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Réunion ministérielle de l’UE sur la crise migratoire


Une femme et trois enfants marchent sur des rails reliant la Grèce à l'Europe de l'ouest, à la frontière gréco-macédonienne près du village grec d'Idomeni, le 9 mars 2016. (Photo : AFP)

Les ministres de l’Intérieur des pays de l’UE se réunissent jeudi à Bruxelles pour discuter une nouvelle fois de la crise migratoire, et notamment des mesures controversées en négociation avec la Turquie, alors que la route des Balkans s’est fermée.

Selon des diplomates, les nouvelles propositions faites par la Turquie, sous l’impulsion de Berlin, doivent encore être travaillées avec Ankara par le président du Conseil européen Donald Tusk, avant de pouvoir être pleinement discutées par les Etats membres de l’UE. Mais les ministres de l’Intérieur européens ne manqueront pas d’évoquer entre eux jeudi le nouveau plan en discussion depuis le sommet des chefs d’Etats et de gouvernement organisé lundi à Bruxelles.

Le volet le plus spectaculaire de l’ébauche d’accord UE-Turquie, contesté par les ONG et qui ne fait pas l’unanimité parmi les 28, verrait Ankara accepter la réadmission sur son territoire de tous les migrants arrivés clandestinement en Grèce, y compris les Syriens qui fuient la guerre dans leur pays. En échange, les Européens s’engageraient, pour chaque Syrien renvoyé, à transférer un réfugié syrien depuis la Turquie vers le territoire de l’UE.

Ankara a aussi exigé à Bruxelles le doublement de 3 à 6 milliards d’euros de l’aide promise par l’UE pour l’accueil des 2,7 millions de Syriens déjà sur son sol. La Turquie a également sollicité la levée «d’ici juin» des visas imposés par les pays de l’espace Schengen à ses citoyens. Elle réclame aussi l’accélération des négociations en vue de son adhésion au bloc européen. Les dirigeants européens doivent étudier et finaliser le plan d’action avec la Turquie, censé «changer la donne», d’ici un prochain sommet prévu les 17 et 18 mars à Bruxelles.

La route des Balkans «n’existe plus»

La route des Balkans s’est fermée mercredi après la décision de la Slovénie de ne plus laisser passer de réfugiés par son territoire, une mesure destinée à décourager de nouveaux migrants de partir pour l’Europe mais qui accentue le risque de crise humanitaire en Grèce.

«La route (des Balkans) pour l’immigration clandestine n’existe plus», s’est félicité le Premier ministre slovène Miro Cerar, dont la décision a été suivie par la Croatie et la Serbie. Depuis lundi, la Macédoine n’a plus laissé entrer aucun migrant depuis la Grèce. Donald Tusk s’est félicité de ce développement. «Le flux irrégulier de migrants sur la route des Balkans occidentaux a pris fin. Il ne s’agit pas d’actions unilatérales mais d’une décision commune des 28», a-t-il écrit sur Twitter.

Sauf exceptions «humanitaires», seuls sont désormais autorisés à entrer dans les pays concernés les migrants désirant y demander l’asile, une infime minorité parmi les quelque 850 000 personnes qui ont débarqué sur les îles grecques l’an passé, depuis les côtes turques, pour rejoindre le nord de l’Europe, principalement l’Allemagne.

Depuis l’été, un corridor laissant passer les candidats à l’asile le long de cet itinéraire s’était de fait mis en place. Mais après des restrictions en série imposées ces dernières semaines aux frontières, de la Macédoine à l’Autriche, le nombre de migrants admis s’était déjà réduit à peau de chagrin. «On retire aux gens l’incitation à se rendre en Europe. C’est la fin du laisser-passer, qui a attiré un nombre toujours plus important de migrants», a déclaré le chef de la diplomatie autrichienne, Sebastian Kurz, après la décision slovène.

Conséquence immédiate: quelque 1 500 à 2 000 migrants étaient bloqués mercredi en Serbie d’où ils ne pouvaient poursuivre leur route, selon la mission du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR).

40 000 migrants coincés en Grèce

La Hongrie a annoncé des renforts en hommes à ses frontières, déjà équipées de barbelés côtés serbe et croate. L’état de «crise migratoire», en vigueur depuis plusieurs mois dans les régions frontalières par lesquelles avaient transité durant l’été des milliers de migrants, a été élargi au niveau national par le gouvernement de Viktor Orban. La Grèce tente de convaincre les quelque 40 000 migrants coincés dans le pays de gagner les centres d’accueil installés dans l’urgence, pour éviter que la situation ne dérape à sa frontière nord avec la Macédoine.

A cette frontière, environ 14 000 personnes, Syriens et Irakiens en majorité, dont de nombreux enfants, tentaient d’imaginer leur avenir, les pieds dans la boue d’un camp engorgé. Mercredi à Strasbourg, les eurodéputés de tout bord ont tiré à boulets rouges sur le projet d’accord UE-Turquie, accusant les dirigeants européens d’avoir «cédé au chantage» d’Ankara. Le Haut commissaire aux réfugiés de l’ONU, Filippo Grandi, s’est dit «profondément préoccupé par tout arrangement qui impliquerait le retour indiscriminé de gens d’un pays à un autre».

Le Quotidien/AFP

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