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Octogénaires dépouillés de leurs bijoux : le troisième homme condamné à 4 ans de prison ferme


Selon l'enquête, les auteurs ont repéré leurs victimes au City Concorde à Bertrange. Ils les ont suivies en voiture jusqu'à chez elles. (Photo : archives lq/Julien Garroy)

Deux hommes ont déjà été condamnés pour avoir participé au vol avec violences à Senningen le 4 juillet 2015. Kevin P. s’en sort mieux qu’eux. Car trois de ses sept ans de réclusion sont assortis d’un sursis.

Kevin P. (30 ans) est le troisième homme qui a atterri sur le banc des prévenus dans cette affaire de vol avec violences sur un couple d’octogénaires à Senningen le 4 juillet 2015. Entre le moment où il a été dénoncé en 2016 et son arrestation, plus de trois ans se sont écoulés. Lorsqu’il a été interpellé près de Metz le 17 juillet 2019, puis extradé au Grand-Duché le 9 septembre 2019, son oncle Ringo P. (51 ans) et Désiré S. (44 ans) avaient tous deux déjà été jugés coupables : 7 ans de réclusion ferme. Et la décision était passée en force de chose jugée.

Ce sont les deux hommes en compagnie desquels Kevin P. a été aperçu sur les images des caméras de vidéosurveillance dans le centre commercial City Concorde à Bertrange. Qu’il était avec eux, le trentenaire ne le conteste pas. Mais c’est tout. Il conteste avoir délibérément suivi le couple âgé dans la galerie marchande. «Si on veut suivre une dame de 80 ans, on n’a pas besoin d’être à trois personnes.»

Nées en 1928 et 1930, les victimes avaient été attaquées devant leur maison en plein jour, vers 14 h, alors qu’elles étaient en train de décharger leurs courses. Les malfrats s’étaient enfuis avec leurs bijoux d’une valeur de plusieurs milliers d’euros. Les blessures subies par l’épouse étaient impressionnantes. Toute la peau de son bras était arrachée. Son annulaire était plus qu’enflé tellement on avait tiré fort sur ses bagues. Finalement, après avoir mouillé son doigt dans sa bouche, elle les avait elle-même remises à son agresseur.

«Mon ADN n’est pas sur cette dame»

«Mon ADN n’est pas sur cette dame. Si j’avais agressé une personne, il y aurait eu mon ADN», s’était défendu Kevin P. à la barre. Or l’absence de son ADN ne peut le disculper, avait estimé la représentante du parquet. L’ADN de Désiré S. avait été retrouvé sur le t-shirt de l’épouse. Et quand on sait que Kevin P. est monté dans la même voiture que lui, avec Ringo P., 20 minutes avant les faits… C’est ce qui faisait dire au parquet que Kevin P. a bien accompagné les deux hommes à Senningen.

Un autre élément sur lequel il s’appuyait : les observations des témoins. Un couple qui traversait Senningen en voiture en ce début d’après-midi avait aperçu trois individus gantés courir vers une Mercedes Classe A. Enfin, il y avait la description d’un des agresseurs par l’octogénaire : il portait un t-shirt blanc, des baskets blanches et un short de couleur sombre. Ce qui correspondait à la tenue vestimentaire de Kevin P. sur les caméras de surveillance.

Plus de 468 000 euros à payer aux victimes

«Il a participé de la même façon qu’eux, pas moins», avait dit la représentante du parquet pour justifier les sept ans de réclusion ferme requis. D’après elle, Kevin P. n’était digne d’aucune clémence. La 13e chambre criminelle a vu les choses différemment. Jeudi après-midi, elle a condamné le trentenaire à sept ans de réclusion, dont trois avec sursis. Il est toutefois placé sous le régime du sursis probatoire pendant la durée de cinq ans avec l’obligation d’indemniser les victimes. Pour les bijoux volés et les vêtements endommagés, l’épouse se voit allouer 467 984, 21 euros et son époux 500 euros. Il s’agit des montants qui figurent déjà dans l’arrêt de la Cour d’appel du 27 mars 2018 condamnant les deux premiers prévenus Ringo P. et Désiré S. Le préjudice lié à l’atteinte à l’intégrité physique des victimes devait être évalué par expertise. À cela s’ajoutent 2 000 euros d’indemnités de procédure.

Kevin P., qui se trouve en détention préventive à Schrassig depuis son extradition, a 40 jours pour interjeter appel.

Fabienne Armborst

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