4500 images à caractère pédopornographique avaient été saisies chez un jeune homme de 20 ans. Son procès a eu lieu lundi après-midi. Ses déclarations chez l’expert psychiatre donnent froid dans le dos.

«C’est presque une chance que cela vous soit arrivé et que vous vous retrouviez devant le tribunal. Car une dépendance va de pire en pire. Dommage que vous n’ayez pas encore entamé votre thérapie. Vous auriez gagné près d’un an…», lance la présidente. Face à elle, un jeune homme de 22 ans. Le jour où la police judiciaire a frappé à son domicile, il avait même 20 ans. La raison? Son activité sur internet et plus particulièrement son penchant pour la pédopornographie. Le 7 décembre 2017, il a téléchargé et envoyé via Messenger de son compte Facebook cinq photos représentant des filles nues âgées de 8 à 11 ans. Au premier plan de ces clichés, leurs parties intimes.

À l’instar de la vaste opération policière qui a mené à 46 perquisitions début juillet 2020, c’est via Europol que les enquêteurs luxembourgeois ont reçu le signalement. Le National Center for Missing and Exploited Children (NCMEC) aux États-Unis avait donné l’alerte. Lorsque les réseaux sociaux détectent des photos illicites, ils sont en effet obligés de le notifier au NCMEC.

À l’aide des données des internautes, qui remontent via Europol aux forces de l’ordre, une enquête peut être ouverte. Grâce à son adresse e-mail, son nom et son téléphone, les enquêteurs luxembourgeois avaient rapidement identifié le jeune homme. Lors de la perquisition chez lui début mai 2018, ils avaient saisi ses deux ordinateurs et deux portables.

Le jeune homme leur avait expliqué avoir recherché du matériel pornographique et ne pas s’intéresser aux mineurs. Les images auraient été téléchargées contre son gré. Car il aurait effectué cet envoi uniquement pour pouvoir ouvrir les images pixellisées qu’il avait trouvées sur un site. Une explication que l’enquêteur entendait pour la première fois.

Avec la synchronisation de son compte Google, tout le matériel avait atterri sur son nouveau portable, avait-il précisé. En raison d’un problème avec le mot de passe, cette déclaration n’a toutefois jamais pu être vérifiée.

«Aujourd’hui, j’ai changé»

Toujours est-il que l’exploitation de l’ensemble du matériel informatique saisi avait dévoilé autre chose. Les enquêteurs avaient bien décelé 161 images pornographiques. Mais également pas moins de 4 523 images pédopornographiques sur trois de ses supports informatiques. Des images représentant de graves abus d’enfants. «Des jambes écartées, des fellations avec adultes… Certaines images montrent même des enfants de moins de cinq ans», récapitulait lundi après-midi l’enquêteur de la section protection de la jeunesse de la police judiciaire. Sa conclusion : «La proportion montre son intérêt accru et que ce n’était pas seulement une action unique.»

Ce n’est que chez le juge d’instruction qu’il avait reconnu avoir regardé du contenu pédopornographique. Et depuis l’âge de 15 ans de la pornographie… «J’ai regardé tout cela, oui.Aujourd’hui, j’ai changé», ajoutera le prévenu face aux juges lundi. Mais là où le bât blesse, c’est qu’il n’a encore entamé aucune thérapie. Et ce, malgré le fait que l’expertise psychiatrique réalisée en septembre 2019 le préconise.

«Les enfants ne pleurent pas, ils rient»

Jetant un coup d’œil dans le dossier, la présidente dira : «J’ai l’impression que vous ne comprenez pas quand on lit vos déclarations à l’expert. Vous dites que « les enfants ne pleurent pas, ils rient. Les images se trouvent sur internet, alors on peut les regarder (…) ».» «Mais ces enfants ne rient pas et ces images ne sont pas non plus truquées. Voilà pourquoi vous devez parler à un spécialiste…», lui dira-t-elle pour tenter de le persuader.

La défense plaidera en faveur d’une suspension du prononcé. «Il est très jeune, n’a pas d’inscription dans son casier judiciaire et travaille», estime Me Stéphane Sunnen. Certes son client n’a commencé aucune thérapie, mais en pleine crise du coronavirus, il lui aurait été difficile de trouver un spécialiste.

Tendance pédophile : un traitement s’impose

Or du côté du parquet, un autre son de cloche s’est fait entendre : «À part qu’il n’a pas d’antécédent, je ne vois pas de circonstance atténuante», dira son représentant. «Il a délibérément cherché de la pédopornographie. Le nombre d’images le prouve. Il minimise les faits reprochés, il n’est pas conscient de la gravité.» Et d’insister : «Tous ceux qui consultent de la pédopornographie sur internet contribuent au fait que de telles images soient fabriquées.»

L’expert conclut que le prévenu a une tendance pédophile, mais qui n’affecte pas sa faculté de perception. Le pronostic d’avenir serait plutôt favorable à condition qu’il fasse un traitement sur la longue durée. Voilà pourquoi le parquet requerra une amende appropriée et 18 mois de prison assortis intégralement d’un sursis probatoire avec l’obligation de se faire aider par un psychiatre.

La 9e chambre correctionnelle rendra son jugement le 23 juillet.

Fabienne Armborst

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