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Alcool au volant : «Une bonne leçon» au tribunal


Boire ou conduire? Au Luxembourg, il est interdit de prendre le volant avec une alcoolémie supérieure à 0,5 g. (Photo : Hervé Montaigu)

Pour sortir de son service réduit, la justice a décidé d’évacuer des affaires à juge unique. Lundi matin, jeunes et moins jeunes défilaient donc pour conduite en état d’ivresse. Parmi eux, un étudiant et deux lycéens…

Depuis près de trois mois, cet étudiant en droit ne peut plus prendre le volant. Mais depuis quelques semaines, à cause du confinement, il n’a pas non plus pu remettre les pieds à la fac de Montpellier.

«C’est comme un cas pratique»

«Aujourd’hui, vous voyez comment cela tourne ici. C’est comme un cas pratique», lançait, lundi matin, le juge au jeune prévenu. Né en 1997, ce dernier comparaissait à la barre du tribunal correctionnel pour avoir conduit trop vite et en état d’ivresse à Esch. Résultat du test d’alcoolémie : 1,6 g d’alcool par litre de sang.

Il conduisait la voiture de son ami qui, lui, est donc convoqué pour l’avoir laissé prendre le volant en état d’ivresse après le repas. «Il y a eu un problème de communication entre nous. Je pensais que lui prendrait le volant, mais lui pensait le contraire…» Derrière leur masque, les deux hommes ne tentent pas de se cacher de ce qui s’est passé. Le duo n’en est pas fier. Et il n’aura pas lésiné sur les excuses et les regrets à la barre. Il aura même parlé d’une «bonne leçon». Mais ce que le jeune conducteur a oublié de mentionner, c’est sa petite affaire pour conduite après une «fumette» il y a un peu plus de deux ans en France, et qui figure bien sur son casier européen déballé par le parquetier. Et cela n’a pas plu au juge.

– «Pourquoi avez-vous oublié de me dire cela?, a-t-il embrayé.

– Je n’avais pas perdu de points et c’était en France. Le casier que j’ai demandé pour aller travailler est « néant ». Et depuis, je dois avoir des analyses capillaires négatives.

– Ces tests sont effectués au Luxembourg. Pensiez-vous que je ne serais pas au courant? La rétention d’informations, c’est comme un mensonge. On va voir ce que le tribunal prononcera comme peine…» En tout cas, le parquet a fini par requérir une amende et une interdiction de conduire de 16 mois contre le jeune conducteur et son ami, propriétaire de la voiture.

«Le permis de conduire, on ne l’obtient pas pour la vie»

Ce n’est pas le seul jeune conducteur en récidive. «Le permis de conduire, on ne l’obtient pas pour la vie, mais on le conserve tant qu’on est responsable de prendre le volant», ne manquera pas de le sermonner le parquetier. Né en 1999, le prévenu suivant en est à sa deuxième conduite en état d’ivresse en deux ans. Condamné début octobre 2019, cela ne l’a pas empêché de prendre le volant avec un taux de 1,6 g d’alcool. Il sortait d’un café, Grand-Rue à Esch, où il avait bu plus d’une pinte de bière après l’entraînement. «Je m’étais garé sur un emplacement de livraison, je ne pouvais donc pas y laisser ma voiture…» Mais il n’avait pas roulé bien loin. Quelque 500 mètres plus loin, la police l’avait arrêté.

Le parquet requerra une interdiction de conduire de 16 mois sans sursis, à cause de la récidive, et une amende contre le lycéen en classe de première. «Vos cours ne reprennent pas aujourd’hui?», le questionnera, d’ailleurs, le juge.

– « Si, j’y vais tout de suite.»

Un «Buergbrennen» bien arrosé : 2,3 g d’alcool

Moins pressé était le lycéen qui a défilé dans la foulée. À 20 ans, il fréquente une classe de treizième, mais faisant «partie du groupe B de sa classe», il ne reprend «les cours que lundi prochain». C’est sa première affaire au tribunal. Mais son taux conséquent de 2,3 g d’alcool – soit près de cinq fois la limite légale – saute aux yeux.

Il était vers 5 h du matin et il rentrait d’un «Buergbrennen» lorsqu’il avait perdu le contrôle de son véhicule. Sur un chemin à travers champs en direction du petit village de Gostingen, il avait mordu le bas-côté et percuté un pilier. Plus de peur que de mal. Par chance, il n’avait touché aucune des personnes arrêtées à proximité d’un accident.

«J’espère que cela vous a été une leçon pour toujours», notera le parquetier qui réclamera une amende et une interdiction de conduire de 23 mois. En raison de son jeune âge et du taux d’alcool élevé, la moitié de la peine devrait être sans sursis.

«Des pilules ne font pas augmenter le taux d’alcool»

L’alcool avait aussi son influence dans l’affaire suivante. L’automobiliste de 58 ans a percuté un véhicule boulevard J.-F. Kennedy à Esch… et arraché son rétroviseur. Avec ses 1,93 g d’alcool, il a même fini en cellule de dégrisement. Mais de véritable explication pour cela, il n’en a pas : «Je n’ai pas l’habitude de boire. J’ai bu deux « whisky coca » et un verre de vin.» «Cela ne donne pas un tel taux. Soit il y avait beaucoup de whisky et peu de coca ou c’étaient deux gros whiskys…», interviendra le juge.

L’histoire de la prise de médicaments ne le convaincra pas non plus : «Un mélange d’alcool et de pilules peut avoir une influence sur votre comportement, mais il ne fait pas augmenter le taux d’alcool dans le sang!» Le parquet ne croit pas au fait que le prévenu ne s’est pas rendu compte du choc. Il se serait donc bien rendu coupable d’un délit de fuite. Il demande une amende et une interdiction de conduire d’un total de 37 mois. Vu son absence d’antécédents, il ne s’oppose pas à un sursis partiel au moins.

Prononcés le 25 mai.

Fabienne Armborst

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