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Réfugiés : mobilisation sans précédent à Bruxelles


Des tentes pour les migrants installées à Bruxelles, le 9 septembre. (photo AFP)

Un jeune Irakien, main bandée, attend d’être pris en charge par une ONG. Deux bénévoles déchargent des couches pour bébé d’une voiture. Derrière une cantine de campagne, 300 tentes de toutes tailles ont été dressées… Bienvenue au camp pour réfugiés de Bruxelles, fruit d’une mobilisation citoyenne sans précédent.

« Si la Belgique décide de nous renvoyer en Irak, ma femme et moi, on a décidé de se suicider », affirme un des occupants de ce camp qui a poussé comme une petite cité-champignon au début du mois dans le parc Maximilien, proche de la gare du Nord.

Ingénieur à Bagdad, marié à une psychologue, le trentenaire, qui préfère ne pas dévoiler son nom, reste inquiet, quelques jours après son arrivée à Bruxelles. Se revendiquant « athée », il espère que la Belgique lui accordera le statut de réfugié.

Comme des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants depuis une dizaine de jours, il a trouvé un refuge inattendu dans ce campement improvisé, où règne une atmosphère étonnamment détendue. Tous, qu’ils soient venus d’Irak, de Syrie, de Somalie, d’Erythrée ou d’Afghanistan, doivent attendre en moyenne trois à cinq jours pour soumettre leur dossier auprès de l' »Office des Etrangers ».

Le camp a vu le jour en face de l’Office au moment où le nombre de réfugiés a dépassé la capacité d’absorption de cette organisme administratif qui ne peut traiter que 250 inscriptions par jour. Sans savoir où aller, totalement démunis, les réfugiés n’ont d’abord pas eu d’autre choix que de s’installer dans ce petit parc entouré d’immeubles de bureaux et de logements sociaux, lieu de rendez-vous habituel de SDF et de junkies, situé non loin du siège des institutions européennes et du Parlement belge.

De fait, les autorités belges n’avaient pas anticipé cet afflux massif. Dans les premiers jours, des particuliers sont venus leur apporter quelques tentes, des vêtements ou de la nourriture. Puis ces bénévoles ont créé une « plateforme citoyenne » qui compte à présent plus de 18 000 membres sur Facebook.

En quelques jours, ses membres, souvent jeunes, ont mis en place un petit village avec l’aide d’ONG. Trier les dons arrivés en quantité, les distribuer, organiser un poste médical et une cuisine, orienter les bénévoles qui se succèdent et informer les réfugiés des démarches à suivre: tout a été organisé sur le tas. Mais le système reste fragile, reconnaît un volontaire.

Tentes trop « douillettes » ?

Des familles belges continuent à apporter jouets ou vivres, proposent parfois de donner un coup de main. « J’ai même vu un monsieur en costume-cravate vider des poubelles », se réjouit Zained, une Belge d’origine irakienne qui officie comme interprète dans le camp.

Certains bénévoles, toutefois, se disent choqués. « Je suis fier de voir à quelle vitesse cette solidarité s’est organisée, mais aussi scandalisé. Un camp de réfugiés, c’est pour les pays qui n’ont pas les moyens de faire autrement. C’est quand même la dernière chose qu’on devrait voir dans la capitale de l’Europe », s’insurge l’un d’eux, Jean Pletinckx.

Face à la pression médiatique et des associations, le secrétaire d’Etat à l’Asile et à l’Immigration, le nationaliste flamand Théo Francken, a fini par faire installer 500 lits de camps pour les nouveaux arrivants dans un immeuble de bureau voisin de l’Office des Étrangers. Mais ce centre d’urgence n’est ouvert que la nuit et ne dispose pas de douches. Il est aussi interdit d’y manger. « C’est totalement inadéquat et indigne! », proteste Jean Pletinckx.

Depuis son ouverture lundi soir, le centre d’urgence n’accueille qu’une vingtaine de personnes par nuit. Théo Francken a raillé ces réfugiés qui « préfèrent leurs tentes douillettes » et exigé des « excuses », provoquant une levée de bouclier dans l’opposition et chez les humanitaires. Loin de la polémique, une Syrienne de 52 ans, partie de Lattaquié il y a un mois et arrivée mercredi à Bruxelles, reprend des forces sur un banc du parc Maximilien. « Ici, on sent qu’il y a de l’humanité », confie-t-elle.

Séparée en Grèce de ses fils de 18 et 21 ans, que le régime syrien voulait incorporer de force dans l’armée, elle trouve « fantastique » l’accueil reçu en Belgique, et espère y retrouver bientôt ses deux garçons.

 

AFP / S.A.

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