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Yémen : 16 morts dans l’attaque d’un hospice des sœurs de Mère Teresa


Des combattants des comités de résistance populaires pro-président Hadi patrouillent les rues d'Aden le 7 décembre 2015, au Yémen. (Photo : AFP)

Malgré la reconquête d’Aden, l’insécurité règne toujours dans la cité sudiste, où Al-Qaeda et l’EI agissent maintenant à visage découvert et multiplient les attentats en particulier contre les représentants de l’Etat et les forces de sécurité.

Des hommes armés ont semé la terreur vendredi dans un hospice tenu par des sœurs de Mère Teresa à Aden, dans le sud du Yémen en guerre, tuant au moins 16 personnes dont quatre religieuses étrangères. Cette attaque n’a pas été immédiatement revendiquée mais un responsable a accusé le groupe jihadiste Etat islamique (EI) d’en être responsable. Aden est devenue le théâtre de fréquentes attaques de l’EI, qui gagne du terrain dans la deuxième ville du Yémen, et d’Al-Qaeda, une organisation implantée depuis plusieurs années dans le sud de ce pays.

Ces groupes jihadistes rivaux profitent du chaos dans lequel le Yémen est plongé depuis le début, il y un an, d’un conflit entre le gouvernement reconnu par la communauté internationale et une rébellion chiite soutenue par l’Iran. Cette guerre a coûté la vie à plus de 6 000 personnes, dont une moitié de civils, selon l’ONU. Des responsables de la sécurité ont indiqué que la tuerie avait eu lieu dans un hospice du quartier de Cheikh Othman quand quatre hommes armés ont ouvert le feu, tuant un gardien avant de lier les mains d’employés et de les abattre.

Quatre religieuses étrangères qui travaillaient comme infirmières et onze autres employés ont été tués, selon ces sources. Il s’agit de deux Rwandaises, d’une Kenyane et d’une Indienne, d’après l’agence Fides, organe d’informations des œuvres pontificales missionnaires, qui a précisé que leur mère supérieure a réussi à se cacher et a eu la vie sauve.

Selon Fides, qui cite le vicaire apostolique de l’Arabie méridionale Monseigneur Paul Hinder, un prêtre indien hébergé dans l’établissement depuis le saccage et l’incendie de son église est porté disparu. «Nous n’avons jamais vu un crime d’un tel niveau de brutalité», a indiqué une source de sécurité citée par l’agence officielle sabanews.net. Selon elle, la tuerie a duré une heure et les assaillants ont exécuté les victimes séparément à différents endroits du bâtiment.

«Tous mes amis sont morts»

Des dizaines de membres des familles des victimes ont afflué sur les lieux après le drame, d’après des témoins qui ont dit avoir entendu les cris des résidents pendant l’attaque. Ils ont raconté avoir vu les corps ensanglantés des employés tués, jetés dans les couloirs et les mains attachées derrière le dos. «Tous mes amis sont morts, mais moi, grâce à Dieu, je suis sain et sauf parce que j’étais parti pour participer à la prière du vendredi. Quand je suis rentré, j’ai trouvé tous mes amis morts», a expliqué un résident.

Pour Mgr Hinder, cette attaque contre un foyer de la congrégation catholique des «Missionnaires de la Charité», fondée à Calcutta (Inde) par mère Teresa, lauréate du prix Nobel de la paix en 1979, est «liée à la religion». «Nous savions que la situation était difficile (à Aden) et que les soeurs couraient un risque mais elles avaient décidé de rester quoi qu’il arrive, parce que cela fait partie de leur spiritualité», a-t-il ajouté, cité par l’agence spécialisée AsiaNews.

Les membres du Conseil de coopération du Golfe ont «fermement» condamné dans un communiqué cette «attaque terroriste», qui «révèle les objectifs des forces qui ne souhaitent pas le retour de la sécurité et de la stabilité au Yémen». Cinq des six membres du CCG font partie de la coalition arabo-sunnite emmenée par Ryad qui soutient depuis un an les forces gouvernementales face aux rebelles chiites. Grâce leur appui militaire, les forces loyalistes ont pu reprendre Aden aux rebelles en juillet. Depuis, la grande ville portuaire a été déclarée «capitale provisoire» du Yémen par le gouvernement mais les rebelles contrôlent toujours la capitale Sanaa et une bonne partie du nord du Yémen.

Malgré la reconquête d’Aden, l’insécurité règne toujours dans la cité sudiste, où Al-Qaeda et l’EI agissent maintenant à visage découvert et multiplient les attentats en particulier contre les représentants de l’Etat et les forces de sécurité. Selon un responsable de sécurité, des hommes armés ont abattu jeudi soir le leader d’une milice progouvernementale formée en 2011 pour combattre Al-Qaeda, ainsi que son frère. Al-Qaeda tente depuis des mois de prendre le contrôle total de la route côtière reliant Aden à Moukalla (sud-est).

Le Quotidien/AFP

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