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Russie : un journaliste américain en otage dans les geôles russes


Selon l'article 276 du code pénal russe, le journaliste risque en théorie jusqu'à 20 ans de prison. (Photo AFP)

Sergueï Lavrov s’est plaint du «tapage médiatique» après l’arrestation d’un journaliste américain à Ekaterinbourg. L’homme accusé d’espionnage est en prison.

Moscou a dénoncé dimanche le «tapage médiatique» en Occident provoqué par l’arrestation jeudi d’un journaliste américain en Russie, réaffirmant ses accusations d’espionnage à son encontre et jurant qu’il serait jugé par un tribunal, alors que Washington a de nouveau réclamé sa libération.

Trois jours après le placement en détention d’Evan Gershkovich, un journaliste du Wall Street Journal, les chefs de la diplomatie russe et américaine, Sergueï Lavrov et Antony Blinken, ont échangé à son sujet «à l’initiative» de Washington, selon Moscou. «Il est inacceptable que des responsables de Washington et des médias occidentaux créent un tapage avec la claire intention de donner à cette affaire une dimension politique», a dénoncé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

L’arrestation d’Evan Gershkovich intervient dans un contexte de répression accrue en Russie contre la presse depuis l’offensive contre l’Ukraine, qui a fortement tendu les rapports entre Moscou et Washington. Son cas est sans précédent dans l’histoire récente du pays et a provoqué un vif émoi en Occident.

L’affaire classée «secrète»

Lors de ce rare appel hier, Sergueï Lavrov a répété à son homologue américain, Antony Blinken, les accusations d’espionnage proférées depuis jeudi par les autorités russes. «M. Gershkovich a été pris en flagrant délit alors qu’il tentait d’obtenir des informations secrètes», a indiqué le ministre russe à Antony Blinken, appelant au «respect des décisions des autorités russes». Faisant fi des critiques, il a ainsi rappelé la procédure : «À la lumière des faits établis (…), son sort ultérieur sera déterminé par un tribunal», sans donner plus de détails. Antony Blinken a, de son côté, réclamé la libération «immédiate» du journaliste américain, dénonçant une «détention inacceptable», selon un porte-parole. Vendredi, le président américain, Joe Biden, avait demandé à Moscou de «laisser partir» Evan Gershkovich.

Ce dernier, un reporter russophone âgé de 31 ans et reconnu pour sa rigueur, a nié jeudi les accusations portées contre lui lors d’une audience devant un tribunal de Moscou, selon l’agence de presse russe TASS. Le journaliste américain a néanmoins été placé en détention provisoire dans une prison moscovite, et ce jusqu’au 29 mai, une mesure qui peut être prolongée dans l’attente d’un éventuel procès. Selon TASS, l’affaire a été classée «secrète», ce qui restreint la publication d’informations à son sujet.

Le symbole «du mépris systématique» du Kremlin

Seul détail disponible à ce stade : les services de sécurité russes du FSB ont annoncé avoir «déjoué une activité illégale» en arrêtant Evan Gershkovich à Ekaterinbourg (Oural), à une date non précisée. Les services de sécurité russes disent le soupçonner d’«espionnage au profit des États-Unis», l’accusant notamment d’avoir collecté des informations «sur une entreprise du complexe militaro-industriel» russe.

Selon l’article 276 du code pénal russe, le journaliste risque en théorie jusqu’à 20 ans de prison. Depuis jeudi, responsables politiques occidentaux et ONG de défense des droits humains et de la presse ont vivement dénoncé l’arrestation du journaliste américain par les autorités russes, «une purge» symbole «du mépris systématique» du Kremlin «pour la liberté des médias» à leurs yeux. Sur son site, le Wall Street Journal a appelé à libérer son journaliste et «démenti avec force» les accusations d’espionnage.

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