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Le milliardaire russe Kerimov risque une mise en examen pour blanchiment de fraude fiscale


Le milliardaire et sénateur russe Souleïman Kerimov a été arrêté lundi à Nice (France), à sa sortie d'avion (photo: dr)

Le milliardaire et sénateur russe Souleïman Kerimov, dont l’arrestation à sa descente d’avion lundi soir en France, à Nice a provoqué la colère du Kremlin, risquait d’être mis en examen mercredi dans le cadre d’un dossier de blanchiment de fraude fiscale.

L’affaire, à l’instruction depuis trois ans, n’avait jusqu’ici pas fait la Une bien qu’elle ait donné lieu à des saisies, une perquisition en février et les mises en examen d’un avocat fiscaliste de la Côte d’Azur et de deux hommes d’affaire suisses.

Avec l’interpellation lundi soir à Nice de Souleïman Kerimov et son placement en garde à vue, la justice française a frappé plus fort: le milliardaire est détenteur d’un passeport diplomatique, qu’il n’aurait pas utilisé lundi, voyageant pour raisons privées.

Le chargé d’affaires français à Moscou a été convoqué après que la Douma, chambre basse du Parlement, votait une résolution dénonçant une violation de la convention de Vienne sur l’immunité diplomatique.

« Le statut de sénateur de Souleïman Kerimov, ainsi que le fait qu’il soit citoyen de la Russie, constituent un gage que nous entreprendrons tous les efforts possibles, les efforts maximaux pour protéger ses intérêts juridiques », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

« Monsieur Kerimov bénéficie d’une immunité de juridiction pénale étrangère pour les seuls faits accomplis dans l’exercice de ses fonctions », a pour sa part réagi le Quai d’Orsay.

Souleïman Kerimov est soupçonné de s’être approprié plusieurs propriétés mitoyennes sur la magnifique presqu’île du Cap d’Antibes par des achats successifs réalisés sous un prête-nom et pour un montant sous-déclaré. Il pourrait avoir à rembourser « plusieurs dizaines de millions d’euros » au fisc français, selon une source proche du dossier.

C’est au détour d’une banale enquête pour trafic de stupéfiants que la police française a été mise sur la piste, intriguée par les allées et venues suspectes avec de l’argent liquide de la secrétaire de l’avocat fiscaliste antibois Philippe Chiaverini.

Mercredi, après deux nuits au commissariat, Souleïman Kerimov risquait d’être mis en examen, dans le cadre de cette information judiciaire ouverte pour « blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée en bande organisée ».

Accident de Ferrari

Deux avocats l’assistent: Nikita Sichov et Kami Haeri. Ils n’ont fait aucun commentaire dans l’immédiat.

Classé 21e fortune de Russie par le magazine Forbes, qui estime son patrimoine à 7 milliards de dollars (6 milliards d’euros), l’oligarque de 51 ans est un familier de la Côte d’Azur. Il avait défrayé la chronique fin 2006 avec un accident en Ferrari à l’entrée de la Promenade des Anglais. Il avait été longuement hospitalisé pour des brûlures.

En septembre, Nice-Matin avait révélé que la somptueuse villa « Hier » au Cap d’Antibes, évaluée à 150 millions d’euros et dont le milliardaire était soupçonné d’être le propriétaire occulte, avait été frappée d’une saisie pénale quelques semaines auparavant. Dans un droit de réponse, le financier suisse Alexandre Studhalter avait annoncé un recours contre cette saisie et démenti être l’homme de paille de Souleïman Kerimov.

Le nom d’un autre entrepreneur suisse, Philippe Borghetti, apparaît dans le dossier. Tout comme MM. Chiaverini et Studhalter, il est mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale, ce dont il se défend « avec la plus grande énergie », selon son avocat Me Philippe Soussi.

Originaire du Daguestan, une république russe voisine de la Tchétchénie, Souleïman Kerimov a fait fortune au moment des privatisations lors de la chute de l’URSS. Dans le passé, il a notamment détenu des parts dans le numéro un mondial des engrais agricoles Uralkali et contrôlé le club de football daguestanais d’Anzhi Makhachkala, qu’il avait hissé un temps au sommet en achetant au prix fort des joueurs de premier plan comme le Camerounais Samuel Eto’o ou le Brésilien Roberto Carlos.

Mais après avoir subi d’importantes pertes financières, il a cédé la plupart de ses actifs et détient désormais surtout, avec sa famille, le producteur d’or Polyus.

Il a également été député du parti ultranationaliste LDPR avant de représenter le Daguestan au Conseil de Fédération, la chambre haute du Parlement russe.

Le Quotidien/ AFP