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Beau-père poursuivi pour viols : le parquet demande l’acquittement


Le prévenu s'est présenté sans avocat au tribunal. (photo Fabienne Armborst)

Poursuivi à Luxembourg pour avoir à plusieurs reprises abusé de sa belle-fille de 12 ans en 2014, le trentenaire était convoqué mercredi après-midi à la barre. Le parquet a finalement requis son acquittement… pour cause de doute.

La charge de la preuve incombe au parquet. Sans l’ombre d’un doute, il doit pouvoir prouver que le prévenu s’est rendu coupable de plusieurs viols.» Il n’arrive pas souvent que le parquet requière un acquittement devant une chambre criminelle. Mais après plus de deux heures de débats mercredi après-midi, c’est ce qui est arrivé. «En raison du doute qui règne dans cette affaire», a appuyé la parquetière à la fin de son réquisitoire.

Sur le banc des prévenus : un homme de 31 ans. Il est poursuivi pour avoir plusieurs fois violé sa belle-fille. Les faits reprochés remontent à l’année 2014 au domicile familial à Dudelange. Mais c’est plus ou moins la seule indication précise que la 9e chambre criminelle réussira à tirer de la plaignante. Face aux juges, la jeune fille, âgée entretemps de 18 ans, a du mal à se souvenir. «Il m’a touchée, il a fait des choses. C’était sur le canapé. Tout a débuté avec les doigts…», dira-t-elle. Pour la suite, ses déclarations restent assez floues. «Je ne sais pas. Je ne me rappelle plus.» Voilà sa réponse à la plupart des questions.

Près de six ans se sont écoulés. Ce qui peut expliquer que certains détails lui échappent aujourd’hui. Surtout qu’elle dit avoir «essayé d’oublier et de tourner la page». Mais la première audition à la police avait eu lieu en juillet 2015, soit quelques mois après lesdits faits. Et là non plus, il n’y a pas eu beaucoup de déclarations spontanées sur ce qui lui est arrivé. «La transcription de l’audition vidéo est laborieuse», indiquera la présidente à l’enquêtrice qui a procédé à l’audition.

L’adolescente de 12 ans ne s’était jamais directement confiée à sa mère au sujet des abus dont elle accuse son beau-père. C’est le foyer dans lequel elle était hébergée début 2015 qui avait fait le signalement. La police judiciaire avait été saisie de l’enquête.

Cheveux rasés, factures faramineuses et disputes

Depuis le début, le beau-père conteste en bloc. «Je n’arrive pas à comprendre toute cette histoire…», a-t-il répété mercredi à la barre de la chambre criminelle. Sans avocat, le trentenaire s’est défendu. Selon lui, la relation avec sa belle-fille était bonne jusqu’au jour où il a commencé à s’immiscer dans son éducation. C’est le SPOS de l’école qui avait proposé qu’il aide la mère.

Le prévenu reviendra sur nombre de disputes qui ont éclaté à la maison. Que ce soit à cause de factures de portable faramineuses ou parce que l’adolescente s’était rasé les cheveux… La relation mère/fille aussi était devenue très compliquée. Du dossier répressif, il ressort d’ailleurs que fin 2014 l’adolescente avait fugué et s’était rendue au Refuge «Péitrusshaus» en évoquant des violences de la part de sa mère.

Un expert avait été chargé afin de se prononcer sur la crédibilité de l’adolescente. Cette dernière ayant refusé de lui parler des faits, il a dû se baser sur le dossier répressif. Dans son rapport, il se pose la question du motif : une vengeance, le désir peut-être de l’adolescente d’être placée dans un foyer? En raison du manque de détails, il n’a pas pu démontrer la crédibilité de la plaignante.

«Je ne veux pas dire que ses déclarations ne correspondent pas à la vérité», tiendra à soulever la parquetière, mais en raison de ses «déclarations tellement floues et non cohérentes», impossible de retenir les infractions.

La chambre criminelle suivra-t-elle le réquisitoire du parquet ? Rendez-vous le 11 juin pour le prononcé. Depuis septembre dernier, la jeune fille habite d’ailleurs de nouveau sous le même toit avec sa mère et son beau-père. «Si ça recommençait, je le dirais directement à ma mère», a-t-elle assuré à la barre.

Fabienne Armborst

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