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Référendum turc : Ankara rejette l’appel de l’UE à une enquête


Des manifestants dénoncent les résultats du référendum turc, le 18 avril 2017 à Istanbul. (Photo : AFP)

Le principal parti d’opposition en Turquie a officiellement demandé mardi l’annulation du référendum sur les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan, dont le gouvernement a rejeté un appel de Bruxelles à enquêter sur des «irrégularités présumées».

Les soupçons de fraude émis par l’opposition sont nés d’une décision de dernière minute par le Haut-Conseil électoral (YSK) de considérer comme valides les bulletins non marqués du sceau officiel des autorités électorales. Le principal parti d’opposition, le CHP, et la formation prokurde, le HDP, affirment que cette décision de l’YSK pourrait avoir favorisé la victoire du camp du « oui » qui a remporté le scrutin d’une courte tête avec 51,4% des voix, selon un comptage provisoire des médias.

Le vice-président du CHP, Bülent Tezcan a ainsi déposé mardi un recours auprès de l’YSK à Ankara pour demander officiellement l’annulation du référendum. «La volonté nationale a été volée», a déclaré M. Tezcan, dénonçant après le dépôt du recours des «résultats illégitimes». Déplorant le fait qu’il n’y ait aucun moyen de comptabiliser le nombre des bulletins concernés par cette mesure de l’YSK, il a affirmé : «Il n’y a qu’une chose à faire (…), annuler ce vote.»

Quelques dizaines de personnes s’étaient rassemblées devant le siège de l’YSK pour faire signer une pétition réclamant l’annulation du scrutin.

«Affaire terminée»

Si le président américain Donald Trump a téléphoné à M. Erdogan pour le féliciter sans exprimer de réserves, l’Union européenne a appelé mardi Ankara à une «enquête transparente sur les irrégularités présumées commises pendant le référendum. «Nous appelons (…) les autorités à ouvrir une enquête transparente sur les irrégularités présumées qui ont été constatées par les observateurs» internationaux, a déclaré mardi le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, exhortant à la «retenue».

La Turquie a aussitôt rejeté cet appel : «Une telle déclaration spéculative de la part d’un porte-parole ne peut être acceptée», a déclaré le ministre turc des Affaires européennes, Omer Celik, pour qui l’UE se doit de respecter «les processus démocratiques». M. Erdogan a en outre répété lundi qu’il promulguerait le rétablissement de la peine de mort si le Parlement votait en ce sens, se disant prêt à convoquer une autre consultation populaire sur la question. Une telle mesure sonnerait le glas du processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, dans les limbes depuis plusieurs années.

Une mission commune d’observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et du Conseil de l’Europe a estimé lundi que le scrutin n’avait pas été «à la hauteur des critères» européens et souligné que la campagne s’était déroulée dans des conditions inéquitables favorisant le camp du oui. Les conclusions des observateurs avaient provoqué la colère du président turc qui les a sommés de «rester à (leur) place». «Nous ne voyons et nous ne tenons pas compte de tout rapport que vous pourriez préparer», a lancé M. Erdogan. «La volonté de la nation s’est (exprimée) librement dans les urnes, cette affaire est terminée», a affirmé mardi le Premier ministre turc, Binali Yildirim.

Élections anticipées ?

M. Yildirim a en outre fait savoir que M. Erdogan serait invité, après l’annonce des résultats définitifs fin avril, à réintégrer le parti au pouvoir (AKP) -le président de la république ne pouvait jusqu’alors pas être membre d’un parti-, appliquant ainsi le premier point d’une révision constitutionnelle dont la plupart des volets entreront en vigueur en 2019. Avec sa victoire, M. Erdogan, qui a échappé à une tentative de putsch le 15 juillet, pourrait en théorie rester à la tête de l’Etat jusqu’en 2029. Il a occupé le poste de chef du gouvernement entre 2003 et 2014, avant d’être élu président.

Cette révision de la Constitution prévoit notamment le transfert du pouvoir exécutif au président, qui pourra gouverner par décrets, et la suppression de la fonction de Premier ministre. Le quotidien Hürriyet a rapporté mardi qu’un remaniement ministériel d’envergure était en préparation et que des élections anticipées, dès le printemps 2018, n’étaient pas exclues. Le gouvernement turc a par ailleurs décidé lundi soir de prolonger de trois mois supplémentaires l’état d’urgence en vigueur depuis le putsch avorté de juillet.

Le Quotidien/AFP

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