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Dealer et prostituée tués : des confidences compromettantes


Jeudi, la 13e chambre criminelle s'est de nouveau penchée sur les homicides de Leudelange et du Fräiheetsbam. Au menu les confidences que Lee K. avait livrées à deux connaissances avant même son arrestation. (Photo : Fabienne Armborst)

La mort de la prostituée retrouvée sur le parking du Fräiheetsbam aurait-elle pu être évitée? C’est la question qui se pose après l’audition des deux témoins, jeudi au 11ejour du procès. L’un avait vu l’arme et le silencieux de Lee K., l’autre avait reçu une photo avec l’arme et le pantalon ensanglanté de celui-ci… après la découverte du corps sans vie du dealer nigérian à Leudelange le 10 novembre 2016.

Il m’a dit : « J’ai tué quelqu’un ». Mais je ne l’ai pas cru. Il m’a invité à monter dans sa voiture. C’est là qu’il m’a montré l’arme avec le silencieux. Et puis il m’a dit : « Il y en a un qui conduisait et l’autre qui a tiré… » Nous sommes le vendredi 11 novembre 2016, lorsque Lee K. donne rendez-vous, en soirée, à ce chauffeur de taxi devant un magasin de meubles à Strassen. Une «rencontre bouleversante» que ce dernier n’est pas près d’oublier. «Mon sang n’a fait qu’un tour.» Il aurait aussi vu une tâche de sang brunâtre sur le siège, mais… il n’aurait pas cru ce que Lee K. lui racontait.

«Je pensais qu’il voulait m’intimider pour que j’aille lui chercher quelque chose», relate le témoin qui ne cache pas l’avoir approvisionné de temps à autre en drogue. «Et dans l’habitacle, il y avait aussi son gros chien…» Bref, il en aurait parlé à sa copine en rentrant. Mais c’est tout.

La découverte du cadavre dans la forêt entre Leudelange et le Schléiwenhaff avait alors déjà fait le tour des médias. Ce qui incitera la présidente à constater : «Vous auriez sans doute mieux fait d’appeler le 113. Avec les infos que vous aviez, peut-être que la prostituée serait encore en vie aujourd’hui.»

Il y a trois ans, devant le juge d’instruction, les déclarations du témoin avaient été plus précises. À l’époque, il avait aussi déclaré que Lee K. lui avait confié ceci : «Il y en avait un qui conduisait et moi j’ai tiré.»

«Il est possible d’oublier certaines choses, mais quand c’est quelque chose de grave, en général on s’en souvient», a donné à considérer le procureur d’État adjoint.

Ce n’est pas la seule connaissance à laquelle Lee K. avait fait ce genre de confidences après la découverte du corps sans vie du dealer nigérian à Leudelange. Un autre ami, lui, avait reçu une photo montrant l’arme et le silencieux ainsi que le pantalon ensanglanté. Lui, non plus, n’aura pas échappé à la question pourquoi il avait gardé le silence à l’époque.

– «Sur la photo cela ressemblait plus à de la laque. Je pensais à une mise en scène.»

– «Mais vous aviez entendu dans la presse ce qui s’était passé.»

– «Nous étions amis. Peut-être que je ne voulais pas m’imaginer cela. Je ne peux me l’expliquer. Aujourd’hui, je regrette.»

Lee K. et Alden S., un duo «avide d’argent»

La dernière fois que ce témoin dit avoir rencontré Lee K., c’était le matin du lundi 14 novembre 2016, soit le jour de la découverte du cadavre de la prostituée. Avant même qu’il n’en entende parler à la radio, Lee K. lui aurait confié avoir tué la jeune femme. Il lui aurait tiré une balle dans la tête pendant qu’il conduisait. Il l’avait ensuite déposée sur le parking du Fräiheetsbam entre Strassen et Bridel. En précisant : «Déi domm Klont hat nëmmen 7 Euro op sech» (Cette grue stupide n’avait que sept euros sur elle.)

Le témoin n’aura toutefois pas livré tous les détails jeudi après-midi. La chambre criminelle a dû lui tirer les vers du nez… pour qu’il confirme que Lee K. lui avait aussi confié avoir tué un «nègre». Un acte qui lui aurait rapporté 2 000 euros. «Ce sont des détails qui nous intéressent à l’audience», a tenté de le relancer le procureur d’État adjoint. Il a fallu qu’il insiste encore pour en savoir plus sur les liens qu’entretenaient les prévenus Lee K. (36 ans) et Alden S. (24 ans) à l’époque : «N’aviez-vous pas dit que ce sont des Geldschlaangen (NDLR : des hommes avides d’argent plus vénéneux que des serpents)? S’ils faisaient quelque chose ensemble, ce n’était pas par amitié, mais pour le business.»

Le procès se poursuivra le mardi 5 novembre, en matinée. Cela sera alors l’heure pour le duo de se défendre.

Fabienne Armborst

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