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Raid américain sur un hôpital MSF : 22 morts à cause d’une bavure


L'hôpital a été pulvérisé dans le bombardement. (photo AFP)

22 personnes sont mortes lors du bombardement d’un hôpital de Médecins sans Frontières (MSF) dans la ville afghane de Kunduz, qui pourrait être dû à un raid américain. Une bavure « inexcusable » et « potentiellement criminelle », fulmine l’ONU.

Cette frappe aérienne pourrait relever du « crime de guerre » si elle était jugée « délibérée par la justice », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme Zeid Ra’ad Al Hussein, qui a appelé à une enquête approfondie et transparente. Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a d’ailleurs indiqué qu’une « enquête exhaustive » était en cours sur cet incident traité comme une « bavure ».

Pour preuve, à Kaboul, le palais présidentiel a assuré que le général américain John Campbell, chef de la mission de l’Otan en Afghanistan, avait « présenté ses excuses » au président Ashraf Ghani dans une conversation téléphonique.

Mais la Coalition internationale, qui dispose toujours de 13 000 hommes dont 10 000 Américains dans ce pays, n’a pas officiellement reconnu que le bombardement de l’hôpital de MSF était bien lié à un raid américain et se limite à parler de « possibles dommages collatéraux » d’une opération aérienne.

Récit accablant de MSF

Selon un nouveau bilan communiqué par l’ONG, cette frappe a coûté la vie à 22 personnes, des employés et des patients, parmi lesquels trois enfants. Au moins 37 personnes ont été blessées.

La fureur des Nations unies est alimentée par le récit de la nuit dernière fait par MSF. L’ONG affirme que des bombardements se sont poursuivis « pendant plus d’une demi-heure » après qu’elle a averti les armées afghane et américaine que son établissement de Kunduz avait été touché par de premiers tirs.

MSF assure avoir transmis préventivement les coordonnées GPS de son hôpital à « toutes les parties » du conflit, et « notamment à Kaboul et Washington ».

Or, l’Otan n’évoque qu’une « frappe aérienne » américaine, sans préciser combien de bombes ont été larguées.

Au moment du bombardement, 105 patients et 80 membres du personnel, des Afghans et des étrangers, étaient présents dans l’hôpital de cette grande ville du nord qui a été le théâtre d’âpres combats entre les talibans et les forces de sécurité afghanes cette semaine.

L’opération visait sans doute « des terroristes armés qui ont attaqué l’hôpital de MSF et l’ont utilisé en tant que base pour attaquer les forces afghanes et les civils », a précisé le ministère afghan de la Défense.

« État de choc »

Quiamudine, un commerçant de Kunduz, a raconté combien l’odeur de la chair brûlée emplissait les locaux. Il s’est rendu sur place pour obtenir des nouvelles de son voisin qui y travaillait. « J’étais en état de choc, j’avais les larmes aux yeux quand je suis arrivé. J’ai dû implorer les talibans retranchés dans certains quartiers de me laisser passer » pour rejoindre l’hôpital où il a appris que son voisin avait été tué.

La tragédie, réduite à l’expression de « dommage collatéral » outre Atlantique, a provoqué l’indignation de la présidente de MSF qui exige « la plus grande transparence » de la Coalition internationale.

AFP/A.P

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