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Une Reine qui a charmé le monde


Le 6 février 1952, alors qu'elle effectuait un voyage au Kenya, Elizabeth apprend la mort de son père. Elle devient Elizabeth II à l’âge de 26 ans. 

La Reine Elizabeth II, monarque la plus célèbre de la planète, est décédée jeudi à 96 ans dans son château écossais de Balmoral, sa famille à ses côtés. Retour sur 70 ans de règne.

Elle fut l’une des femmes les plus célèbres du monde tout en restant une énigme : la Reine Elizabeth II a affiché un stoïcisme constant lors des 70 années d’un règne marqué par un inébranlable sens du devoir. Doyenne des têtes couronnées d’Europe, la souveraine s’est éteinte hier à 96 ans, auréolée d’une immense popularité.

Au cours de sept décennies de règne, elle a traversé la Seconde Guerre mondiale, vu la dissolution de l’Empire britannique et connu 15 Premiers ministres, tout en incarnant la stabilité de l’État.

La dernière photo d’Elizabeth II la montrait mardi en gilet gris et jupe tartan dans sa résidence écossaise de Balmoral. Elle y a reçu Boris Johnson venu présenter sa démission, puis Liz Truss qu’elle a nommée officiellement Première ministre. Elle est alors apparue souriante, mais très fragile, appuyée sur sa canne.

La reine Elizabeth II avait rencontré son quinzième Premier ministre il y a quelques jours à peine. Photo : AFP

Des anciennes colonies britanniques à la Russie ou la Chine, où elle fut le premier monarque britannique à avoir mis les pieds, Elizabeth II a parcouru un monde soumis aux soubresauts de l’Histoire, toujours vêtue de tenues colorées, chapeau assorti et sac à main au coude, un uniforme qui lui permettait d’être vue par tous malgré sa taille (1,63 m).

Elle était cheffe de 15 États à sa mort. Si elle a cessé de voyager à l’étranger à la fin de son règne, elle a inlassablement exercé ses fonctions protocolaires dans son royaume, y compris dans les jours suivant les obsèques de son époux Philip en avril 2021. Sans rechigner à la tâche, laissant très rarement percer ses émotions, et jamais ses opinions.

La fin de l’innocence

Née Elizabeth Alexandra Mary le 21 avril 1926 à Londres, la Princesse «Lilibet», boucles blondes et visage d’angelot, n’était pas destinée au trône. Mais fin 1936, son oncle Édouard VIII abdique, préférant épouser Wallis Simpson, une Américaine deux fois divorcée.

Le père d’Elizabeth, un homme timide et bègue, devient alors George VI. C’en est fini de l’innocence. La fillette emménage dans l’austère palais de Buckingham. Elle est instruite à domicile avec sa sœur Margaret et va ingurgiter un programme accéléré en histoire et en droit constitutionnel. Elle apprend aussi le français, une langue qu’elle parlera couramment.

Puis, vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle rejoint l’armée de réserve, à 19 ans, comme conductrice. Elle épouse à 21 ans le fringant officier Philip Mountbatten, fils du Prince André de Grèce, au cours d’une cérémonie qui fera rêver la Grande-Bretagne d’après-guerre encore marquée par les privations.

Le 6 février 1952, alors qu’elle effectue un voyage au Kenya, elle apprend la mort de son père. Sa vie de jeune mariée prend une tout autre tournure. Elle retourne immédiatement au Royaume-Uni puis est couronnée le 2 juin 1953, 40e monarque depuis Guillaume le Conquérant en 1066.

Devenue à l’âge de 25 ans souveraine du Royaume-Uni, du Canada, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, d’Afrique du Sud, du Pakistan et de Ceylan (l’actuel Sri Lanka), elle promet à ses sujets «d’être digne de leur confiance tout au long de (sa) vie».

Photo : AP Photo/Leslie Priest, File

Infatigable, Elizabeth II honorait à 90 ans passés des centaines d’engagements chaque année : inaugurations en tous genres, réceptions à Buckingham, remises de décorations ou de récompenses, montrant à chaque fois un intérêt poli. Mais depuis octobre 2021, elle avait fortement réduit ses activités après une très brève hospitalisation.

Avec ses quatre enfants, Charles, né en 1948, Anne, en 1950, Andrew, en 1960 et Edward né en 1964, elle se montre distante, en public au moins. Cette femme très croyante et économe malgré son immense fortune, incarne la stabilité au sein d’une famille régulièrement brocardée par la presse.

Elle a dû affronter de nombreuses crises familiales, comme en 1992, qu’elle a surnommée «annus horribilis», lorsque Charles, Anne et Andrew voient leurs couples respectifs exploser et que son château de Windsor est la proie des flammes. Mais son flegme est aussi à l’origine du grief qu’on lui fit, quand en 1997, à la mort de Diana, elle reste silencieuse dans son château de Balmoral alors que le pays entier pleure.

Des joies et des crises

Cette incompréhension entre le public et la Reine, pour qui Diana ne fait plus partie de la famille royale depuis son divorce, constitua l’une des crises les plus importantes pour la monarchie. La Reine a su faire quelques concessions, en prononçant finalement une allocution télévisée en mémoire de la Princesse de Galles et acceptant le remariage de son fils Charles avec Camilla, même si elle n’a pas assisté à la cérémonie.

En 2019, Andrew, souvent considéré comme son fils préféré, met la famille royale dans l’embarras en raison de son amitié passée avec le financier américain Jeffrey Epstein qui lui vaut des accusations particulièrement graves depuis que ce dernier, soupçonné d’avoir exploité sexuellement des mineures, s’est suicidé en prison. Andrew est contraint de se retirer de la vie publique et évite un procès aux États-Unis pour agressions sexuelles grâce à un accord à l’amiable.

Elizabeth II montre plus d’affection pour ses huit petits-enfants, notamment les fils de Charles et Diana, William et Harry. Mais en 2020, Harry prend des distances avec la famille royale, partant vivre en Californie et accusant «la Firme», surnom de la royauté, d’avoir manqué de soutien et fait preuve de racisme envers sa femme Meghan, métisse.

En 2021, la mort de Philip, son «roc» et époux depuis sept décennies, constitue une épreuve de plus pour la Reine, isolée dans son château de Windsor où elle vit de longs mois confinée, en pleine pandémie de coronavirus. En octobre de la même année, elle passe une nuit à l’hôpital et ses médecins lui conseillent de lever le pied.

Sur leur avis, la souveraine de 95 ans accepte enfin d’alléger son agenda. Elle reprend ses engagements début 2022 mais est testée positive au Covid-19 le 20 février. Début juin, les Britanniques avaient célébré pendant quatre jours les 70 ans de règne d’Elizabeth II.

Elle est restée quasi absente de ce jubilé de platine, ne se montrant qu’à deux brèves reprises au balcon du palais de Buckingham devant des dizaines de milliers de personnes. Elizabeth II est décédé en Écosse hier à l’âge 96 ans.

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